S. m. (Musique) est, selon le vieux Bacchius, le nom du plus petit intervalle de l'ancienne musique. Zarlin dit que Philolaus Pythagoricien, donna le nom de au limma ; mais il ajoute peu après, que le dièse de Pythagore est la différence du limma et de l'apotome. Pour Aristoxene, il divisait sans beaucoup de façon, le ton en deux parties égales, ou en trois, ou en quatre. De cette dernière division résultait le dièse enharmonique mineur, ou quart de ton ; de la seconde, le dièse mineur chromatique, ou le tiers d'un ton ; et de la troisième, le dièse majeur qui faisait juste le semi-ton.

Diésis ou dièse est, chez les modernes, non-seulement un intervalle de musique, mais un signe de cet intervalle, qui marque qu'il faut élever le son de la note devant laquelle il se trouve, au-dessus de celui qu'elle devrait avoir naturellement, sans cependant la faire changer de degré, ni de nom. Or comme cette élévation se peut faire du moins de trois manières dans les systèmes reçus, il y a trois sortes de dièses ; savoir, 1. le dièse enharmonique mineur, ou simple dièse qui se figure par une croix de S. André, ainsi Selon tous nos Musiciens, qui suivent la pratique d'Aristoxene, il élève la note d'un quart de ton : mais il n'est proprement que l'excès du semi-ton majeur sur le semi-ton mineur : ainsi du mi naturel au fa bémol, il y a un dièse enharmonique, dont le rapport est de 125 à 128.

2. Le dièse chromatique, double dièse, ou dièse ordinaire, marqué par une double croix , élève la note d'un semi-ton mineur : cet intervalle est égal à celui du bémol, c'est-à-dire, la différence du semi-ton majeur au ton mineur ; ainsi pour monter d'un ton depuis le mi naturel, il faut passer au fa dièse. Ce rapport de dièse est de 24 à 25. Voyez sur cet article une remarque importante au mot SEMI-TON.

3. Le dièse enharmonique majeur, ou double dièse, marqué par une croix triplée , élève selon les Aristoxéniens, la note d'environ trois quarts de ton. Zarlin dit qu'il l'élève d'un semi-ton mineur : ce qui ne saurait s'entendre de notre semi-ton, puisqu'alors ce dièse ne différerait en rien de notre dièse chromatique.

De ces trois dièses, dont les intervalles étaient tous pratiqués dans la musique ancienne, il n'y a plus que le chromatique qui soit en usage dans la nôtre, l'intonation des dièses enharmoniques étant pour nous d'une difficulté presque insurmontable.

Le dièse, de même que le bémol, se place toujours à gauche devant la note qui le doit porter, et devant ou après un chiffre, il signifie la même chose que devant une note. Voyez CHIFFRER. Les dièses qu'on mêle parmi les chiffres de la basse-continue, ne sont souvent que de simples croix, comme le dièse enharmonique : mais cela ne saurait causer d'équivoque, puisque ce dernier n'est plus en usage.

Il y a deux manières d'employer le dièse ; l'une accidentelle, quand dans le cours du chant, on le place à la gauche d'une note : cette note se trouve le plus communément la quatrième du ton dans les modes majeurs ; dans les modes mineurs, il faut ordinairement deux dièses accidentels, savoir un sur la sixième note, et un sur la septième. Le dièse accidentel n'altère que la note qui le suit immédiatement, ou tout au plus celles qui, dans la même mesure, se trouvent sur le même degré sans aucun signe contraire.

L'autre manière est d'employer le dièse à la clé : alors il agit dans toute la suite de l'air, et sur toutes les notes qui sont placées sur le même degré que lui, à moins qu'il ne soit contrarié par quelque dièse ou béquarre accidentel, ou que la clé ne change.

La position des dièses à la clé n'est pas arbitraire, non plus que celle des bémols ; autrement les deux semi-tons de l'octave seraient sujets à se trouver entr'eux hors de la distance prescrite. Il faut appliquer aux dièses un raisonnement semblable à celui que nous avons fait au mot bémol, et l'on trouvera que le seul ordre qui peut leur convenir à la clé, est celui des notes suivantes, en commençant par fa et montant de quinte, ou descendant de quarte jusqu'au la auquel on s'arrête ordinairement ; parce que le dièse du mi qui le suivrait, ne diffère point du fa dans la pratique.

Ordre des dièses à la clé.

FA, UT, SOL, Ré, LA.

Il faut remarquer qu'on ne saurait employer un dièse à la clé, sans employer aussi ceux qui le précèdent ; ainsi le dièse de l'ut ne se pose qu'avec celui du fa, celui du sol qu'avec les deux précédents, &c.

Nous avons donné au mot CLE une formule pour trouver tout d'un coup si un ton ou mode donné doit porter des dièses à la clé, et combien. (S)