(Géographie) ville d'Allemagne, capitale du Bas-Palatinat, avec une université fondée au quatorzième siècle ; on ne sait ni quand, ni par qui cette ville a été bâtie : on sait seulement que ce n'était qu'un bourg en 1225. Le comte palatin Robert l'agrandit en 1392. L'électeur Robert Maximilien de Bavière la prit, et en enleva la riche bibliothèque qu'il s'avisa de donner au pape. Le château des électeurs est auprès de la ville. Les François la saccagèrent en 1688, malgré sa vaste tonne qui contient deux cent quatre foudres, et toutes les espérances qu'on avait fondées sur sa prospérité. Il semble que cette ville ait été bâtie sous une malheureuse constellation, car elle fut ruinée dans un même siècle pour avoir été fidèle à l'empereur, et pour lui avoir été contraire, toujours à plaindre de quelque manière que les affaires aient tourné.

Heidelberg est au pied d'une montagne, sur le Necker, à 5 lieues N. E. de Spire, 7 N. E. de Worms, 6 N. E. de Philisbourg, 16 S. de Francfort, 15 S. E. de Mayence, 150 N. O. de Vienne. Long. selon Harris, 27. 36. 15. lat. 49. 36.

Je connais trois savants natifs de Heidelberg, dont les noms sont illustres dans la république des Lettres, Alting, Béger et Junius.

Alting (Jacques) dont vous trouverez l'article dans Bayle, naquit en 1618, et devint professeur en Théologie à Groningue. Il mourut en 1679. Toutes ses œuvres ont été imprimées à Amsterdam en 1687, en 5 volumes in-fol. On y voit un théologien plein d'érudition rabbinique, et toujours attaché dans ses commentaires et dans ses sentiments, au simple texte de l'Ecriture. Il eut un ennemi fort dangereux et fort injuste dans Samuel Desmarets son collègue.

Béger (Laurent) naquit en 1653. Il était fils d'un tanneur ; mais il devint un des plus savants hommes du dix-septième siècle dans la connaissance des médailles et des antiquités. Ses ouvrages en ce genre, tous curieux, forment 15 ou 16 volumes, soit infol. soit in -4°. Le P. Nicéron vous en donnera la liste ; le plus considérable est sa description du cabinet de l'électeur de Brandebourg, intitulée Thes. reg. elect. Brandeburgicus selectus. Colon. March. 1696. 3 vol. in-fol. Il avait publié dans sa jeunesse une apologie de la polygamie, pour plaire à l'électeur palatin (Charles-Louis) dont il était bibliothécaire.

Junius (Français) s'est fait un nom très-célèbre par ses ouvrages pleins d'érudition. Il passa sa vie en Angleterre, étudiant douze heures par jour, et demeura pendant trente ans avec le comte d'Arondel. Il mourut à Windsor, chez Isaac Vossius son neveu, en 1678, à 89 ans. Il avait une telle passion pour les objets de son gout, qu'ayant appris qu'il y avait en Frise quelques villages où l'ancienne langue des Saxons s'était conservée, il s'y rendit, et y resta deux ans. Il travaillait alors à un grand glossaire en cinq langues, pour découvrir l'origine des langues septentrionales dont il était amoureux : cet ouvrage unique en son genre, a été finalement publié à Oxford en 1745, par les soins du savant Anglais Edouard Lyc. On doit encore à Junius la paraphrase gothique des quatre évangélistes, corrigée sur les manuscrits, et enrichie des notes de Thomas Marshall. Son traité de pictura veterum, n'a pas besoin de mes éloges ; je dirai seulement que la bonne édition est de Roterdam, 1694, in-fol. Il a légué beaucoup de manuscrits à l'université d'Oxfort. Graevius n'a point dédaigné d'être son biographe. (D.J.)