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Catégorie : Géographie
S. f. (Géographie) ce terme signifie ordinairement ce vaste amas d'eau qui environne toute la terre, et qui s'appelle plus proprement Océan. Voyez OCEAN.

Mer est un mot dont on se sert aussi pour exprimer une division ou une portion particulière de l'Océan, qui prend son nom des contrées qu'elle borde, ou d'autres circonstances.

Ainsi l'on dit, la mer d'Irlande, la mer Méditerranée, la mer Baltique, la mer Rouge, etc. Voyez MEDITERRANEE.

Jusqu'au temps de l'empereur Justinien, la mer était commune et libre à tous les hommes ; c'est pour cela que les lois romaines permettaient d'agir contre toute personne qui en troublerait une autre dans la navigation libre, ou qui gênerait la pêche de la mer.

L'empereur Léon, dans sa 56e novelle, a été le premier qui ait accordé aux personnes qui étaient en possession de terres, le privilège de pêcher devant leurs territoires respectifs exclusivement aux autres. Il donna même une commission particulière à certaines personnes pour partager entr'elles le Bosphore de Thrace.

Depuis ce temps les princes souverains ont tâché de s'approprier la mer, et d'en défendre l'usage public. La république de Vénise prétend si fort être la maîtresse dans son golfe, qu'il y a tous les ans des épousailles formelles entre le doge et la mer Adriatique.

Dans ces derniers temps les Anglais ont prétendu particulièrement à l'empire de la mer dans le canal de la Manche, et même à celui de toutes les mers qui environnent les trois royaumes d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande, et cela jusqu'aux côtes ou aux rivages des états voisins : c'est en conséquence de cette prétention que les enfants nés sur les mers de leur dépendance sont déclarés natifs d'Angleterre, comme s'ils étaient nés dans cette île même. Grotius et Selden ont disputé fortement sur cette prétention dans des ouvrages qui ont pour titre, mare liberum, la mer libre, et mare clausum, la mer interdite. Chambers.

MER MEDITERRANEE. Voyez MEDITERRANEE.

MER NOIRE. Voyez NOIRE.

MER ROUGE. Voyez ROUGE.

MER CASPIENNE. Voyez CASPIENNE et LAC.

Sur les différents phénomènes de la mer, voyez FLUX et REFLUX, MAREE, VENT, COURANT, MOUSSONS, GEOGRAPHIE PHYSIQUE, LAC. Voyez aussi le discours de M. de Buffon sur la théorie de la terre, art. 8. 13. 19. On prouve dans ce discours ; 1°. que les amas prodigieux de coquilles qu'on trouve dans le sein de la terre à des distances fort considérables de la mer, montrent incontestablement que la mer a couvert autrefois une grande partie de la terre ferme que nous habitons aujourd'hui. Histoire acad. 1720. pag. 5. 2°. Que le fonds de la mer est composé à-peu-près comme la terre que nous habitons, parce qu'on y trouve les mêmes matières, et qu'on tire de la surface du fonds de la mer les mêmes choses que nous tirons de la surface de la terre. 3°. Que la mer a un mouvement général d'orient en occident qui fait qu'elle abandonne certaines côtes, et qu'elle avance sur d'autres. 4°. Qu'il est très-probable que les golfes et les détroits ont été formés par l'irruption de l'Océan dans les terres. Voyez CONTINENT et TERRAQUEE. Voyez aussi DELUGE, MONTAGNE et FOSSILE. (O)

C'est une vérité reconnue aujourd'hui par les naturalistes les plus éclairés, que la mer, dans les temps les plus reculés, a occupé la plus grande partie du continent que nous habitons ; c'est à son séjour qu'est dû la quantité prodigieuse de coquilles, de squeletes de poissons, et d'autres corps marins que nous trouvons dans les montagnes et dans les couches de la terre, dans des endroits souvent très-éloignés du lit que la mer occupe actuellement. Vainement voudrait-on attribuer ces phénomènes au déluge universel ; on a fait voir dans l'article FOSSILES, que cette révolution n'ayant été que passagère, n'a pu produire tous les effets que la plupart des physiciens lui ont attribués. Au contraire, en supposant le séjour de la mer sur notre continent, rien ne sera plus facîle que de se faire une idée claire de la formation des couches de la terre, et de concevoir comment un si grand nombre de corps marins se trouvent renfermés dans un terrain que la mer a abandonné. Voyez FOSSILES ; TERRE, couches de la ; TERRE, révolutions de la.

La retraite de la mer a pu se faire ou subitement, ou successivement, et peu-à-peu ; en effet, ses eaux ont pu se retirer tout-à-coup, et laisser à sec une portion de notre continent par le changement du centre de gravité de notre globe, qui a pu causer l'inclination de son axe. A l'égard de la retraite des eaux de la mer qui se fait successivement et par degrés insensibles, pour peu qu'on ait considéré les bords de la mer, on s'aperçoit aisément qu'elle s'éloigne peu-à-peu de certains endroits, que les côtes augmentent, et que l'on ne trouve plus d'eau dans des endroits qui étaient autrefois des ports de mer où les vaisseaux abordaient. L'ancienne ville d'Alexandrie est actuellement assez éloignée de la mer ; les villes d'Arles, d'Aigues-mortes, etc. étaient autrefois des ports de mer ; il n'y a guère de pays maritimes qui ne fournissent des preuves convaincantes de cette vérité ; c'est surtout en Suède que ces phénomènes ont été observés avec le plus d'exactitude depuis quelques années, ils ont donné lieu à une dispute très-vive entre plusieurs membres illustres de l'académie royale des sciences de Stockholm. M. Dalin ayant publié une histoire générale de la Suède, très-estimée des connaisseurs, osa jeter quelques soupçons sur l'antiquité de ce royaume, et parut douter qu'il eut été peuplé aussi anciennement que l'avaient prétendu les historiens du nord qui l'ont précédé ; il alla plus loin, et crut trouver des preuves que plusieurs parties de la Suède avaient été couvertes des eaux de la mer dans des temps fort peu éloignés de nous ; ces idées ne manquèrent pas de trouver des contradicteurs ; presque tous les peuples de la terre ont de tous temps été très-jaloux de l'antiquité de leur origine. On crut la Suède déshonorée parce qu'elle n'avait point été immédiatement peuplée par les fils de Noé. M. Celsius, savant géomètre de l'académie de Stockholm, inséra en 1743, dans le recueil de son académie, un mémoire très-curieux ; il y entre dans le détail des faits qui prouvent que les eaux ont diminué et diminuent encore journellement dans la mer Baltique, ainsi que l'Océan qui borne la Suède à l'occident. Il s'appuie du témoignage d'un grand nombre de pilotes et de pêcheurs avancés en âge, qui attestent avoir trouvé dans leur jeunesse beaucoup plus d'eau en certains endroits qu'ils n'en trouvent aujourd'hui ; des écueils et des pointes de rochers qui étaient anciennement sous l'eau ou à fleur d'eau, sortent maintenant de plusieurs pieds au dessus du niveau de la mer ; on ne peut plus passer qu'avec des chaloupes ou des barques dans des endroits où il passait autrefois des navires chargés ; des bourgs et des villes qui étaient anciennement sur les bords de la mer, en sont maintenant à une distance de quelques lieues ; on trouve des ancres et des débris de vaisseaux qui sont fort avancés dans les terres, etc. Après avoir fait l'énumération de toutes ces preuves, M. Celsius tente de déterminer de combien les eaux de la mer baissent en un temps donné. Il établit son calcul sur plusieurs observations qui ont été faites en différents endroits, il trouve entr'autres qu'un rocher qui était il y a 168 ans à fleur d'eau, et sur lequel on allait à la pêche des veaux marins, s'est élevé depuis ce temps de 8 pieds au-dessus de la surface de la mer. M. Celsius trouve que l'on marche à sec dans un endroit où 50 ans auparavant on avait de l'eau jusqu'au genou. Il trouve que des écueils qui étaient cachés sous l'eau, dans la jeunesse de quelques anciens pilotes, et qui même étaient à deux pieds de profondeur, sortent maintenant de 3 pieds, etc. De toutes ces observations, il résulte, suivant M. Celsius, que l'on peut faire une estimation commune, et que l'eau de la mer baisse en un an de 4 1/2 lignes, en 18 ans de 4 pouces et 5 lignes, en cent ans de 4 pieds 5 pouces, en 500 ans de 22 pieds 5 pouces, en mille ans de 45 pieds géométriques, etc.

M. Celsius remarque, avec raison, qu'il serait à souhaiter que l'on observât exactement la hauteur de certains endroits au-dessus du niveau de la mer, par ce moyen la postérité ferait à portée de juger avec certitude de la diminution de ses eaux ; à sa prière, M. Rudman son ami, fit tracer en 1731 une ligne horizontale sur une roche appelée swarthaellen pae wihcken, qui se trouve à la partie septentrionale de l'île de Loefgrund, à deux milles au nord-est de Gefle. Cette ligne marque précisément jusqu'où venait la surface des eaux en 1731. Voyez les mémoires de l'académie de Suède, tom. V, année 1743. Il serait à souhaiter que l'on fit des observations de ce genre sur toutes les côtes et dans toutes les mers connues, cela jetterait beaucoup de jour sur un phénomène très-curieux de la Physique, et dont jusqu'à présent l'on ne parait s'être fortement occupé qu'en Suède.

La grande question qui partage maintenant les académiciens de Suède, a pour objet de savoir si la diminution des eaux de la mer est réelle ; c'est-à-dire, si la somme totale des eaux de la mer diminue effectivement sur notre globe, ce qui parait être le sentiment de M. Celsius, du célèbre M. Linnaeus et de plusieurs autres : ou si, comme M. Browallius et d'autres le prétendent, cette diminution des eaux n'est que relative ; c'est-à-dire, si la mer Ve regagner d'un côté ce qu'elle perd d'un autre. On sent aisément combien cette question est embarrassante ; en effet, il faudrait un grand nombre d'observations faites dans toutes les parties de notre globe, et continuées pendant plusieurs siècles pour la décider avec quelque certitude.

Il est constant que les eaux de la mer s'élèvent en vapeurs, forment des nuages et retombent en pluie ; une partie de ces pluies rentre dans la mer, une autre forme des rivières qui retombent encore dans la mer, de-là il résulte une circulation perpétuelle qui ne tend point à produire une diminution réelle des eaux de la mer ; mais, suivant M. Celsius, la partie des eaux qui abreuve les terres, et qui sert à la végétation, c'est-à-dire, à l'accroissement des arbres et des plantes, est perdu pour la somme totale des eaux, et cette partie, selon lui, peut se convertir en terre par la putréfaction des végétaux, sentiment qui a été soutenu par Van Helmont, et qui n'est rien moins que démontré ; le grand Newton, qui l'a adopté, en conclut que les parties solides de la terre vont en s'augmentant, tandis que les parties fluides diminuent et doivent un jour disparaitre totalement, Ve que, suivant ce savant géomètre, notre globe tend perpétuellement à s'approcher du soleil ; d'où il conjecture qu'il finira par se dessécher totalement, à moins que l'approche de quelque comete ne vienne rendre à notre planète l'humidité qu'elle aura perdue.

M. Celsius trouve encore une autre manière d'expliquer la diminution des eaux de la mer ; c'est que, selon lui, une partie des eaux se retire dans les cavités et les abîmes qui sont au fond du lit de la mer ; mais il ne nous dit point comment ces cavités se forment : il y a tout lieu de croire que c'est le feu qui fait place à l'eau, et que les eaux de la mer vont occuper les espaces qui ont été creusés par les feux souterrains dont l'intérieur de notre globe est perpétuellement consumé.

Il serait très-important que l'on fit les observations nécessaires pour constater jusqu'à quel point ces idées peuvent être fondées ; cela ne manquerait pas de jeter beaucoup de lumières sur la Physique et sur la Géographie, et sur la connaissance de notre globe. M. Celsius croit que la Scandinavie a été anciennement une ile, et que le golfe de Bothnie communiquait autrefois avec la mer Blanche par les marais aujourd'hui formés par l'Ulo-Elbe ; ce sentiment s'accorde avec celui de Ptolomée et de plusieurs anciens géographes, qui ont parlé de la Scandinavie comme d'une ile.

Ce n'est point seulement dans le nord que l'on a observé que les eaux de la mer se retiraient et laissaient à sec une partie de son lit, les plus anciens historiens nous apprennent que l'île du Delta en Egypte, qui se trouve à l'embouchure du Nil, a été formée par le limon que ce fleuve a successivement déposé. Les voyageurs modernes ont observé que le continent gagnait continuellement de ce côté. Les ruines du port de Carthage sont aujourd'hui fort éloignées de la mer. On a aussi remarqué que la Méditerranée se retirait des côtes méridionales de la France vers Aigues-mortes, Arles, etc. et l'on pourrait conjecturer qu'au bout de quelques milliers d'années, cette mer disparaitra totalement, comme M. Celsius présume que cela arrivera à la mer Baltique. On peut en dire autant de la mer Noire, de la mer Caspienne dont le fond doit nécessairement hausser par les dépôts qu'y font les grandes rivières qui vont s'y rendre.

Tout ce qui précède, nous prouve que les mers produisent sur notre globe des changements perpétuels. Il y en a qui disparaissent dans un endroit ; il n'en est pas moins certain qu'il s'en produit de nouvelles dans d'autres. C'est ainsi qu'a été formée la mer d'Harlem en Hollande, que l'on voit entre Harlem et Amsterdam, dont la formation qui est assez récente, est due à des vents violents qui ont poussé les eaux de la mer par-dessus ses anciennes bornes, et qui par-là ont inondé un terrain bas d'où ces eaux n'ont point pu se retirer. Pline regarde la mer Méditerranée comme formée par une irruption pareille de l'Océan. Voici comme ce célèbre naturaliste s'exprime, au liv. III. de son histoire natur. Terrarum orbis universus in tres dividitur partes ; Europam, Asiam et Africam ; origo ab occasu solis et gaditano freto, qua irrumpens Oceanus atlanticus in maria interiora diffunditur.

Il y a des mers, telles que la mer Caspienne, la mer morte, etc. qui se trouvant au milieu des terres, n'ont point de passages sensibles par où l'écoulement des eaux qu'elles reçoivent puisse se faire. Le P. Kircher et plusieurs autres naturalistes ont soupçonné que leurs eaux s'écoulaient par des conduits ou canaux souterrains par où elles se dégorgeaient dans l'Océan ; et qu'il y avait une espèce de liaison entre toutes les mers, qui fait qu'elles communiquent les unes avec les autres. Ces auteurs n'ont trouvé que ce moyen d'expliquer pourquoi ces mers ne débordaient point, malgré les eaux des rivières qu'elles reçoivent continuellement ; mais ils n'ont point fait attention que l'évaporation pouvait être équivalente à la quantité d'eau que ces mers reçoivent journellement.

C'est au séjour des eaux de la mer sur de certaines portions de notre continent, qu'il faut attribuer la formation des mines de sel gemme ou de sel marin fossîle que l'on trouve dans plusieurs pays qui sont maintenant très-éloignés de la mer. Des eaux salées sont restées dans des cavités d'où elles ne pouvaient sortir. Là, par l'évaporation, ces eaux ont déposé leur sel, qui, après avoir pris une consistance solide et concrete, a été recouvert de terre, et forme des couches entières que l'on rencontre aujourd'hui à plus ou moins de profondeur. Voyez l'article SEL GEMME.

Il n'est point si aisé de rendre raison de la salure des eaux de la mer, et d'expliquer d'où elle tire son origine. Un grand nombre de physiciens ont cru que l'on devait supposer le fond de la mer rempli de masses ou de roches de sel que les eaux de la mer dissolvaient perpétuellement, mais on ne nous apprend point comment ces masses de sel ont été elles-mêmes formées.

Au reste, le célèbre Stahl regarde la formation du sel marin comme un des mystères de la nature que la chimie n'a point encore pu découvrir. En général, nous savons que tous les sels sont composés d'une terre atténuée et d'eau, et l'on pourrait présumer que le sel marin se génere continuellement dans la mer. Quelques physiciens ont cru que l'eau de la mer avait été salée dès la création du monde. Ils se fondent sur ce que sans cela les poissons de mer, exigeant une eau salée, n'auraient pas pu y vivre, si elle n'avait été salée dans son origine.

M. Cronstedt, de l'acad. des Sciences de Suède, remarque dans sa minéralogie, §. 21, que l'eau de la mer tient en dissolution une quantité prodigieuse de terre calcaire, qui est saturée par l'acide du sel marin. C'est cette terre qui s'attache au fond des chaudières où l'on fait cuire l'eau pour obtenir le sel ; elle a la propriété d'attirer l'humidité de l'air. Suivant cet auteur, c'est cette terre calcaire qui forme les coquilles, les écailles des animaux crustacés, etc. à quoi il ajoute qu'il peut arriver que la nature sache le moyen de faire de la chaux un sel alkali qui serve de base au sel marin.

Quoi qu'il en soit de toutes ces conjonctures, il est constant que toutes les mers qui sont sur notre globe, ne sont point également salées. Dans les pays chauds et vers la ligne, l'eau de la mer est beaucoup plus salée que vers le nord : ce qui vient de la forte évaporation que la chaleur cause, et qui doit rapprocher et comme concentrer le sel. Des circonstances particulières peuvent encore concourir à faire que les eaux de la mer soient moins salées en quelques endroits qu'en d'autres : cela arrivera, par exemple, vers l'embouchure d'une rivière dont l'eau tempérera la salure de la mer dans un grand espace ; c'est ainsi qu'on nous dit que la mer Blanche n'est nullement salée à l'embouchure de la grande rivière d'Oby en Sibérie. D'ailleurs, il peut se faire qu'il y ait dans de certains endroits des sources, qui, en entrant dans la mer et en sortant du fond de son lit, adoucissent sa salure dans ces sortes d'endroits ; mais c'est sans fondement que quelques personnes ont étendu cette règle, et ont prétendu que l'on trouvait toujours de l'eau douce au fond de la mer. Voyez l'article suivant, MER, eau de la.

Outre la salure, les eaux de la mer ont ordinairement un goût bitumineux et dégoutant qui révolte l'estomac de ceux qui veulent en boire. Il y a lieu de conjecturer que ce goût leur vient des couches de matières bitumineuses qui se trouvent dans le lit de la mer : à quoi l'on peut joindre la décomposition de la graisse que fournit une quantité immense d'animaux et de poissons de toute espèce, qui vivent et meurent dans toutes les mers.

La salure et le mauvais goût des eaux de la mer empêchent de la boire. C'est pour remédier à cet inconvénient, que l'on est obligé d'embarquer de l'eau douce dans les vaisseaux ; et lorsque les voyages sont fort longs, cette eau douce se corrompt, et les équipages se trouvent dans un très-grand embarras. Depuis longtemps on avait inutilement cherché le moyen de dessaller l'eau de la mer. Enfin il y a quelques années que M. Appleby, chimiste anglais, a trouvé le secret de rendre cette eau potable ; cette découverte lui a mérité une récompense très-considérable de la part du parlement d'Angleterre qui a fait publier son secret. Il consiste à mettre quatre onces de pierre à cautère et d'os calcinés sur environ vingt pintes d'eau de mer ; on distille ensuite cette eau avec un alambic, et l'eau qui passe à la distillation est parfaitement douce. Cette expérience importante a été réitérée avec succès par M. Rouelle. Pour peu qu'on veuille s'en donner la peine, on adaptera les vaisseaux distillatoires à la cheminée de la cuisine d'un vaisseau, et sans augmentation de dépense, on pourra distiller continuellement de l'eau de mer, en même temps que l'on préparera les aliments des équipages.

Les eaux de la mer ont trois espèces de mouvement. Le premier est le mouvement d'ondulation ou de fluctuation que les vents excitent à sa surface en produisant des flots ou des vagues plus ou moins considérables, en raison de la force qui les excite. Ce mouvement des flots est modifié par la position des côtes, des promontoires, des iles, etc. que les eaux agitées par les vents rencontrent.

Le second mouvement de la mer est celui que l'on nomme courant ; c'est celui par lequel les eaux de la mer sont continuellement entrainées d'orient vers l'occident ; mouvement qui est plus fort vers l'équateur que vers les pôles, et qui fournit une preuve incontestable, que le mouvement de la terre sur son axe se fait d'occident vers l'orient. Ce mouvement dans l'Océan, commence aux côtes occidentales de l'Amérique, où il est peu violent ; ce qui lui fait donner le nom de mer pacifique. Mais en partant de-là, les eaux dont le mouvement est accéléré, après avoir fait le tour du globe, vont frapper avec violence les côtes orientales de cette partie du monde, qu'elles rompraient peut-être, si leur force n'était arrêtée par les îles qui se trouvent en cet endroit, et que quelques auteurs regardent comme des restes de l'Atlantide ou de cette île immense dont les anciens prêtres égyptiens, au rapport de Platon, ne parlaient déjà que par tradition. Un auteur allemand moderne appelé M. Popowits, qui a publié en 1750, en sa langue, un ouvrage curieux, sous le titre de recherches sur la mer, présume que tôt ou tard la violence du mouvement de la mer dont nous parlons, forcerait un passage au travers de l'isthme de Panama, si ce terrain n'était rempli de rochers qui opposent de la résistance aux entreprises de la mer ; sur quoi il remarque que quelque tremblement de terre pourra quelque jour aider la mer à effectuer ce qu'elle n'a point encore pu faire toute seule.

Cette conjecture est d'autant mieux fondée que plusieurs exemples nous prouvent que la violence des eaux de la mer arrache et sépare les parties du continent, et fait des îles de ce qui était autrefois terre ferme. C'est ainsi qu'une infinité de circonstances prouvent que la grande Bretagne tenait autrefois à la France ; vérité qui a été mise dans un très-grand jour par M. Desmarets dans sa dissertation sur l'ancienne jonction de l'Angleterre avec la France, publiée il y a peu de temps. On ne peut guère douter non plus que la Sicîle n'ait été séparée de la même manière de l'Italie, etc.

Le troisième mouvement de la mer est celui qui est connu sous le nom de la marée ou du flux et reflux ; on n'en parlera point ici, Ve que cet important phénomène a été examiné au long dans les article FLUX et MAREE.

Outre les trois espèces de mouvements dont on vient de parler, il en est encore un autre sur lequel les physiciens ne sont point tout à fait d'accord. Quelques auteurs prétendent que dans les détroits, tels que ceux de Gibraltar, du Sund et des Dardanelles, les eaux de la mer ont deux courants directement opposés, et que les eaux de la surface ont une direction contraire à celle des eaux qui sont au-dessous. Le comte de Marsigli a observé ces deux courants contraires au passage des Dardanelles, phénomène qui avait déjà été remarqué dans le sixième siècle par l'historien Procope. Ces deux auteurs assurent que lorsque les pêcheurs jettent leurs filets dans ce détroit, la partie supérieure du filet est entrainée vers la Propontide ou mer de Marmora ; tandis que la partie la plus enfoncée du filet se trouve emportée par le courant inférieur vers le pont Euxin ou la mer Noire. Le comte de Marsigli a constaté la même expérience avec une sonde de plomb attachée à une corde ; quand il ne l'enfonçait que de cinq ou six pieds, la sonde était emportée vers la Propontide ; mais lorsqu'il l'enfonçait plus avant, il voyait qu'elle était poussée vers le pont Euxin.

M. Popowits explique d'après ce phénomène, pourquoi les eaux de la mer Noire sont toujours également salées, malgré les rivières qu'elle reçoit. C'est que, suivant ces expériences, la Méditerranée fournit continuellement à la mer Noire par le détroit des Dardanelles, de l'eau salée, qu'elle reçoit elle-même de la même manière de l'Océan par le détroit de Gibraltar. Suivant le rapport du célèbre Ray, on a fait dans le Sund les mêmes expériences que dans le détroit des Dardanelles ; et l'on a trouvé que les eaux de la mer Baltique sortaient à la partie supérieure, et que les eaux de l'Océan entraient dans la mer Baltique par-dessous les premières.

Comme plusieurs mers de notre globe sont placées au milieu du continent, et reçoivent de très-grandes rivières, sans que l'on aperçoive de passages par où leurs eaux puissent s'écouler : quelques auteurs ont cru qu'il fallait qu'il y eut des communications souterraines entre ces mers et l'Océan. C'est ainsi que l'on a cru qu'il y avait une communication cachée sous terre entre la mer Caspienne et l'Océan, entre la mer Morte et la Méditerranée, etc. On a cru surtout expliquer par-là pourquoi ces mers ne débordent point ; peut-être que l'évaporation des eaux de ces mers est équivalente à la quantité des eaux que les rivières leur apportent. (-)

MER, eau de la, (Physique, Chimie) L'eau de l'Océan et des autres mers diffère de l'eau pure par les principes étrangers dont elle est chargée, c'est-à-dire, par les différents sels qu'elle renferme, et par la substance sulfureuse qui produit son amertume, son onctuosité, et sa qualité phosphorique.

Nous ne nous étendrons point sur la nature du sel marin proprement dit, sur sa vertu septique, ou anti-septique, suivant la dose dans laquelle on le joint aux substances qui se putréfient. Voyez plus bas SEL MARIN.

On assure que ceux qui navigent sous la ligne s'aperçoivent que la mer est plus salée dans les climats où la chaleur du soleil est plus forte et plus propre à corrompre les fluides. Cependant d'habiles observateurs ont rapporté à Boyle que la gravité spécifique de l'eau de mer était la même que sous l'équateur, et au-delà du trentième degré de latitude. Il parait par les observations de Swedenborg, que cite Wallerius dans son Hydrologie, p. 81. que la salure de la mer, dans les pays du Nord et vers les pôles de la terre, diminue toujours très-sensiblement. On ne peut guère douter que les mers du Nord ne gèlent, que parce qu'elles sont moins salées ; car on a observé que le sel marin, le sel ammoniac, sont de tous les sels ceux dont les dissolutions se changent en glace le plus difficilement.

Wallerius rapporte ailleurs (in tentam. chim. Hierne, t. II. p. 117, note) que M. Palmstruck a constaté par des expériences faites dans le golfe de Bothnie, au temps des solstices et des équinoxes, que la salure de la mer diminue dans les grands jours, et augmente quand les jours deviennent plus courts. Le même M. Palmstruck assure que la mer est plus salée pendant le flux que pendant le reflux, et que sa salure est plus considérable à une plus grande distance des côtes et à une plus grande profondeur. Cette dernière observation est conforme à celle du comte Marsigli ; et quoiqu'elle ne s'accorde pas avec les expériences de Boyle, elle est d'une vérité sensible, puisque l'eau de la surface de la mer, ainsi que celle qui baigne les côtes, doit être beaucoup plus délayée par les eaux des pluies et des fleuves qui se jettent dans la mer.

C'est sans doute à cause que les sels des eaux de la surface de la mer sont plus lavés par des eaux pures, qu'ils sont plus acides. Ceci est prouvé, parce que le comte de Marsigli ayant mis des sels tirés de l'eau de mer superficielle, et des sels tirés de la même eau prise à une certaine profondeur, dans du papier bleu, il vit que ceux qui avaient été tirés de l'eau superficielle teignaient ce papier en rouge ; et au contraire le sel des eaux profondes ne donnait aucune impression de rougeur.

M. Halles a remarqué que des morceaux de papier bleu prenaient un oeil rougeâtre, après avoir été trempés dans de la saumure de sel tiré de l'eau de la mer, mais ils n'avaient point cette couleur, lorsqu'on les trempait de même dans une forte saumure de sel commun ; ce qui montre, dit M. Halles, que le sel imparfait d'eau de mer est en partie nitreux, mais cette conclusion ne semble pas assez juste, et ce fait prouve seulement que le sel de la première saumure était moins exactement neutralisé. De même on a expliqué, par ce principe nitreux, pourquoi l'eau de mer n'éteint pas la flamme ainsi que l'eau douce ; mais il est plus naturel d'attribuer cet effet aux parties sulfureuses et bitumineuses.

On est mieux fondé à admettre un principe nitreux dans l'eau de la mer, parce que l'esprit de sel, tiré du sel de la mer, est un dissolvant de l'or, et parce que l'on a retiré de l'esprit nitreux de l'eau-mère des salines. L'origine de ce nitre n'est pas bien connue, il appartient sans doute aux plantes marines, il est développé, et rendu sensible par leur putréfaction.

J'ai appris de M. Venel qu'on voit beaucoup de sel de glauber très-distinct, et très-bien crystallisé dans les tables des salines où on évapore l'eau de mer. Je ne connais point d'auteurs qui aient fait cette remarque. Peut-être ce sel de glauber est-il formé dans les salines par la combinaison d'un acide aérien avec la base alkaline du sel marin : peut-être aussi l'existence des sels neutres, produits dans l'eau de mer par l'acide nitreux et par l'acide vitriolique, doit-elle fortifier le soupçon si légitime qu'on a de l'identité radicale des acides nitreux.

L'eau de la mer est d'autant plus amère qu'on la puise à une plus grande profondeur. Il est très-probable qu'elle doit son amertume à un esprit huileux, volatil, de nature bitumineuse, dont elle est imprégnée. Car le comte Marsigli a publié dans son Histoire physique de la mer, p. 26. une table des proportions des sels communs et d'esprit de charbons, qui donnent à l'eau de citerne, outre la même pesanteur spécifique, le même goût salé et amer qu'a l'eau naturelle de la mer, superficielle ou profonde. Le même auteur a trouvé que l'eau de la mer, bien qu'elle ait été entièrement dépouillée de sel après beaucoup d'exactes et réitérées distillations, conserve avec une amertume dégoutante, quelque chose de visqueux et de gluant, qui s'attache aux côtés d'une bouteille dans laquelle on agite cette eau distillée, et ne se précipite au fond qu'avec peine lorsqu'on la laisse reposer : il a remarqué que cette substance onctueuse ne rend l'eau de la mer distillée en aucune façon plus pesante que l'eau insipide des citernes, ce qui prouve la grande volatilité de l'esprit bitumineux qui produit cette substance onctueuse. Cette volatilité est encore démontrée parce que l'esprit qu'employait Marsigli, pour donner le goût amer à l'eau simplement salée, n'en altérait point du tout le poids. Il faut observer néanmoins qu'on ne trouve point d'amertume, ni de goût de bitume, si l'on distille de l'eau de mer qui ait été puisée seulement à quatre ou cinq pouces de la surface de la mer.

On n'est point d'accord sur l'origine de la salure des eaux de la mer, plusieurs auteurs pensent qu'elle est aussi ancienne que la mer même ; d'autres prétendent qu'elle est dû. à la dissolution des rochers et des mines de sel gemme, que le bassin de la mer renferme en grande quantité suivant Varenius. Mais les Stahliens conjecturent avec beaucoup de fondement, qu'il se produit chaque jour une nouvelle quantité de sel dans les eaux de la mer, puisque le sel est un mixte composé de terre et d'eau, et que rien n'empêche que ce mixte ne puisse être produit par la combinaison de l'eau avec le sable, le limon, les débris des coquillages, et de terre calcaire qui recouvrent en plusieurs endroits le fond de la mer, dont les parties sont subtilisées par l'agitation de la mer et par la chaleur du soleil. Les cadavres resous d'une infinité de poissons, et le bitume de la mer ajoutent à ce produit une substance inflammable particulière, qui acheve le caractère spécifique du sel marin. L'opinion des Stahliens peut être confirmée par ce que Tavernier rapporte, que dans le royaume d'Assem on prépare un sel semblable au sel commun, en agitant fortement pendant dix à douze heures une dissolution du sel lixiviel des feuilles du figuier d'Adam, qu'on dépure des feces, et qu'on épaissit ensuite par la coction. Stahl (fundam. Chim. part. II. p. 154.) ne doute point qu'on ne put retirer de même du sel commun des autres sels lixiviels.

Le comte Marsigli a Ve en plusieurs endroits de la mer de Thrace du bitume flottant, qui parait sur l'eau lorsqu'elle est calme. Il ajoute qu'on en trouve de même abondamment dans les mers des Indes orientales, surtout aux endroits où il y a quantité d'ambre gris. Il croit que l'eau de la mer se charge de cette substance en baignant des couches de bitume qui s'étendent dans son bassin, et qui se continuent avec des veines de charbons de terre et de jais dans les montagnes des rivages voisins. Cette cause ne parait pas être universelle, mais elle ne doit pas être négligée. Boyle nous apprend que le bitume liquide, connu en Angleterre sous le nom de poix des Barbades, coule des rochers de ces îles dans la mer. Halles dit qu'on pourrait attribuer en partie à des sources de pétroles l'origine du bitume de la mer.

M. Deslandes prétend que ces minières de bitume ne se trouvent point dans la mer, mais que l'onctuosité amère de l'eau de la mer vient d'une infinité de matières pourries, bois, plantes, poissons morts, cadavres ; il remarque qu'un limon huileux enduit toujours les bords de la mer, et les rend si glissants qu'on a de la peine à s'y soutenir. On voit d'autant mieux comment les cadavres des poissons concourent à la production du bitume des eaux de la mer, qu'on a remarqué que la graisse de poisson est plus propres que les autres graisses à la réduction des terres cuivreuses.

Il parait que le bitume qui surnage les eaux de la mer est produit par un acide vitriolique, sulfureux, semblable à celui des charbons par l'acide marin plus développé à la surface de ces eaux, et qui se joint au pétrole et aux parties huileuses que fournissent les plantes marines et les poissons en se putréfiant.

On a essayé par un grand nombre de moyens de rendre l'eau de la mer potable. Pour y parvenir, il ne suffit pas de la dessaler, mais il faut encore lui ôter ce goût désagréable et bitumineux qu'elle conserve même après la distillation. Pline rapporte que les navigateurs se procuraient de l'eau douce en exprimant des peaux de moutons, qu'ils avaient étendues autour de leurs vaisseaux et qui avaient été humectées par les vapeurs de la mer ; ou, en descendant dans la mer des vases vides et bien bouchés, ou des boules de cire creuses : mais le premier moyen était insuffisant, et on a observé que le second ne dessalait pas entièrement l'eau marine. La filtration de l'eau de mer à travers le sable, ou la terre de jardin, n'a pas mieux réussi au comte Marsigli.

On peut rapporter à ces moyens tous ceux dont on a fait usage avant que de connaître l'art de distiller. M. Halles fait entendre que les essais faits avant lui en Angleterre pour rendre l'eau de mer potable, se réduisaient uniquement à la distillation. Je suis surpris qu'il n'ait point parlé du procédé qu'a publié Lister dans les Transactions philosophiques. Il y propose, pour éviter l'empyreume ordinaire à l'eau de mer distillée, de placer l'alembic sur un vase rempli d'eau, ou d'algue, ou d'autres plantes marines. M. Gautier, médecin de Nantes, avait imaginé fort ingénieusement, pour perfectionner la distillation de l'eau de mer, un vaisseau distillatoire, dont la description se trouve dans le Recueil des machines approuvées par l'académie royale des Sciences, tom. III. nombre 189.

Nous n'avons rien de plus intéressant sur la manière de rendre l'eau de mer potable, que les expériences de M. Halles ; ce grand physicien ayant distillé une quantité assez considérable d'eau de mer, il en fit diverses portions à mesure qu'elle sortait de l'alembic. La première était belle, claire, et de très-bon goût ; les dernières étaient âcres et désagréables. M. Halles s'est assuré que l'eau de mer distillée renfermait de l'esprit de sel, parce qu'on voit des nuages blancs et épais s'élever dans les différentes portions de cette eau, lorsqu'on y verse de la dissolution d'argent dans l'eau forte, parce qu'elle conserve et durcit la chair, et parce qu'elle se corrompt moins vite, et ne sent jamais aussi mauvais que l'eau commune. Cet esprit de sel, qu'on retire par une chaleur au-dessous du degré de l'eau bouillante, parait à M. Halles n'être point l'esprit du sel marin parfait, mais sortir d'un sel beaucoup plus imparfait, âcre, impur et acide, dont l'eau de mer abonde.

M. Halles a trouvé d'abord que des alkalis fixes, très-forts, la chaux et divers absorbans, étant ajoutés à l'eau de mer distillée, sont très-propres à ôter les qualités nuisibles de cette eau dans une seconde distillation. On voit par-là que M. Appledy n'a rien imaginé de fort nouveau, lorsqu'il a proposé dernièrement, comme les nouvelles publiques l'ont rapporté, de dessaler l'eau de la mer par le moyen de la pierre infernale. Les Anglais donnent ce nom à la pierre à cautère, ou à l'alkali fixe combiné avec la chaux. Il parait certain, quoique M. Halles ne fasse que le conjecturer, que les alkalis fixes, très-forts, ou aiguisés par la chaux, peuvent fixer en partie le soufre désagréable de l'eau de mer, puisqu'on sait d'ailleurs que l'esprit de vin dissout plus de succin lorsque cet esprit est alkalisé, et qu'il en extrait d'autant plus qu'il a été préparé avec un alkali caustique.

Enfin, les embarras d'une seconde distillation ont fait chercher à M. Halles, et découvrir un moyen très-avantageux de rendre l'eau de mer potable et saine. C'est de la laisser premièrement bien putréfier, et de la distiller lorsqu'elle sera revenue dans son état naturel : la distillation de cette eau produit les 4/5 d'une eau qui ne donne aucun nuage blanc lorsqu'on y verse de la solution d'argent, qui n'a guère plus de goût aduste que la meilleure eau de source distillée, qui, de même que l'eau de pluie, se putréfie, et laisse corrompre la chair qu'on y met, etc. jusqu'à ce que les 4/5 de la liqueur fussent distillées. M. Halles observa qu'aucun esprit de sel ne s'éleva de l'eau marine, mais aux 2/3 il parut, un pouce au-dessus de la surface de l'eau, un cercle de sel blanchâtre, attaché aux parois inférieurs de la retorte, qui croissait de plus en plus.

M. Halles explique fort bien la théorie de sa méthode. Pendant que la putréfaction met en mouvement les sels et les soufres de l'eau de mer, l'esprit de sel s'élève fort aisément dans la distillation de cette eau encore putride ; mais après la putréfaction, les parties les plus grossières s'étant précipitées d'elles-mêmes, il faut beaucoup plus de chaleur pour élever l'esprit du sel imparfait de l'eau de mer qu'il n'en aurait fallu avant la putréfaction, et l'on peut par conséquent distiller une grande quantité de cette eau avant que l'esprit de sel commence à se lever et à s'y méler. Je pense que Boyle employait la putréfaction dans cette digestion particulière et fort longue, par laquelle il dit que le sel marin est amené au point que l'esprit de sel s'en élève sans aucune addition à un feu de sable modéré, et même que cet esprit passe avant le phlegme. Boyle, de origine et productione volatilitatis, cap. iv.

Il nous reste à parler de la lumière que produisent les eaux de la mer pendant la nuit lorsqu'elles sont agitées. On a observé que dans certains temps et dans certaines mers il se produit plus facilement des points lumineux et même sans le secours de l'agitation, et que ces points conservent leur lumière beaucoup plus longtemps. M. Vianelli, qui a été suivi de M. l'abbé Nollet et de M. Griselini, a prétendu que ces points lumineux sont des vers luisans de mer, dont il a fait dessiner et graver la figure. Mais M. le Roi, célèbre professeur en Médecine de l'université de Montpellier, a objecté contre ce système dans un mémoire fort curieux, qui est imprimé au troisième volume des Mémoires approuvés par l'académie des Sciences, qu'on ne peut guère concevoir comment la proue d'un vaisseau ferait paraitre constamment moins d'animaux, lorsqu'il fait route lentement que lorsqu'il Ve vite ; comment ces animaux, étant dans un vase avec de l'eau de mer, ou sur un mouchoir d'un tissu serré, bien étendu, et imbibé de cette eau, ne luiraient pour l'ordinaire que lorsqu'on agite cette eau, ou lorsqu'on frappe le mouchoir. M. Wallerius, dans ses notes sur Hierne, t. I. p. 80, a opposé depuis les mêmes raisons contre le sentiment de M. Vianelli. M. le Roi assure que si on coule de l'eau de mer au-travers d'un cornet de papier, l'eau qui a passé ne donne plus d'étincelles. Il ajoute, qu'en regardant avec une loupe très-forte les étincelles, qu'on voyait paraitre dans l'obscurité sur les cornets par lesquels il avait coulé de l'eau de mer, il n'a jamais pu découvrir sur ces papiers aucun corps qui approchât de l'animal décrit par M. Vianelli.

M. le commandeur Godehen a donné dans le même volume des Mémoires présentés à l'académie des Sciences, la figure et la description d'insectes lumineux qui laissent échapper une liqueur huileuse qui surnage l'eau de la mer, et qui répand une lumière vive et azurée. On peut aussi consulter les amoenitates de Linnaeus, volume troisième, p. 202. de noctilucâ marinâ. Mais il semble que ces insectes ne peuvent servir qu'à expliquer pourquoi la mer est beaucoup plus lumineuse en certains endroits, comme aux environs des îles Maldives et de la côte de Malabar ; et que les observations de M. le Roi que nous allons rapporter peuvent seules fournir la cause générale du phénomène.

L'eau de la mer, exposée à l'air libre, perd en un jour ou deux la propriété de produire des étincelles, et même en un moment, si on la met sur le feu, quoique sans la faire bouillir. Cette propriété de l'eau de la mer se conserve un peu plus longtemps dans des vaisseaux fermés. Dans certains jours l'eau de la mer produit beaucoup plus d'étincelles qu'à l'ordinaire, et dans d'autres temps elle en donne à peine quelques-unes.

En mélant dans l'obscurité un peu d'esprit de vin avec de l'eau récemment tirée de la mer, et contenue dans une bouteille, M. le Roi a observé que ce mélange produit des étincelles en plus grand nombre, et qui durent d'ordinaire plus longtemps que lorsqu'elles sont produites seulement par l'agitation. On produit aussi des étincelles par le mélange d'un grand nombre d'autres liqueurs acides, alkalines, et autres avec l'eau de mer ; mais aucune de ces liqueurs n'en fait paraitre autant que l'esprit de vin. Après les étincelles qui sont excitées par ces mélanges, on ne peut plus en exciter de nouvelles d'aucune manière.

M. le Roi conclut de ces expériences intéressantes, que ce phénomène général qu'on peut observer dans toutes les saisons, et vraisemblablement dans tous les pays, doit être attribué à une matière phosphorique qui brule et se détruit lorsqu'elle donne de la lumière, et qui par conséquent se consume et se régénere continuellement dans la mer ; que cette matière qui se porte naturellement à la surface de l'eau, est de telle nature que le contact d'un très-grand nombre de liqueurs la fait déflagrer, mais qu'elle ne fait déflagrer que les parties de cette matière ; enfin, que cette matière ne passant pas à-travers le filtre, il est clair qu'elle n'est que suspendue dans l'eau de la mer, et qu'elle est par conséquent d'une nature huileuse ou bitumineuse.

On se persuadera encore davantage que la qualité lumineuse des eaux de la mer est attachée à leur bitume, si l'on fait attention à ce que le père Bourzeis (Lettres édifiantes, volume V.) dit avoir observé, que dans quelques endroits de l'Océan l'eau était si onctueuse qu'en y trempant un linge on le retirait tout gluant, et qu'en l'agitant rapidement dans cette eau il jetait un grand éclat. Il remarque aussi, que le vaisseau traçait après lui un sillon d'autant plus lumineux que cette eau était plus grasse. Enfin, il parait que l'esprit de vin n'est si propre à extraire la substance phosphorique des eaux de la mer, que parce que l'acide du bitume de ces eaux est très-développé.

MER, (Marine) ce mot s'emploie dans plusieurs sens par les marins : voici les principales expressions.

Mettre à la mer, c'est un vaisseau qui part et commence sa route.

Mettre un vaisseau à la mer, ou le mettre à l'eau, c'est-à-dire ôter le vaisseau de dessus les chantiers et le mettre à flot. Voyez LANCER.

Mettre une escadre à la mer, c'est la sortir du port.

Mettre la chaloupe à la mer, c'est ôter la chaloupe de dessus le tillac et la mettre dans l'eau.

Tenir la mer, c'est continuer sa navigation ou croisière sans entrer dans les ports ou rades.

Tirer à la mer, ou porter le cap à la mer, c'est se mettre au large en s'éloignant de la terre.

La mer est courte, c'est-à-dire que les vagues de la mer se suivent de près les unes des autres.

La mer est longue, c'est-à-dire que les vagues de la mer se suivent de loin et lentement.

La mer brise, c'est lorsqu'elle bouillonne en frappant contre quelques rochers ou contre la terre.

La mer mugit, c'est lorsqu'elle est agitée et qu'elle fait grand bruit.

La mer blanchit ou moutonne, c'est-à-dire que l'écume des lames parait blanche, de sorte que les vagues paraissent comme des moutons, ce qui arrive quand il y a beaucoup de mer poussée par un vent frais.

La mer étale, c'est lorsqu'elle ne fait aucun mouvement ni pour monter ni pour descendre.

La mer rapporte, c'est-à-dire que la grande marée recommence.

La mer Ve chercher le vent, c'est-à-dire que le vent souffle du côté où Ve la mer.

Mer Ve contre le vent, ce qui arrive lorsque le vent change subitement après une tempête.

La mer se creuse, c'est-à-dire que les vagues deviennent plus grosses et s'élèvent davantage, que la mer s'enfle et s'irrite.

La mer a perdu, c'est-à-dire qu'elle a baissé.

Il y a de la mer, c'est-à-dire que la mer est un peu agitée.

Il n'y a plus de mer, c'est-à-dire que la mer est calme, ou qu'après qu'elle a été agitée elle s'adoucit ou se calme à cause que le vent a cessé.

Grosse mer, c'est l'agitation extraordinaire de la mer par les lames.

La mer nous mange, être mangé par la mer, c'est-à-dire que la mer étant extrêmement agitée, entre par les hauts dans le navire, soit étant à l'ancre, soit étant sans voiles.

MER D'AIRAIN, (Critique sacrée) grande cuve que Salomon fit faire dans le temple, pour servir aux prêtres à se purifier avant et après les sacrifices. Ce vase était de forme ronde ; il avait cinq coudées de profondeur, dix de diamètre d'un bord à l'autre, et environ trente de circonférence. Le bord était orné d'un cordon, embelli de pommes et de boulettes, et de têtes de bœufs en demi-relief. Il portait sur un pied qui formait comme une grosse colomne creuse appuyée sur douze bœufs disposés en quatre grouppes, trois à trois, et laissant quatre passages pour aller tirer l'eau par des robinets attachés au pied du vase ; IIe Rois 16, 17, 2 ; Par. 4. (D.J.)

MER, (Mythologie) non-seulement la mer avait des divinités qui présidaient à ses eaux, mais elle était elle-même une grande divinité personnifiée sous le nom d'Océan, auquel on faisait de fréquentes libations. Lorsque les Argonautes furent prêts de mettre à la voile, Jason ordonna un sacrifice solennel, et chacun s'empressa de répondre à ses désirs. On éleva un autel sur le rivage, et après les oblations ordinaires, le prêtre répandit dessus de la fleur de farine, mêlée avec du miel et de l'huile, immola deux bœufs aux dieux de la mer, et les pria de leur être favorables pendant leur navigation. Ce culte était fondé sur l'utilité qu'on en retirait, sur les merveilles qu'on remarquait dans la mer, l'incorruptibilité de ses eaux, son flux et reflux, la variété et la grandeur des monstres qu'elle enfante : tout cela produisit l'adoration des dieux qu'on supposait gouverner cet élément. (D.J.)

MER, (Géographie) petite ville de France dans le Blaisais, à une lieue de la Loire et à 4 de Blais et de Beaugency. Les Calvinistes avaient un temple dans cette ville, avant la révocation de l'édit de Nantes. Long. 18. 59. lat. 47. 35.

Jurieu (Pierre) professeur en théologie et ministre à Rotterdam, naquit à Mer en 1637, et mourut en 1713, à 76 ans. Il s'est fait connaître par des écrits pleins d'esprit, de feu, et d'imagination, par des opinions chimériques sur le rétablissement du calvinisme en France en 1689 ; et ce que je trouve de plus blâmable, il ne cessa de persécuter Bayle, qui a vécu et qui est mort en sage. (D.J.)

MER D'ABEX, (Géographie) partie de la mer Rouge, le long des côtes de l'Abyssinie. (D.J.)

MER ADRIATIQUE, (Géographie) Adriaticum mare ; ce grand golfe de la Méditerranée, qu'on nomme aussi golfe de Venise, s'enfonce du sud-sud-est, au nord-nord-ouest, entre l'Italie et la Turquie européenne, et s'étend depuis le 40d. de lat. jusqu'au 45d. 25'. Son nom latin vient de l'ancienne ville Adria, aujourd'hui Atri, sur les côtes de l'Abruzze septentrionale. Dans les Actes des apôtres, c. xxvij. Ve 27. le nom Adria, ou mer Adriatique, se dit de la mer de Sicile, et de la mer Ionienne. (D.J.)

MER D'AFRIQUE, (Géographie) partie de la mer Méditerranée, entre les îles de Malthe, de Sicîle et d'Egypte, et le long des côtes de Barca et de Tripoli. (D.J.)

MER D'ARABIE, (Géographie) on appelle proprement ainsi la partie de l'Océan, qui est entre le cap Rasalgate et l'île de Zocotora. Les autres parties de la mer, qui sont une presqu'île de l'Arabie, ont des noms particuliers, savoir, le sein Persique, le golfe d'Ormus, et la mer Rouge. Les anciens comprenaient la mer d'Arabie sous le nom d'Erithraeum mare. (D.J.)

MER ATLANTIQUE, (Géographie) Voyez au mot ATLANTIQUE. (D.J.)

MER AUSTRALE, (Géographie) c'est la partie de l'Océan la plus méridionale. On a découvert qu'elle occupe un vaste espace, où l'on se figurait des terres : cette fausse idée engageait les navigateurs à passer le détroit de Magellan, avec bien des difficultés et des dangers. A présent qu'on a fait le tour de l'île de Feu, l'on sait qu'à la réserve d'un amas d'iles, il n'y a qu'une mer assez large au midi de ce détroit, que l'on évite pour entrer dans la mer du Sud. (D.J.)

MER BALTIQUE, (Géographie) Voyez BALTIQUE. (D.J.)

MER DE BASSORA, (Géographie) c'est la même que le golfe Persique. Voyez GOLFE PERSIQUE. (D.J.)

MER BLANCHE, (Géographie) Voyez au mot BLANCHE. (D.J.)

MER BLEUE, (Géographie) en latin moderne, lacus Caesius, dans la langue du pays, Arallnov, c'est un grand lac d'eau salée, dans le pays auquel il donne son nom d'Aral, et qui fait partie du pays de Khowaresme, ou Mawaralnahar, province montueuse, sablonneuse, généralement stérile, mais ayant en plusieurs endroits des paturages excellents pour les troupeaux : elle tire son nom du lac.

Ce lac qui sépare le pays d'Aral des provinces orientales de Khowaresme, est un des plus grands lacs de l'Asie septentrionale. Il a plus de 30 milles géographiques, ou 40 lieues en longueur du nord au sud, environ la moitié en largeur de l'est à l'ouest, et plus de quatre-vingt lieues d'Allemagne de tour. Ses eaux sont extrêmement salées. Il reçoit toutes les eaux de la rivière de Sirt, celles de Kesell, et d'autres rivières moins importantes ; cependant il ne s'élève point au-dessus de ses rives ordinaires, et l'on ne connait aucun canal apparent par où ses eaux puissent s'écouler.

Les Kara-Kalpacks, qui occupent le bord septentrional du lac d'Aral, conduisent en été les eaux de ce lac par le moyen de certaines rigoles, dans les plaines sablonneuses d'alentour ; et l'humidité de l'eau venant à s'exhaler peu à peu par la chaleur du soleil, laisse à la fin toute la surface de ces plaines couverte d'une croute d'un beau sel crystallisé, où chacun en Ve prendre sa provision de l'année, pour les besoins de son ménage. (D.J.)

MER DU BRESIL, (Géographie) partie de l'Océan sur la côte du Bresil, le long de la côte orientale de l'Amérique, entre l'embouchure de l'Amazone et celle de la rivière de la Plata. (D.J.)

MER CARPATHIENNE, (Géographie) Carpatium mare, partie de la mer Méditerranée, entre l'Egypte et l'île de Rhodes ; elle avait pris son nom de l'île de Scarpanto, que les Grecs nommaient Carpathos, et les Latins Carpathus. Elle a au nord la mer Icarienne, au midi celle d'Egypte, et au couchant celle de Candie et d'Afrique.

MER CASPIENNE, (Géographie) Voyez CASPIENNE. Je n'ajouterai que quelques lignes. Les anciens ont connu cette mer, mais fort mal ; cependant Hérodote, liv. I. chap. 203. avait très-bien remarqué qu'elle n'a aucune communication visible avec les autres, et on en est revenu au sentiment d'Hérodote.

Pierre-le-Grand a fait faire une carte exacte de cette mer par des pilotes également habiles et hardis. M. Charles Van-Verden a dressé cette carte, et M. Delîle l'a réduite au méridien d'Astracan. Il n'y a point de gouffre dans la mer Caspienne, mais elle se décharge à sa partie orientale dans une autre petite mer de 15 lieues d'étendue. L'eau de cette dernière mer est d'une si grande salure, que les poissons de la mer Caspienne qui y entrent meurent peu de temps après. Cette mer n'a ni flux ni reflux, et ce ne sont que les vents qui la font monter ou baisser sur l'une ou l'autre côte : l'unique bon port qui soit sur cette mer, est le port de Manguslave, sur la côte orientale au pays de Kovaresme, au nord de l'embouchure de l'Aum : ce port est entre les mains des Tartares, qui n'en font point d'usage. (D.J.)

MER DE DANEMARK, (Géographie) On appelle ainsi la mer qui s'étend depuis l'Océan jusqu'à la mer Baltique, dont elle est en quelque façon le vestibule, entre la Norvège au nord, la Suède à l'orient, le Jutland au midi et au couchant. (D.J.)

MER D'ESPAGNE, (Géographie) partie de la Méditerranée, le long de l'Espagne, depuis le cap de Creuse au pied des Pyrenées, jusqu'au détroit de Gibraltar. (D.J.)

MER EGEE, Aegaeum mare, (Géographie ancienne) cette partie de la Méditerranée que nous appelons Archipel, et qui s'étend entre la Turquie européenne et la Natolie, depuis le détroit des Dardanelles jusqu'à l'île de Candie. Cette mer a été nommée Aegaeum, c'est-à-dire, fluctuosum, procellosum, à cause qu'au moindre vent ces flots bondissent comme des chèvres. Les Grecs ont appelé , chèvres, ces flots écumants dont la mer est toute couverte dans un gros temps. Nous les appelons de même des moutons, et nous disons que la mer moutonne, quand elle est tourmentée par la tempête. Plusieurs îles de la mer Egée tiraient leur nom de la même cause, comme celle qu'on appelait Aegea, aujourd'hui les Fourmis, entre Nicaria et Samos. (D.J.)

MER DE FRANCE, (Géographie) On appelle proprement ainsi la partie de l'Océan qui lave les côtes de France, depuis le cap de S. Mahé en Bretagne, jusqu'aux côtes d'Espagne, où commence la mer de Biscaye ; mais quand on dit les mers de France, on entend depuis Bayonne jusqu'à Dunkerque sur l'Océan, toutes les côtes de Provence et de Languedoc sur la Méditerranée, dans le golfe de Lyon. (D.J.)

MER DE GRECE, (Géographie) partie de la Méditerranée, le long des côtes de la Grèce et de la Morée, depuis les îles de Sainte Maure, de Céphalonie, et de Zante, jusqu'à l'île de Cérigo. La côte orientale de la Grèce est de la mer qu'on nomme Archipel. (D.J.)

MER DE GROENLAND, (Géographie) partie de l'Océan, sur la côte des terres arctiques. La partie orientale de Groenland, que cette mer baigne, est devenue inaccessible par les glaces qui s'y sont accumulées avec le temps. Il y avait autrefois sur cette côte, une colonie danoise qui a longtemps subsisté ; mais qu'on a été obligé d'abandonner depuis deux siècles, faute d'avoir pu en approcher. (D.J.)

MER D'IEMEN, (Géographie) partie de l'Océan, le long des côtes de l'Arabie heureuse, entre la mer Rouge et le golfe d'Ormus. (D.J.)

MER DES INDES, (Géographie) partie de l'Océan, le long des côtes méridionales de l'Asie, depuis la Perse jusqu'au golfe de Siam, passé lequel commence l'Océan oriental qui coule le long de la Cochinchine, du Tonquin, et de la Chine. (D.J.)

MER IONIENNE, (Géographie) Ce devrait être la mer qui lave les côtes d'Ionie dans l'Asie mineure. Mais le caprice de quelques géographes a voulu que l'on donnât très-improprement ce nom à la partie de la mer Méditerranée qui est entre la Grèce, la Sicile, et la Calabre. Cependant nos navigateurs ont rejeté ce mot, et disent la mer de Grèce, la mer de Sicile, la mer de Calabre, etc. (D.J.)

MER DE MARMORA, (Géographie) nom moderne de la Propontide des anciens. Voyez PROPONTIDE. (D.J.)

MER MEDITERRANEE, (Géographie) grande mer entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Elle communique à l'Océan par le détroit de Gibraltar. Elle est séparée de la mer rouge par l'isthme de Suez, et de la mer de Marmora par le détroit des Dardanelles. Elle contient plusieurs grands golfes. Les principaux sont le golfe de Lyon, le golfe Adriatique, l'Archipel et le golfe de Barbarie. Elle renferme trois grandes presqu'iles : savoir l'Italie, la Grèce et la Natolie. Ses principales îles sont Sicile, Sardaigne, Corse, Majorque, Minorque, Malthe, Corfou, Céphalonie, Zante et Candie, outre cette multitude d'autres îles qui sont comprises dans la partie de cette mer qu'on appelle Archipel.

La meilleure carte de la Méditerranée que nous ayons, a été donnée par M. Guillaume Delisle. Cette mer si connue de tous temps par les nations les plus savantes, toujours couverte de leurs vaisseaux, traversée de tous les sens possibles par une infinité de navigateurs, s'est trouvée n'avoir que 860 lieues d'occident en orient, au lieu de 1160 qu'on lui donnait ; et c'est ce que M. Delîle a rectifié par des observations astronomiques. Cependant non content de ces observations astronomiques, dont on voulait se défier, il entreprit, pour ne laisser aucun doute, de mesurer toute cette mer en détail et par parties, sans employer ces observations, mais seulement les portulants et les journaux des pilotes, tant des routes faites de cap en cap, en suivant les terres, que de celles qui traversaient d'un bout à l'autre ; et tout cela évalué avec toutes les précautions nécessaires, réduit et mis ensemble, s'est accordé à donner à la Méditerranée la même étendue que les observations astronomiques dont on voulait se défier. (D.J.)

MER MORTE, (Géographie) ou MER DE SEL, ou mieux encore, LAC ASPHALTIDE, grand lac de la Palestine à l'embouchure du Jourdain. Sa longueur du N. au S. est d'environ 70 milles anglais, et sa largeur d'environ 18 milles. Le Jourdain et l'Arnon se jetaient dedans et s'y perdaient. On peut consulter sur ce lac, le P. Nau jésuite, dans son voyage de la Terre-sainte. (D.J.)

MER NOIRE, (Géographie) ou MER MAJEURE, connue des anciens sous le nom de Pont-Euxin. Voyez PONT-EUXIN.

Grande mer d'Asie, entre la Tartarie au nord, la Mingrélie, l'Imirette, le Guriel et quelques provinces de l'ancienne Colchide, que possède aujourd'hui le turc. Elle a à l'orient la Natolie, au midi la Bulgarie, et la Romanie au couchant.

Cette mer reçoit plusieurs grands fleuves ; savoir le Danube, le Borysthene, le Don, le Phrase, le Casalmac, l'Aitocza et la Zagarie.

Elle communique à la Propontide, autrement mer de Marmora, par le détroit de Constantinople, nommé le canal de la mer Noire, et par cette mer, avec l'Archipel. Elle communique encore par le détroit de Caffa, avec le Palus Méotide, qui est une mer formée par le concours des eaux de la mer Noire et du Don.

Les peuples qui habitent les bords de cette mer, sont ou sujets, ou tributaires de l'empire ottoman.

Le canal de la mer Noire, ou le bosphore de Thrace, comme disaient les anciens, à 16 milles et demi de longueur ; commence à la pointe du serrail de Constantinople, et finit vers la colonne de Pompée. Hérodote, Polybe et Strabon, lui donnent 120 stades d'étendue, lorsqu'elles reviennent à 15 milles. Ils fixent le commencement de ce canal, entre Bizance et Calcédoine, et le font terminer au temple de Jupiter, où est présentement le nouveau château d'Asie ; mais cette différente manière de mesurer le canal est arbitraire et revient au même calcul.

Sa largeur, aux nouveaux châteaux où étaient autrefois les temples de Jupiter et de Sérapis, est depuis un mille jusqu'à deux. Son cours est si rapide entre les deux châteaux, qu'avec un vent du nord il n'y a point de bâtiments qui s'y puissent arrêter, et qu'il faut un vent opposé aux courants, pour les pouvoir remonter ; cependant la vitesse des eaux diminue si sensiblement, que l'on monte et que l'on descend sans peine, lorsque les vents ne sont pas violents.

Indépendamment des vents, il y a des courants fort singuliers dans le canal de la mer Noire ; le plus sensible est celui qui en parcourt la longueur, depuis l'embouchure de la mer Noire, jusqu'à la mer de Marmora, qui comme on sait, est la Propontide des anciens. M. le comte de Marsigli y a observé de petits courants, qui permettent aux bateaux de monter, tandis que d'autres bateaux descendent à la faveur du grand courant. Cependant cette diversité de courants ne doit point paraitre merveilleuse, parce qu'on conçoit aisément qu'un cap trop avancé, doit faire reculer les eaux qui se présentent dans une certaine direction ; mais il est difficîle de rendre raison d'un autre courant caché, que nous appellerons. courant inférieur, lequel dans un endroit du grand canal, roule ses eaux dans une direction contraire au courant qui lui est supérieur, comme le prouvent les filets des pêcheurs. Procope de Césarée, M. Gilles, M. le comte de Marsigli et M. de Tournefort, en ont fait l'observation.

Il n'est pas plus aisé d'expliquer pourquoi le canal vide si peu d'eau, sans que la mer Noire qui en reçoit une si prodigieuse quantité, en devienne plus grande. Cette mer reçoit plus de rivières que la Méditerranée ; les plus grandes de l'Europe y tombent par le moyen du Danube, dans lequel se dégorgent celles de Suabe, de Franconie, de Bavière, d'Autriche, d'Hongrie, de Moravie, de Carinthie, de Croatie, de Bosnie, de Servie, de Transylvanie, de Valaquie ; celles de la Russie-noire et de la Podolie, se rendent dans la même mer, par le moyen du Niester ; celles des parties méridionales et orientales de la Pologne, de la Moscovie septentrionale, et du pays des Cosaques, y entrent par le Nieper ou Borysthene ; le Tanaïs et le Coper ne passent-ils pas dans la mer Noire, par le Bosphore Cimmérien ? les rivières de la Mingrelie, dont la Phase est la principale, se jettent aussi dans la mer Noire, de même que le Casalmac, le Sangaris et les autres fleuves de l'Asie-mineure, qui ont leur cours vers le nord : néanmoins le Bosphore de Thrace n'est comparable à aucune des rivières dont on vient de parler. Il est certain d'ailleurs que la mer Noire ne grossit pas, quoiqu'en bonne physique, un réservoir augmente quand sa décharge ne répond pas à la quantité d'eau qu'il reçoit. Il faut que la mer Noire, indépendamment de son évaporation par le soleil, se vide et par des canaux souterrains qui traversent peut-être l'Asie et l'Europe, et par la dépense continuelle de ses eaux, lesquelles s'évaporent en partie, en partie s'abreuvent dans la terre, et s'écoulent bien loin des côtes.

Quelque rapide que soit le cours des eaux dans le canal de la mer Noire, elles n'ont pas laissé de se geler dans les plus grands hivers. Zonare assure qu'il y en eut un si rude sous Constantin Copronime, que l'on passait à pied sur la glace, de Constantinople à Scutari ; la glace soutenait même les charrettes. Ce fut bien autre chose en 401, sous l'empire d'Arcadius : la mer Noire fut gelée pendant 20 jours ; et quand la glace fut rompue, on en voyait passer devant Constantinople des monceaux effroyables.

D'un autre côté, quoi qu'en aient dit les anciens, et quoi que pensent les Turcs de cette mer, qu'ils ont nommée Noire, elle n'a rien de noir que le nom ; les vents n'y soufflent pas avec plus de furie, et les orages n'y sont guère plus fréquents que sur les autres mers. Il faut cependant pardonner les exagérations aux poètes anciens, et surtout aux chagrins d'Ovide ; mais le sable de la mer Noire est de même couleur que celui de la mer Blanche, et ses eaux sont aussi claires : en un mot, si les côtes de cette mer, qui passent pour fort dangereuses, paraissent sombres de loin, ce sont les bois qui les couvrent, ou le grand éloignement qui leur donnent le coup d'oeil noirâtre.

Valerius Flaccus, qui a décrit poétiquement le voyage des Argonautes, assure que le ciel de la mer Noire est toujours brouillé, et qu'on n'y voit jamais de temps bien formé ; mais nos navigateurs qui ont couru cette mer, démentent hautement ce fameux poète latin.

On voyage tout aussi surement sur la mer Noire, que dans les autres mers, si les vaisseaux sont conduits par de bons pilotes. Les Grecs et les Turcs ne sont guère plus habiles que Tiphys et Nauplius, qui conduisirent Jason, Hercule, Thésée et les autres héros de la Grèce, jusques sur les côtes de la Colchide, la Mingrelie de nos jours.

On voit par la route qu'Appollonius de Rhodes leur fit tenir, que toute leur science aboutissait, suivant le conseil de Phinée, ce roi de Thrace qui était aveugle, à éviter les écueils qui se trouvent sur la côte méridionale de la mer Noire, sans oser pourtant se mettre au large ; c'est-à-dire, qu'il fallait n'y passer que dans le temps calme. Les Grecs et les Turcs ont presque les mêmes maximes. Ils n'ont pas l'usage des cartes marines, et sachant à peine qu'une des pointes de la boussole se tourne vers le nord ; ils perdent la tête dès qu'ils perdent les terres de vue. Enfin, ceux qui ont le plus d'expérience parmi eux, au lieu de compter par les rhumbs de vent, passent pour fort habiles lorsqu'ils savent que pour aller à Caffa, il faut prendre à main gauche en sortant du canal de la mer Noire ; que pour aller à Trébizonde, il faut se détourner à droite. A l'égard de la manœuvre, ils l'ignorent tout à fait, leur seule science consiste à ramer.

On a beau dire que les vagues de la mer Noire sont courtes, et par conséquent violentes, il est certain qu'elles sont plus étendues et moins coupées que celles de la mer Blanche, laquelle est partagée par une infinité de canaux qui sont entre les iles. Ce qu'il y a de plus fâcheux pour ceux qui navigent sur la mer Noire, c'est qu'elle a peu de bons ports, et que la plupart de ses rades sont découvertes ; mais ces ports seraient inutiles à des pilotes qui, dans une tempête, n'auraient pas l'adresse de s'y retirer.

Pour assurer la navigation de cette mer, toute autre nation que les Turcs formerait de bons pilotes, reparerait les ports, y bâtirait des moles, y établirait des magasins ; mais leur esprit n'est pas tourné de ce côté-là. Les Génois n'avaient pas manqué de prendre toutes ces précautions, lors de la décadence de l'empire des Grecs, et lorsqu'ils faisaient tout le commerce de la mer Noire, après en avoir occupé les meilleures places. Mahomet les en chassa, et depuis ce temps-là les Turcs ayant tout laissé ruiner par leur négligence, n'ont jamais voulu permettre aux Francs d'y naviger, quelques avantages qu'on leur ait proposé pour en obtenir la permission.

Les côtes de la mer Noire fournissent abondamment tout ce qu'il faut pour remplir les arsenaux, les magasins et les ports du grand-seigneur. Comme elles sont couvertes de forêts et de villages, les habitants sont obligés de couper des bois et de les scier. Quelques-uns travaillent aux clous, les autres aux voiles, aux cordes et agrès nécessaires pour les felouques, caïques et saïques de sa hautesse. C'est même de-là que les sultants ont tiré leurs plus puissantes flottes, dans le temps de leurs conquêtes ; et rien ne serait plus aisé que de rétablir leur marine. Le pays est fertile, il abonde en vivres, comme blé, riz, viande, beurre, fromages, et les gens y vivent très-sobrement (D.J.)

MER DU NORD, (Géographie) on appelle ainsi la partie de mer qui lave les côtes orientales de l'Amérique, depuis la ligne équinoxiale au midi, jusqu'à la mer glaciale au septentrion. Le golfe du Mexique fait partie de cette mer. Elle comprend un grand nombre d'iles : Terre-Neuve, les Açores, les Lucayes, Cuba, S. Domingue, la Jamaïque et les Antilles, sont les principales.

On appelle aussi mer du nord, la partie de l'Océan qui est entre l'Islande et la Norvège. (D.J.)

MER ROUGE, (Géographie) Oceanus ruber dans Horace ; golfe de l'Océan méridional, qui sépare l'Afrique de l'Asie, et s'engage dans les terres entre la côte d'Abeck, l'Egypte et l'Arabie, depuis le détroit de Babel-Mandel, jusqu'à l'isthme de Suez.

Les anciens l'ont nommé sinus Arabicus, le golfe d'Arabie, parce que les Arabes en ont occupé les deux côtés. L'Ecriture-sainte l'appelle la mer du suph, c'est-à-dire la mer du jonc, à cause de la grande quantité de joncs, ou de mousse de mer, qui se trouve dans son fonds et sur ses bords. Les Turcs la nomment la mer de Suez, et plus communément la mer de la Meque, parce que cette ville, pour laquelle ils ont une singulière vénération, est située près de cette mer.

On est en peine de savoir d'où vient ce nom de mer rouge. Pline liv. VI. c. 28, Strabon liv. XVI. pag. 520, et Quinte-Curce liv. X. avancent, sans aucune preuve, qu'on nomma cette mer Rouge, en grec Erythrea, d'un certain roi Erythros qui regna dans l'Arabie. Les modernes ont à leur tour cherché plusieurs étymologies de ce nom dont les plus savantes sont apparemment les moins vraies. Il en est de cette mer, comme de la mer Blanche, la mer Bleue, la mer Noire, la mer Vermeille, la mer Verte, etc. le hasard, la fantaisie, ou quelque événement particulier, a produit ces noms bizarres, qui ont ensuite fourni matière à l'érudition des critiques.

Il est plus important de remarquer que l'on a quelquefois étendu le nom de mer Rouge au sein Persique et à la mer des Indes ; faute de cette attention, les interpretes ont repris fort mal-à-propos, plusieurs endroits des anciens auteurs qu'ils n'ont pas entendus.

M. Delîle place la situation de la mer Rouge, selon sa longueur, à 51 degrés du méridien de Paris. Abulféda a donné la description la plus détaillée et la plus exacte de cette mer, qu'il nomme mer de Kolsum, parce que cette ville est située à l'extrémité de sa côte septentrionale, sous le 23. 45. de latitude.

Tout le monde sait le fameux miracle du passage de la mer rouge, lorsque le Seigneur ouvrit cette mer, la dessécha, et y fit passer à pied sec les Israélites, au nombre de six cent mille hommes, sans compter les vieillards, les femmes et les enfants.

Divers critiques, versés dans la connaissance du génie des langues orientales, ont cru pouvoir interprêter simplement le texte de l'Ecriture, quelque formel qu'il paraisse. Ils ont dit que Moïse, qui avait été longtemps sur la mer Rouge dans le pays de Madian, ayant observé qu'elle avait son flux et reflux réglé comme l'Océan, avait sagement profité du temps du reflux, pour faire passer le peuple hébreu ; et que les Egyptiens qui ignoraient la nature de cette mer, s'y étant témérairement engagés dans le temps du flux, furent enveloppés dans ses eaux, et périrent tous, comme dit l'historien sacré. C'est du moins ainsi que les prêtres de Memphis le racontaient, au rapport d'Artapane, apud Euseb. praepar. liv. IV. c. XVIIe

Josephe dans ses antiq. liv. II. ch. dernier, après avoir rapporté l'histoire du passage de la mer rouge, telle que Moïse l'a racontée, ajoute qu'on ne doit pas regarder ce fait comme impossible, parce que Dieu peut avoir ouvert un passage aux Hébreux, à travers les eaux de cette mer, comme il en ouvrit un, longtemps après, aux Macédoniens conduits par Alexandre, lorsqu'ils passèrent la mer de Pamphilie. Or les historiens qui ont parlé de ce passage des Macédoniens, disent qu'ils entrèrent dans la mer, et en cotoyèrent les bords, en marchant tout le jour dans l'eau jusqu'à la ceinture. Arrien lib. I. de exped. Alexandri, remarque qu'on n'y saurait passer quand le vent du midi souffle ; mais que le vent s'étant changé tout-à-coup, donna aux soldats le moyen d'y passer sans péril. C'est peut-être la réflexion de Josephe, qui a fait croire à quelques anciens, et à divers modernes, à S. Thomas par exemple, à Tostat, à Grotius, à Paul de Burgos, à Génébrad, à Vatable et à plus d'un rabbin, que les Israélites ne passèrent pas la mer Rouge d'un bord à l'autre ; mais seulement qu'ils la cotoyèrent, et remontèrent pendant le flux, de l'endroit où ils étaient à un autre endroit un peu plus haut, en faisant comme un demi cercle dans la mer.

On ne manque pas de savants qui sont attachés à refuter cette opinion. Voyez les principaux commentateurs de l'Ecriture sur l'Exode, ch. xiv. Voyez en particulier la dissertation de M. Leclerc, et celle de dom Calmet sur le passage de la mer Rouge. (D.J.)

MER DE SICILE, (Géographie) quoique ce nom convienne à toute la mer dont la Sicîle est environnée, on le donne principalement à celle qui est à l'orient et au midi, jusqu'à l'île de Malthe. (D.J.)

MER DU SUD, (Géographie) vaste partie de l'Océan, entre l'Amérique et l'Asie. Elle a été découverte le 25 Septembre 1513, par Vasco Nulles de Balboa, espagnol. Comme la première fois que les Espagnols la navigèrent, ils partaient d'Espagne pour le Pérou, et que par conséquent cette mer était au sud à leur égard, ils l'appelèrent mer du Sud. Ils l'ont aussi nommée la mer Pacifique, à cause des grands calmes qui y règnent en certains temps et en certains parages.

Elle a un grand golfe que l'on appelle la mer Vermeille. Le golfe de Kamtschatka peut être aussi considéré comme faisant partie de cette mer, surtout si on l'étend jusqu'au Japon et à la Chine, et que l'on y comprenne l'Océan oriental, les Philippines, etc.

La mer du Sud communique à l'Océan qui lave les côtes de l'Europe, 1°. par la mer des Indes, au midi de l'Afrique et de l'Asie ; 2°. par la mer Glaciale, au nord de l'Asie et de l'Europe ; 3°. par le détroit de Magellan ; 4°. par le midi des îles qui sont au midi de ce détroit ; 5°. enfin, il peut se faire qu'il y ait au nord de l'Amérique, par la baie de Hudson et par celle de Baffin, un passage vers cette mer.

Il y a longtemps qu'on tâche de découvrir le passage de la mer du nord à celle du sud par le nord-ouest. Les Espagnols instruits des tentatives fréquentes que les Anglais avaient déjà faites dans le XVIe siècle, en furent alarmés, et prirent la résolution de le chercher eux-mêmes par la mer du Sud, dans la vue que s'il s'y en trouvait effectivement un, de le fortifier si bien qu'ils en demeurassent les maîtres. Ils équipèrent pour cet effet quatre vaisseaux de guerre qu'ils mirent en mer le 3 Aout 1640 au port de Callao, sous la conduite de Barthelemi de Fuente, alors amiral de la nouvelle Espagne. Cet homme célèbre n'a pas trouvé le passage qu'il cherchait ; mais les autres découvertes qu'il fit, jointes à celles des Russes en 1731, nous donnent la connaissance de presque toute la partie septentrionale de la mer du Sud, et le dénouement de la difficulté sur la manière dont le nord de l'Amérique a pu être peuplé, rien n'étant plus aisé que de franchir le détroit qui la sépare de l'Asie, du moins dans les temps de glace où ce détroit est gelé.

Cependant les Anglais n'ont point encore abandonné l'espérance de trouver le passage à la mer du Sud par le nord-ouest, et c'est un objet sur lequel le parlement a tâché d'encourager les recherches. Il promit par un acte passé en 1745 une récompense magnifique aux navigateurs de la Grande-Bretagne qui en feraient la découverte. Ceux qui proposeront des vues sur cette matière, sont dans le cas d'obtenir une gratification, quand même leurs ouvertures n'auraient pas les degrés d'utilité qui sont spécifiés dans l'acte. Il suffit que leur système puisse être de quelque avantage au public, pour que les commissaires aient le droit de leur assigner une récompense proportionnée au mérite de leur travail.

MER DE TIBERIADE, (Géographie) et dans S. Matthieu, c. vi. . 18. mer de Galilée, à cause que la Galilée l'enveloppait du côté du nord et de l'orient. On la nomme encore lac de Génézareth, ou de Génézar. Ce n'est en effet qu'un petit lac auquel Joseph, de bello judaïc. l. III. c. XVIIIe donne environ douze milles de longueur, et deux de largeur ; son eau était fort poissonneuse. S. Pierre, S. André, S. Jacques, et S. Jean, qui étaient pêcheurs, exerçaient leur métier sur ce lac. Notre Seigneur y était souvent, Matth. XVe 29. Marc, j. 16. Jean, VIe 1. Luc, VIe Le Jourdain entrait dans ce lac, et en sortait ensuite ; mais il allait se perdre dans le lac Asphaltide.

MER DE TOSCANE, (Géographie) partie de la mer Méditerranée, le long des côtes occidentales d'Italie, depuis la rivière de Gènes jusqu'au royaume de Naples. Elle baigne les états du grand-duc, et l'état du saint siège de ce côté-là. On y trouve l'île d'Elbe et quelques autres.

MER VERMEILLE, (Géographie) grand golfe de l'Amérique septentrionale dans la mer du Sud, au midi occidental du nouveau Mexique, au couchant de la nouvelle Espagne, et au couchant septentrional de la presqu'île de Californie. M. Delîle et le P. Kino, jésuite, qui a fait le tour de cette mer, en ont donné la carte.

MER VERTE, (Géographie) les géographes orientaux appellent ainsi la mer qui baigne les côtes de Perse et celles d'Arabie.

MER DE ZABACHE, (Géographie) nom moderne de la mer, que les anciens ont appelée Palus méotide. Voyez ce mot. (D.J.)




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