S. m. pl. (Histoire ancienne) hommes qui s'avilirent sous les empereurs jusqu'à devenir les accusateurs, ou déclarés, ou secrets, de leurs concitoyens. Les tyrants avertis par leur conscience qu'il ne pouvait y avoir de sûreté pour eux au milieu des peuples qu'ils opprimaient, crurent que le seul moyen qu'ils avaient de connaître les périls dont ils étaient environnés, et de s'en garantir, c'était de s'attacher par l'intérêt et par l'ambition, des âmes viles qui se répandissent dans les familles, en surprissent les secrets, et les leur déférassent ; ce qui fut exécuté. Les délateurs commencèrent par sacrifier leurs ennemis : leur haine satisfaite, ils songèrent à contenter leur avarice ; ils accusèrent les particuliers les plus riches, dont ils partagèrent la dépouille avec l'homme sanguinaire et cruel qui les employait. Ils consultèrent ensuite les frayeurs incertaines et vagues du tyran ; et les têtes malheureuses sur lesquelles ses alarmes s'arrêtèrent un moment, furent des têtes proscrites. Lorsque les délateurs eurent dévasté la capitale, exterminé tout ce qu'il y avait d'honnêtes gens, et satisfait les passions des empereurs et les leurs, ils se vendirent aux passions des autres ; et celui qui était embarrassé de la vie d'un homme, n'avait qu'à acheter le crédit d'un délateur. On leur avait accordé la huitième et même la quatrième partie des biens de l'accusé ; ils en furent appelés quadruplatores. Néron les paya moins, sans-doute pour en gager un plus grand nombre. Antonin le pieux en fit mourir plusieurs ; d'autres furent battus de verges, envoyés en exil, ou mis au rang des esclaves : ceux qui échappèrent à ces châtiments, échappèrent rarement à l'infamie. Les bons princes n'ont point eu de délateurs. Voyez Tacite ; voyez aussi l'article suivant, et CALOMNIE. Lire la suite...