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Catégorie parente: Histoire
Catégorie : Art militaire
S. m. (Art militaire) sont une espèce de milice à cheval en Hongrie et en Pologne, qu'on oppose à la cavalerie othomane. Ils sont connus dans les troupes de France depuis 1692.

Les armes des hussards sont un grand sabre recourbé, ou un autre tout droit et fort large attaché à la ceinture avec des anneaux et des courroies. C'est pour sabrer à droite et à gauche, et pour frapper de haut em-bas. Quelques-uns ont une épée outre leur sabre, longue et menue qu'ils ne portent pas à leur côté. Il la mettent le long du cheval depuis le poitrail jusqu'à la croupe, au défaut de la selle, et en piquant panché sur la tête du cheval. Ils s'en servent pour embrocher les ennemis. Je me sers de ce terme, parce que cette épée est une espèce de broche. Quand ils en usent, ils l'appuient sur le genou ; ils ont encore des pistolets et une carabine, et de très-grandes gibecières en bandoulière, en forme de havresac. Ils ne se servent pas si communément en France de cette broche, mais c'est une de leurs armes dans les troupes de l'empereur ; on appelle cette arme penseretesche ou palache ; elle a cinq pieds de long. Leur manière la plus ordinaire de combattre, est d'envelopper l'ennemi, de l'effrayer par leurs cris et leurs divers mouvements. Comme ils sont fort adroits à manier leurs chevaux qui sont de petite taille, qu'ils ont les étriers fort courts, et les éperons près des flancs du cheval, ils les forcent à courir plus vite que la grosse cavalerie. Ils s'élèvent au-dessus de leurs selles, et sont dangereux, surtout contre les fuyards. Ils se rallient très-aisément, et passent un défilé avec beaucoup de vitesse. Ce qui rend leurs chevaux encore plus vites, c'est que n'ayant que des bridons, ils en ont la respiration plus libre, et pâturent à la moindre alte sans débrider. Quand ils font alte après quelque course vive, ils tirent les oreilles et la queue à leurs chevaux pour les délasser. Leurs selles sont d'un bois fort léger, et courtes avec deux arçons également relevés devant comme derrière : au lieu des anneaux, ce sont des tresses de grosse ficelle ; elles sont posées sur de bonnes couvertures en plusieurs doubles, qui leur servent pour se coucher et couvrir leurs chevaux : le dessus des selles sont des peaux avec leur poil, qui couvrent leurs pistolets aussi-bien que leurs housses. Ces peaux vont depuis le poitrail du cheval jusqu'à la queue et aux jarrets, et tombent en pointe sur les cuisses.

Leurs trompettes sont fort petites, et n'ont guère plus de son que les cors des postillons ; leurs étendarts sont en pointe. Et dans les armées de France, ils sont d'ordinaire parsemés de fleurs-de-lis : leurs housses sont de même ; et pour être moins connus dans le pays ennemi, ils les roulent sur la croupe de leurs chevaux, et plient leurs étendarts. Leur manière de camper n'est pas régulière ; ils s'attachent à la commodité, et s'embarrassent peu du fourrage, parce qu'ils ne restent pas dans le camp : ils ont très-peu d'équipage, parce que leurs chevaux sont fort petits, et souvent en course. Leur discipline est exacte, la subordination grande, et les châtiments rudes. Le plus ordinaire est la bastonnade sur le dos et sur le derrière, d'un nombre de coups marqués. On se sert utilement de cette milice dans les partis pour aller à la découverte, et à l'avant et à l'arriere-garde pour couvrir un fourrage, parce que c'est une troupe fort légère pour les courses ; mais ils ne peuvent tenir contre des escadrons en ordre de bataille.

L'habillement des hussards est tout différent de celui des autres troupes. Ils ont une espèce de pourpoint ou de veste qui ne Ve qu'à la ceinture ; les manches en sont fort étroites, et retroussées avec un bouton : ils ont une grande culotte en pantalon, c'est-à-dire qu'elle tient au bas des chausses : ils ont des bottines jusqu'aux genoux sans genouillières, et qui tiennent aux souliers qui sont arrondis avec de petits talons ; il y en a qui ont des talons de fer. Les chemises des soldats sont fort courtes, et ils en changent rarement ; c'est pourquoi plusieurs en ont de toîle de coton bleue : leurs manteaux ne sont guère plus longs que leurs pourpoints ; ils les mettent du côté que vient la pluie : leurs bonnets sont longs, et ils les bordent de peaux ; la plus grande partie à la tête rasée, et ne laisse qu'un petit toupet de cheveux du côté droit.

Les officiers sont plus proprement habillés, chacun selon son gout, et sa dignité ; ils sont même magnifiques en habillements, en armes, en peaux, en harnais, en fourrures ; ils ornent leurs bonnets de belles aigrettes : il y en a qui ont quelques lames de vermillon d'argent qui se plaquent du côté droit, pour marquer par-là le nombre des combats où ils ont été ; et une boule d'argent sur la poitrine quand ils sont à cheval, pour marquer la noblesse. Les officiers des hussards sont le colonel, le lieutenant-colonel, les capitaines, et à peu-près comme dans le reste de la cavalerie. Histoire de la milice française, par le P. Daniel. (Q)




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