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Catégorie parente: Histoire
Catégorie : Art militaire
S. f. (Artillerie) est un gros boulet creux que l'on remplit de poudre, et qu'on jette par le moyen du mortier sur les endroits qu'on veut détruire. Elle produit deux effets ; savoir, celui de ruiner les édifices les plus solides par son poids ; et celui de causer beaucoup de désordre par ses éclats : car lorsque la poudre dont elle est chargée prend feu, son effort rompt ou crève la bombe, et en fait sauter les éclats à la ronde.

Le mot de bombe vient de bombus, crepitus, ou sibilus ani, à cause du bruit qu'elle fait.

M. Blondel croit que les premières bombes furent jetées, en 1588, au siège de Wachtendonck, ville du duché de Gueldres. D'autres prétendent qu'un siècle auparavant, en 1495, on en jeta à Naples sous Charles VIII. et ils tâchent de le prouver par un endroit du Verger d'honneur, composé par Octavien de Saint-Gelais, et par André de la Vigne. Strada dit que ce fut un habitant de Venlo qui se mêlait de faire des feux d'artifice, qui inventa les bombes. Les habitants de cette ville se proposèrent de régaler de cette invention le duc de Clèves qui était venu chez eux, et à qui ils avaient donné un grand repas. Ils voulurent donc en faire la première expérience devant lui, et elle réussit beaucoup mieux qu'ils ne l'avaient prétendu : car la bombe étant tombée sur une maison, elle enfonça le tait et les planchers, et y mit le feu, qui s'étant communiqué aux maisons voisines, brula les deux tiers de la ville, le feu étant devenu si violent qu'il ne fut pas possible d'arrêter l'incendie. Le duc se servit de cette invention au siège de Wachtendonck, qu'il entreprit peu de jours après.

" Je sais, ajoute Strada, que quelques-uns ont écrit qu'un mois ou deux auparavant, une pareille expérience avait été faite à Berg-op-zoom par un Italien déserteur des troupes d'Espagne, qui s'était donné aux Hollandais, et leur avait promis de faire des boules creuses de pierre ou de fer, qui étant jetées dans une ville assiégée, et se crevant après leur chute, mettaient le feu par-tout : mais comme il préparait son artifice, une étincelle étant tombée sur la poudre, il en fut tué, et laissa en mourant ceux pour qui il travaillait, dans l'incertitude si son secret aurait réussi ".

C'est seulement au siège de la Motte, en 1634, qu'on voit le premier usage des bombes en France. Le roi Louis XIII. avait fait venir de Hollande un ingénieur Anglais nommé Mathus, qui employa les bombes avec succès en différents siéges, et qui fut tué à celui de Gravelines en 1658. Nous avons un livre de cet ingénieur, intitulé pratique de la guerre, contenant l'usage de l'artillerie, bombe, &c.

Les figures 5 et 6. de la Pl. VII. de l'art milit. peuvent servir à donner une idée exacte de la bombe.

La fig. 5. fait voir une bombe telle qu'elle parait à la vue, et la fig. 6. en fait voir la coupe ou le profil.

Les parties A et B sont les anses de la bombe, et F est la lumière de la fig. 5. Dans la fig. 6. l'épaisseur du métal est marquée par l'espace rempli de petits points ; C D est la fusée de la bombe enfoncée par la lumière C qui est entre les anses A et B. Voyez FUSEE et MORTIER. Cette fusée sert à porter le feu dans la poudre dont la bombe est chargée, laquelle poudre en s'enflammant, fait crever la bombe.

La bombe qui est jetée par un mortier de 18 pouces 4 lignes de diamètre, qui contient douze livres de poudre dans sa chambre concave en forme de poix, appelée de la nouvelle invention, a dix-sept pouces dix lignes de diamètre. Voyez CHAMBRE.

Elle a deux pouces d'épaisseur par-tout, excepté au culot qui a deux pouces dix lignes.

Sa lumière a 20 lignes d'ouverture dehors, et dedans elle contient 48 livres de poudre, et pese sans sa charge 490 livres et un peu plus ; elle a deux anses coulées auprès de la lumière.

Le mortier qui a 11 pouces 6 lignes de diamètre, contient dans sa chambre 18 livres de poudre. Sa bombe a 11 pouces 8 lignes de diamètre ; 1 pouce 4 lignes d'épaisseur par-tout, hors le culot qui a un pouce 8 lignes ; sa lumière a 26 lignes d'ouverture par-dessus et par-dedans ; elle contient quinze livres de poudre, elle a deux anses coulées auprès de sa lumière, et elle pese sans sa charge environ 130 livres.

Les bombes qui sont jetées par des mortiers de 12 pouces, 3, 4 et jusqu'à 6 lignes de diamètre, et qui ont dans leurs chambres concaves 12 et 8 livres de poudre, ont les mêmes proportions que la précédente.

C'est aussi la même chose pour la bombe qui sert au mortier ordinaire de 12 pouces, qui contient dans sa chambre 5 à 6 livres de poudre.

La bombe jetée par un mortier de 8 pouces 4 lignes de diamètre, et qui porte 1 livre et 3/4 de poudre dans sa chambre, a 8 pouces de diamètre, 10 lignes d'épaisseur par-tout, hors du culot qui en a 13. Sa lumière a un pouce de diamètre par-dessus et par-dedans. Elle contient quatre livres de poudre ; elle a des anses de fer battu coulées avec la bombe, et elle pese sans sa charge 35 livres.

La bombe jetée par un mortier de 6 pouces 1/4 de diamètre, qui porte dans sa chambre une livre et un peu plus de poudre, a 6 pouces de diamètre, 8 lignes par-tout, hors par le culot où elle a 11 à 12 lignes ; sa lumière a 10 lignes d'ouverture par-dessus et par-dedans. Elle contient trois livres et demie de poudre, et elle pese sans sa charge, 20 livres ou environ ; ces sortes de bombes n'ont point d'anses ordinairement.

Il y a des cas où l'on peut diminuer la poudre dont la bombe est chargée, c'est-à-dire lorsqu'on n'emploie les bombes que pour ruiner les édifices, sans vouloir y mettre le feu, ou pour tirer sur les troupes ; car alors l'objet de la charge n'est que de faire crever la bombe ; par conséquent il ne faut que la quantité de poudre nécessaire pour produire cet effet. Or suivant ce qui est rapporté dans le Traité des armes et machines en usage à la guerre depuis l'invention de la poudre, M. Belidor a trouvé que trois livres de poudre était tout ce qu'il fallait pour faire crever les bombes de 12 pouces, et 1 livre pour celles de 8 ; ce qui doit faire présumer que 8 ou 10 livres suffiraient pour charger les bombes de 18 pouces au lieu des 48 liv. dont on les charge ordinairement.

La fig. 7. de la Pl. VII. de l'art milit. fait connaître comment l'on coule une bombe de 11 pouces 8 lignes, et ainsi des autres.

E, noyau de terre.

F, place qu'occupe le métal, formant l'épaisseur de la bombe, et d'où l'on a tiré la terre douce qui était entre le noyau et la chape.

Il faut observer que la terre se tire aisément, parce que la chape est de deux pièces.

G, chape qui est de terre fort dure et recuite.

H, est la lance qui passe au-travers du noyau, et qui le suspend en l'air pour laisser couler le métal entre le noyau et la chape.

I, I, ouvertures où sont placées les anses, et par lesquelles on coule la bombe.

Pour qu'une bombe soit bien conditionnée, il faut qu'elle soit de bonne fonte, et d'une matière douce et liante, pour éviter les soufflures, les chambres et les évents, en sorte qu'elle soit à toute sorte d'épreuve. Elle doit être bien nette en-dedans, et il faut que le morceau de fer qui tient toujours au culot après la fonte, et que l'on appelle lance, soit rompu.

La bombe doit être encore bien coupée, bien ébarbée par le dehors, et bien ronde ; avoir sa lumière bien saine et les anses entières, afin de la placer plus aisément dans le mortier.

Manière de charger les bombes. Pour charger les bombes, il faut les emplir de poudre avec un entonnoir, y mettre ensuite la fusée C D, fig. 6. Pl. VII. de l'art milit. qu'on frappe ou enfonce dans la lumière de la bombe avec un maillet de bois, et jamais de fer, crainte d'accident. A l'égard de la manière de l'exécuter avec le mortier, voyez MORTIER et BATTERIE DE MORTIERS. (Q)

La théorie du jet des bombes est l'objet principal de la Balistique. Voyez BALISTIQUE. On trouvera cette théorie expliquée à l'article PROJECTILE.

BOMBE, adj. (Coupe des pierres) se dit d'un arc peu élevé au-dessus de sa corde, ou d'un petit arc d'un très-grand cercle.

Lorsqu'au lieu de s'élever au-dessus, l'arc s'abaisse au-dessous de sa corde, on l'appelle bombé en contrebas, comme il arrive aux plates-bandes mal-faites. (D)




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