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Catégorie parente: Histoire
Catégorie : Art militaire
S. m. (Art militaire) manière d'assiéger une place qu'on veut prendre par famine, en bouchant tous les passages, et se saisissant de toutes les avenues, de façon qu'aucun renfort, ni provisions, ni autre chose, ne puissent passer. Voyez SIEGE.

Ce mot vient de l'allemand blochus, ou blockhause, boulevard, ou maison de bois ; ou du gaulois blocal, barricade, quoique d'autres le dérivent du latin buculare, boucher un passage.

Le blocus n'est point un siège régulier ; car on n'y fait pas d'attaque, et on n'ouvre pas de tranchée, c'est la cavalerie qui forme le blocus.

L'objet du blocus est d'obliger ceux qui sont enfermés dans une ville de consommer toutes leurs provisions de bouche, pour les contraindre de se rendre faute de subsistance.

On voit par-là qu'un blocus doit être fort long, lorsqu'une place est bien munie : aussi ne prend-t-on guère le parti de réduire une place par ce moyen, qu'on ne soit informé que ses magasins sont dégarnis, ou bien lorsque la nature et la situation de la place ne permettent pas d'en approcher pour faire les attaques à l'ordinaire.

Les blocus se forment de deux manières : simplement, en fortifiant ou occupant des postes à quelque distance de la place, principalement sur les bords des rivières au-dessus et au-dessous, et sur les grands chemins et les avenues ; dans tous ces postes on tient de l'infanterie et des corps de cavalerie, lesquels se communiquent entr'eux pour veiller à ce qu'il n'entre point de vivres dans la place bloquée, où les besoins augmentant tous les jours, en font déserter la garnison, y causent des murmures et des soulevements, qui souvent forcent le gouverneur à se rendre par capitulation.

Le succès de cette espèce de blocus se fait longtemps attendre ; parce qu'il est presqu'impossible qu'il n'entre toujours quelques vivres, qui font au moins prendre un peu de patience aux assiégés. Son avantage est bien plus sensible, quand après avoir ainsi bloqué une place de loin pendant un temps considérable, on en forme ensuite le siège, parce qu'on la trouve plus aisément dépourvue de bien des choses nécessaires à sa défense.

L'autre espèce de blocus se fait de plus près, par des lignes de circonvallation et contrevallation dans lesquelles l'armée se place, lorsque, par exemple, après le gain d'une bataille, l'ennemi se serait retiré dans une ville qu'on saurait n'être pas bien pourvue de vivres, et qu'on présume de pouvoir affamer en peu de jours.

Ce cas n'arrive pas ordinairement ; parce qu'il serait trop imprudent à un général battu de s'exposer à perdre le reste de son armée ; en s'enfermant ainsi dans une mauvaise place. Ainsi l'usage des blocus se trouve beaucoup plus souvent dans la première espèce, que dans la seconde. Mémoires de M. de Feuquières. (Q)




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