S. m. (Histoire et Art militaire) signe ou enseigne militaire, sous laquelle les soldats s'assemblent pour combattre, et pour les autres fonctions militaires. Voyez ENSEIGNE.

L'enseigne ou le drapeau chez les Romains, n'était d'abord qu'une botte de foin ; on le fit ensuite de drap, d'où vient peut-être, dit d'Ablancourt, le mot de drapeau. Dans les différents royaumes de l'Europe il est de taffetas, attaché à une espèce de lance ou de pique d'environ dix pieds de longueur. Le drapeau est beaucoup plus grand que l'étendard, qui n'a guère qu'un pied et demi carré (voyez ETENDARD) ; &, suivant le P. Daniel, on ne remarque cette différence que depuis Louis XII. Les drapeaux ne servent que dans l'infanterie, la cavalerie a des étendards. Ces drapeaux sont portés par des officiers appelés enseignes. Chaque compagnie avait autrefois son drapeau ou son enseigne, et l'on comptait alors les compagnies d'infanterie par enseignes : on disait, par exemple, qu'il y avait dix enseignes en garnison dans une place, pour dire qu'il y avait dix compagnies d'infanterie. Toutes les compagnies d'infanterie, excepté celles du régiment des gardes françaises et suisses, n'ont pas chacune un drapeau ; il y en avait trois par bataillon d'infanterie française avant la dernière paix d'Aix-la-Chapelle : on les a depuis réduits à deux.

De quelque manière que les compagnies d'un bataillon soient dispersées, les drapeaux qui lui appartiennent doivent rester ensemble. Quand le régiment n'est pas campé, les drapeaux sont portés chez l'officier qui le commande ; ils sont toujours escortés par un détachement du régiment, avec un officier major à la tête. Chaque régiment a un drapeau blanc : c'était autrefois celui de la compagnie colonelle ; mais comme depuis la paix d'Aix-la-Chapelle, en 1748, les colonels n'ont plus de compagnies, non plus que les lieutenans-colonels, le drapeau blanc est attaché à la plus ancienne compagnie du régiment. Ce drapeau ne se porte jamais dans aucune garde, à moins que le colonel ne la monte lui-même pour le Roi ou pour monseigneur le Dauphin : alors il est d'usage de joindre au drapeau blanc un autre drapeau de couleur.

Les enseignes et les sous-lieutenans, lorsqu'il y en a, portent les drapeaux de leurs compagnies, et en leur absence les moins anciens du bataillon ; on en excepte les sous-lieutenans attachés aux compagnies des grenadiers. La même règle s'observe entre les lieutenans, lorsque les enseignes et les sous-lieutenans sont absens, ou qu'il n'y en a point : s'il n'y a point de lieutenant, le dernier capitaine porte le drapeau blanc lorsqu'on marche à l'ennemi. L'enseigne, ou celui qui porte le drapeau, ne doit jamais l'abandonner. Le malheur avenant d'un désavantage, dit l'auteur de l'alphabet militaire, le taffetas lui doit servir de linceuil pour l'ensevelir.

Il est d'usage de benir les drapeaux neufs que l'on donne aux régiments. Voyez l'article suiv. (Q)

* DRAPEAUX, (bénédiction des) Histoire ecclésiast. et cérém. relig. Cette cérémonie se fait avec beaucoup d'éclat, au bruit des tambours, des trompettes, et même de la mousqueterie des troupes qui sont sous les armes. Si la bénédiction a lieu dans une ville, elles se rendent en corps en l'église cathédrale, ou du moins à la plus considerable du lieu : là l'évêque ou quelqu'ecclesiastique de marque benit et consacre les drapeaux, qui y ont été portés pliés, par des prières, des signes de croix, et l'aspersion de l'eau benite : alors on les déploie, et les troupes les remportent en cérémonie. Voyez le détail dans les élements de l'art militaire, par M. d'Héricourt.

DRAPEAU, (Médecine) maladie des yeux, en latin panniculus.

Le drapeau est une espèce d'ongle ou d'excroissance variqueuse sur l'oeil, entrelacée de veines et d'artères gonflées d'un sang épais, et accompagnée d'inflammation, d'ulcération, de prurit et de douleur. C'est proprement le sebet des Arabes, et le plus fâcheux des trois espèces d'ongles. Voyez ONGLE.

Il provient ordinairement d'inflammation sur les yeux, de quelqu'épanchement de sang entre les membranes du blanc de l'oeil, d'un ulcère, ou d'autres semblables maladies du grand angle, qui par la rupture des vaisseaux capillaires, ont donné occasion au sang de s'amasser insensiblement dans les vaisseaux voisins ; de les gonfler par son séjour, et de les rendre variqueux.

Si ce mal est récent, et qu'il n'ait aucune malignité, ce qui est assez rare, on l'extirpera de la même manière que l'ongle ordinaire ; mais quand il est accompagné d'une cuisson et d'une demangeaison incommode, d'inflammation, de croute, d'ulcère, flux de larmes acres ; quand les vaisseaux sont gros et durs, rouges ou noirs ; quand le drapeau est fort élevé, que la cornée transparente est trouble, que les paupières sont tuméfiées, que le malade ressent une grande douleur à l'oeil, et qu'il ne peut souffrir le jour ; soit que tous ces symptômes se rencontrent en même temps, ou seulement en partie, il vaut mieux alors ne point entreprendre l'opération, et se contenter d'employer les collyres rafraichissants et anodins, pour apaiser ou pour adoucir la violence des symptômes, pendant qu'on travaillera par les remèdes généraux à corriger la masse du sang, et à détourner l'humeur qui se jette sur les yeux. Voilà les seuls secours de l'art dans ce triste état. Heureux ceux qui y joindront les ressources de la patience ! Art. de M(D.J.)

DRAPEAUX, terme de Papeterie ; ce sont les drilles ou vieux morceaux de toîle de chanvre ou de lin que les chiffonniers ramassent et dont on fabrique le papier. Voyez PAPIER.

DRAPEAU, terme de Doreur-relieur de livre ; c'est un linge avec lequel on essuie le dos et les bords, ou les parties où l'on a mis de l'or sur la couverture.

DRAPEAU, en terme de Tireur d'or, est un petit morceau de drap que le batteur tient entre ses doigts pour y faire passer le battu.