S. m. (Art militaire) officier qui commande en chef un régiment, soit de cavalerie, soit de dragons.

Skinner tire ce nom de colonie, prétendant que les chefs de colonies, appelés coloniales, pouvaient bien avoir donné le nom aux chefs militaires. Voyez COLONIE.

Dans les armées de France et d'Espagne, le nom de colonel est particulièrement affecté à l'infanterie et aux dragons, ceux qui commandent la cavalerie étant appelés mestres-de-camp.

Le titre de colonel est donné à celui qui commande un régiment de dragons, parce que les dragons sont réputés du corps de l'infanterie. On le donne aussi à celui qui commande un régiment de cavalerie étrangère. Il est pareillement donné à celui qui est le chef d'un régiment de la milice bourgeoise dans une ville. Il y a à Paris seize de ces sortes de colonels, et un colonel des archers de la ville.

Les colonels d'infanterie n'ont ce titre que depuis la suppression de la charge de colonel général de l'infanterie en 1661. Voyez COLONEL GENERAL DE L'INFANTERIE FRANÇOISE.

Il y a des colonels en pied, des colonels réformés, et des colonels de commission.

Les colonels réformés ont à proportion dans les régiments d'infanterie les mêmes prérogatives, que les mestres-de-camp réformés dans les régiments de cavalerie.

Les colonels en pied ont aussi à proportion la même autorité sur leurs subalternes, que les mestres-de-camp sur les officiers inférieurs dans les régiments de cavalerie : ils ont droit d'interdire les capitaines et les subalternes de leurs régiments quand ils manquent au service.

Lorsque dans une place fermée ou dans une garnison il se rencontre un colonel, c'est lui qui y commande, s'il n'y a pas de gouverneur ou de lieutenant de roi, ou quelqu'autre officier qui ait commission de commandant de la place.

Dans un arrangement de bataille le poste de colonel est à la tête du régiment trois pas avant les capitaines ; mais dans le moment de combattre, il ne doit déborder que d'un pas environ le premier rang, pour voir plus aisément la disposition du régiment à droite et à gauche. Les armes du colonel sont l'épée, l'esponton, et les pistolets, et tout au plus, s'il veut suivre les ordonnances, la calotte de fer dans le chapeau, et la cuirasse. Voyez MESTRE-DE-CAMP.

COLONEL GENERAL DE L'INFANTERIE FRANÇOISE, était autrefois le premier officier de l'infanterie. Cette charge fut érigée en charge de la couronne par le roi Henri III. en faveur du duc d'Epernon.

Ce prince attribua au colonel général le pouvoir de nommer généralement à toutes les charges qui vaqueraient dans l'infanterie française, sans excepter même celle de mestre-de-camp du régiment des gardes. Il lui donna aussi une justice particulière pour juger de la vie et de l'honneur des gens de guerre, sans être obligé d'y appeler d'autres officiers que les siens. Il augmenta les appointements de sa charge, et il y attacha de plus une grosse pension. Il tirait outre cela six deniers pour livre sur tous les payements du régiment des gardes, ce qui montait à une grosse somme. Les honneurs qu'on lui rendait étaient extraordinaires : la garde était montée devant son logis par deux compagnies avec le drapeau, et le tambour battait toutes les fois qu'il entrait ou sortait. Toutes les prérogatives attribuées à cette place, qui rendaient cet officier trop puissant, et maître, pour ainsi dire, de toute l'infanterie, donnèrent lieu à la suppression de cette charge. Cette suppression arriva à la mort du second duc d'Epernon, en 1661. Feu M. le duc d'Orléans régent du royaume la fit rétablir en faveur de M. le duc d'Orléans son fils, en 1721 ; mais ce prince ayant prié sa Majesté d'accepter sa démission de cet office, il fut de nouveau supprimé par l'ordonnance du 8 Décembre 1730, et sa Majesté a ordonné que les mestres-de-camp de ses régiments d'infanterie française et étrangère porteraient à l'avenir le titre de colonels.

Il y a en France trois colonels généraux, qui sont celui des Suisses et Grisons, celui de la cavalerie, et celui des dragons : mais outre que ces corps ne sont pas aussi considérables que celui de l'infanterie, ces colonels n'ont pas le même pouvoir sur leur corps que celui de l'infanterie en avait sur l'infanterie. C'est le Roi qui nomme à toutes les charges ; les officiers sont seulement obligés de prendre l'attache du colonel général. Dans les corps où il y a un colonel général, les commandants des régiments portent le titre de mestres-de-camp. Voyez MESTRE-DE-CAMP. (Q)

COLONEL-LIEUTENANT, c'est en France, dans les régiments des princes, l'officier qui a le régiment pour le commander en leur absence. (Q)