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Catégorie parente: Histoire
Catégorie : Art militaire
S. f. (Art militaire) est une machine de guerre dont se servaient les anciens pour lancer des traits d'une longueur et d'un poids surprenant ; elle chassait aussi des balles ou boulets de plomb égaux au poids des gros traits qu'elle lançait.

Les écrivains de l'antiquité, au moins le plus grand nombre, sont opposés les uns et les autres à l'égard de la baliste et de la catapulte. Voyez CATAPULTE. Ils confondent souvent ces deux machines, qui suivant M. le chevalier de Folard diffèrent beaucoup entr'elles dans leur usage comme dans leur construction.

Ammien Marcellin exprime la catapulte par le terme de tormentum, et quelquefois d'onagre. Voyez ONAGRE. Fraissart se sert de celui d'engin : celui-ci est trop général ; car on peut entendre par ce terme la baliste et la catapulte. Il y a aussi des auteurs qui lui ont donné le nom de scorpion : mais le scorpion chez ceux qui paraissent les mieux instruits, n'est autre chose que la baliste. Voyez SCORPION.

" La baliste, dit M. le chevalier de Folard, dont nous tirons la description suivante, formait comme un arc brisé ; elle avait deux bras, mais droits, et non pas courbes comme l'arc d'une arbalête, dont les forces agissantes sont dans les ressorts de l'arc même dans sa courbure : celles de la baliste sont dans les cercles comme celle de la catapulte : cela nous dispensera d'entrer dans une description trop détaillée de ses différentes parties. La figure en fera infiniment mieux comprendre la structure et la puissance qui la fait agir, que l'explication ne pourrait faire ". Voyez cette figure, Planche XII. de Fortification : elle a pour titre Baliste de siège. Voici le détail de ses principales parties.

Une baliste de cette espèce lançait des traits de soixante livres, longs de trois pieds neuf pouces et neuf lignes : cela-veut dire, s'il faut s'en fier à Vitruve, dit le chevalier de Folard, " que les trous des chapiteaux étaient de huit pouces neuf lignes de diamètre, c'est-à-dire le cinquième de la longueur du trait. Elle est composée d'une base 2, des dix montants 3, 4, de quinze diamètres et dix lignes de hauteur sans les tenons des deux traversans 5, 6 : leur longueur est de dix-sept diamètres dix lignes ; 7, sont les deux chapiteaux du traversant ; 5, 8, les chapiteaux de celui d'en-bas 6 ; ces deux traversant sont soutenus et fortifiés des deux poteaux équarris 9 ; de cinq diamètres de hauteur sans les tenons, et de deux pieds de grosseur comme les montants. L'intervalle d'entre les deux poteaux 9, et les deux montants 3, 4, où sont placés les chapiteaux, est de sept diamètres environ ; 10 sont les deux écheveaux de cordes de droit et de gauche ; 11 les deux bras engagés dans le centre des écheveaux : leur longueur est de dix diamètres, compris les deux crochets qui sont l'extrémité de chaque bras, où la corde, ou pour mieux dire, le gros câble est attaché comme la corde d'une arbalête. Ce câble doit être composé de plusieurs cordes de boyaux extrêmement tendues : il faut qu'il soit d'abord un peu court, parce qu'il s'allonge et se lâche dans le bandage : on l'accourcit en le tordant.

Les bouts des bras n'ont point de cuilleron comme celui de la catapulte ; à cela près ils doivent être semblables, parfaitement égaux dans leur grosseur, dans leur longueur, dans leur poids, et il faut qu'ils ne plient point dans le plus violent effort de leur tension. Les traits 13 ne doivent pas moins être égaux en tous sens que les bras, qui seront placés sur une même ligne parallèle, à même hauteur par conséquent, et au centre des deux écheveaux dans lesquels ils sont engagés.

Les deux montants 3, 4, doivent être courbes à l'endroit 14 où ils frappent dans la détente. Dans cette courbure on y pratiquera les coussinets 15, cet enfoncement fait que les bras se trouvent parallèles à l'écheveau, et qu'ils décrivent chacun un angle droit dans leur bandage, c'est-à-dire dans leur plus grande courbure. Il importe peu, à l'égard des balistes, que les deux bras frappent de leurs bouts ou de leur milieu contre les deux coussinets ; ainsi on peut, autant qu'on le juge à-propos, diminuer de la largeur des deux châssis où sont placés les deux écheveaux de cordes, sans retrancher de leur hauteur.

L'intervalle d'entre les deux poteaux 9, qui doit être au milieu des deux traversans, où l'on introduit l'arbrier 16, doit être un peu plus étroit que l'arbrier, afin de pratiquer une entaille dans l'intérieur des poteaux 9 de deux ou trois pouces des deux côtés, afin de le tenir ferme. C'est sur cet arbrier que l'on place le gros trait et que l'on pratique un canal parfaitement droit ; sa longueur se prend sur la courbure des deux bras avec la corde 12 : ainsi on connait la longueur qu'il faut donner au canal et jusqu'à l'endroit où la noix 17 de la détente se trouve placée pour recevoir la corde de l'arc à son centre. Cette noix sert d'arrêt, et la détente est semblable à celle des arbalêtes. Il y a une chose à observer à l'égard de l'arbrier : il faut qu'il soit placé juste à la hauteur de la corde qui doit friser dessus ; car si elle était plus haute, elle ne prendrait pas le trait ; et si elle appuyait trop fortement dessus, il y aurait du frottement sur le canal où le trait est étendu, ce qui diminuerait la puissance qui le chasse.

A deux pieds en-deçà de la détente est le travail 18, autour duquel se devide la corde ; et lorsqu'on veut bander la machine, on accroche la corde de l'arc à son centre par le moyen d'une main de fer 19. Cette main a deux crochets qui saisissent la corde en deux endroits pour l'amener. La distance d'un crochet à l'autre doit être plus grande que la largeur de la noix, qui doit avoir une ouverture au milieu comme celle des arbalêtes, dans laquelle on introduit le talon du trait contre la corde qui prend à la noix.

J'ai dit que les deux montants, 3, 4, étaient appuyés sur leur base à tenons et à mortaises ; ils devaient être appuyés et retenus encore par de puissantes contrefiches. Heron et Vitruve lui-même mettent une espèce de table ou d'échafaudage 20, sur lequel l'arbrier est en partie soutenu, dont la hauteur jointe à l'épaisseur de l'arbrier devait arriver juste à la hauteur de la corde 12. Je crois, dit toujours M. de Folard, que cette table n'était faite que pour aider à soutenir l'arbrier, qui devait être composé d'une grosse poutre de seize diamètres et de deux pieds de longueur, d'une de largeur et d'une d'épaisseur, conforme au trait qu'elle lançait. Ajoutez la force extraordinaire du bandage, capable de faire plier la plus forte poutre ; si son épaisseur ne surpasse sa largeur. J'imagine toutes ces raisons, pour prouver la nécessité de cette table, parce que je n'en vois aucune autre ; car à parler franchement, cette charpente parait un peu superflue : mais comme il faut respecter l'antiquité et l'expérience de ces sortes de machines que nous n'avons point, nous hasardons cette structure dans ce qui nous a paru inutile, qui ne l'est peut-être pas ".

Cette réflexion de M. de Folard est d'autant plus juste, que les anciens s'étant expliqués d'une manière fort obscure sur les différentes machines de guerre qui étaient en usage de leur temps, il est bien difficîle de se flatter d'avoir deviné juste tout ce qui concerne ces machines : aussi si M. de Folard dit un habîle journaliste, n'a pas toujours donné dans le vrai à cet égard, toujours peut-on dire qu'on lui a de grandes obligations, et qu'il en a peut-être approché plus que tous ceux qui ont travaillé avant lui sur le même sujet. Bibliothèque raisonnée des savants de l'Europe : tome V.

Au reste les anciens historiens rapportent des effets de ces machines qui nous paraissent presqu'incroyables. M. de Folard a eu soin de les rapporter dans son traité de l'attaque des places des anciens. Voyez CATAPULTE. (Q)




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