S. m. (Histoire moderne et Art militaire) c'était autrefois un cavalier armé de toutes pièces, c'est-à-dire qui avait pour armes défensives le casque, la cuirasse, et toutes les autres armures nécessaires pour couvrir toutes les parties du corps. Le cheval du gendarme avait la tête et les flancs aussi couverts d'armes défensives. Les cavaliers armés de cette manière, furent d'abord appelés hommes d'armes, et ensuite gendarmes. Voyez HOMME D'ARMES.

" De tout temps les hommes d'armes ou gendarmes, dit le P. Daniel, ont été regardés comme la plus noble partie de la milice française. Depuis l'institution des compagnies d'ordonnance par Charles VII. les grands seigneurs, les maréchaux de France, les connétables, les princes du sang, se sont fait honneur de commander ces sortes de compagnies ; et dans la suite les rois mêmes ont voulu en avoir une dont ils se faisaient les capitaines ". Histoire de la milice franç. tom. II. pag. 182.

Le poids considérable des armes du gendarme qui le rendait propre à soutenir un choc et à combattre de pied ferme, ne lui permettait pas de poursuivre l'ennemi lorsqu'il était rompu ; il y avait pour y suppléer une autre espèce de cavalerie plus légèrement armée, qu'on appelait par cette raison cavalerie légère.

Quoique cette différente manière d'armer la cavalerie ait été totalement abolie sous le règne de Louis XIV. on a conservé néanmoins le nom de gendarmerie à plusieurs corps qui avaient autrefois l'armure du gendarme ; et l'on a appelé cavalerie légère, tous les autres corps de la cavalerie.

Le corps de la gendarmerie de France est divisé en troupes particulières, appelées compagnies.

Les compagnies sont de deux sortes : les unes sont destinées à la garde du roi, et elles forment le corps qu'on appelle la maison du roi ; les autres, qui n'ont pas le même objet, retiennent l'ancien nom de gendarmerie, ou de compagnies d'ordonnance.

Les compagnies du corps de la gendarmerie qui composent la maison du roi, sont les quatre compagnies des gardes-du-corps, celle des gendarmes de la garde, celle des chevau-legers, et les deux compagnies de mousquetaires. La compagnie des grenadiers-à-cheval est toujours à la suite de ce corps, mais elle n'en fait pas partie.

Dans l'usage ordinaire, lorsqu'on veut exprimer un maître ou un cavalier des gendarmes de la maison du roi, on lui donne le titre de gendarme de la garde : on se sert simplement de celui de gendarme pour tous les maîtres des compagnies d'ordonnance.

La compagnie des gendarmes de la garde avait autrefois le premier rang dans la maison du roi. Les gardes-du-corps obtinrent ensuite ce privilège vers l'an 1665. " Sa majesté étant à Vincennes, dit le P. Daniel, fit une revue des troupes de sa maison, où les gendarmes qui avaient toujours eu la droite sur les gardes-du-corps, eurent ordre de passer à la gauche. La volonté du roi, et la grande ancienneté des quatre compagnies des gardes du roi, en comparaison des autres compagnies de la maison du roi, furent alors et ont été depuis, leur titre de préséance ". Histoire de la milice franç. t. II. p. 190.

Le même auteur prétend que c'est le roi Louis XIII. qui à son avenement à la couronne, voulant donner à la compagnie des gendarmes une marque particulière de confiance, la mit dans le corps de troupes destinées à sa garde.

Cette compagnie est de deux cent maîtres ; on l'augmente quelquefois jusqu'à deux cent quarante en temps de guerre. C'est le roi qui en est capitaine. Le commandant a le titre de capitaine-lieutenant, comme l'ont tous les autres commandants des compagnies qui composent le corps de la gendarmerie de France.

Les gendarmes de la garde ont, après le commandant, deux officiers supérieurs qui ont le titre de capitaines-sous-lieutenans. Ils ont de plus trois officiers, qui ont chacun le titre d'enseigne, et trois autres qui ont celui de guidon.

Il y a dix maréchaux-des-logis dans cette compagnie, parmi lesquels on en choisit deux pour remplir les fonctions de major, sous le titre d'aides-major.

Les deux sous-lieutenans des gendarmes de la garde ont, en qualité de capitaines-sous-lieutenans, la préséance et le commandement dans le service de la maison du roi, sur les lieutenans des gardes-du corps : c'est un privilège que n'ont point les autres sous-lieutenans des compagnies de la maison du roi.

La compagnie des gendarmes de la garde est divisée en quatre brigades. Il y en a une de service chaque quartier chez le Roi. Cette compagnie a rang immédiatement après les gardes-du-corps. A l'armée, son camp ferme la gauche de celui de la maison du roi.

Il y a quatre étendarts dans cette compagnie, savoir un à chaque brigade. Ils sont de satin blanc relevé en broderie d'or. Leurs devises sont des foudres qui tombent du ciel, avec ces mots pour âme, quo jubet iratus Jupiter. Ces étendarts sont déposés dans la ruelle du lit de Sa Majesté ; la compagnie les envoye prendre par un détachement lorsqu'elle en a besoin, et on les reporte au même lieu escortés par un pareil détachement.

La compagnie des chevau-legers de la garde du roi jouit de ce même privilège, pour le dépôt de ses étendarts.

L'uniforme des gendarmes de la garde est d'écarlate avec des galons d'or sur toutes les tailles ; les parements de l'habit sont de velours noir. Il y a quatre trompettes et un tymbalier à la suite de la compagnie.

Les gendarmes de la garde, ainsi que les autres maîtres de la maison du roi, ont d'abord le grade de lieutenant de cavalerie ; après quinze ans de service ils obtiennent celui de capitaine de cavalerie. Voyez GARDES-DU-CORPS.

Les compagnies d'ordonnance auxquelles on donne en particulier le nom de gendarmerie, sont au nombre de seize, qui forment huit escadrons.

Les quatre premières compagnies sont, 1°. les gendarmes écossais, 2°. les gendarmes anglais, 3°. les gendarmes bourguignons, 4°. les gendarmes flamands ; ces quatre premières compagnies sont celles du roi.

Les autres compagnies portent le nom des princes qui les commandent. Les gendarmes de la reine, les chevau-legers de la reine ; les gendarmes de M. le dauphin, les chevau-legers de M. le dauphin ; les gendarmes de Bourgogne, les chevau-legers de Bourgogne, etc. Chaque compagnie de gendarmes ou de chevau-legers est divisée en deux brigades ; le capitaine-lieutenant en entretient une, et le sous-lieutenant l'autre. Outre ces deux officiers il y a dans les compagnies des gendarmes pour troisième et quatrième officier un enseigne et un guidon ; et dans les compagnies de chevau-legers un premier cornette et un second cornette.

Les gendarmes et les chevau-legers sont armés comme la cavalerie. Ils sont habillés de rouge, avec quelques galons d'argent, et ils ont des bandoulières qui distinguent les compagnies.

Les capitaines-lieutenans des gendarmes ont rang de mestre-de-camp, aussi-bien que tous les sous-lieutenans, l'enseigne et le guidon des écossais. Ce rang a été fixé par une ordonnance du premier Mars 1718, laquelle accorde aussi aux enseignes et guidons des autres compagnies, le rang de lieutenant-colonel. Les maréchaux-des-logis de ce corps ont rang parmi les capitaines de cavalerie ; mais ils ne montent point aux charges supérieures de leurs compagnies. Tous les emplois, jusqu'à ceux des guidons compris, se vendent avec l'agrément et la permission du roi.

La compagnie des gendarmes écossais est très-ancienne ; elle était sur pied dès le temps de Charles VII. Elle était autrefois composée d'écossais ; mais il y a du temps qu'elle ne l'est plus que de français, comme les autres compagnies. Il lui reste encore pour privilèges particuliers, celui d'avoir rang avant les deux compagnies de mousquetaires : elle monte la garde à cheval chez le roi avant ces deux compagnies, lorsque sa majesté est à l'armée ou en voyage.

La gendarmerie forme à la guerre huit escadrons ; les huit premières compagnies sont les premières de chaque escadron, et les huit dernières achevent chaque escadron.

Toutes les compagnies de la maison du roi et de la gendarmerie sont subordonnées au commandant de la cavalerie, mais elles font corps entr'elles : elles ont un même commandant, qui a sous lui deux brigadiers ; savoir, l'un pour la maison du roi, et l'autre pour la gendarmerie. A l'armée la maison du roi et la gendarmerie campent ensemble. La gendarmerie est à la gauche des gendarmes de la garde ; son camp en est seulement séparé par un intervalle de vingt ou vingt-cinq taises.

La gendarmerie a la droite sur tous les régiments de cavalerie de l'armée. " C'est le corps, comme le dit le P. Daniel, le plus distingué après la maison du roi. Les quatre officiers supérieurs des compagnies sont toujours des personnes de naissance. Ce corps s'est souvent signalé et a beaucoup contribué au gain des batailles, comme à Senef, à Cassel, à la Marsaille, à Spire, et surtout il s'acquit beaucoup de gloire à la journée de Fleurus ". Histoire de la milice franç. tome II. page 233. (Q)