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Catégorie parente: Histoire
Catégorie : Art militaire
S. f. (Art militaire) on appelle ainsi dans l'Art militaire tous les endroits où l'on place du canon et des mortiers, soit pour tirer sur l'ennemi, soit pour la destruction ou l'attaque des places de guerre : ainsi une batterie de canon est une batterie qui ne contient que des canons, et une batterie de mortiers est celle qui est destinée au service des mortiers.

Dans un combat, on tire le canon à découvert sans qu'il y ait aucune élévation de terre qui couvre ceux qui le chargent et qui le font manœuvrer. Comme il n'a pas ordinairement alors de position fixe, et qu'il en change, suivant que le général le croit nécessaire, on ne peut lui pratiquer d'épaulement. Il n'en est pas de même dans l'attaque des places ; le canon s'établit fixement dans les lieux où on le juge utîle ; et il est absolument nécessaire, pour qu'on puisse le servir surement, qu'il soit derrière un parapet assez épais pour résister à l'effort du canon de la place.

La construction de ce parapet, qu'on appelle ordinairement épaulement, est proprement celle de la batterie. On en donnera ici le détail tel que M. de Vauban le donne dans son traité de l'attaque des places.

Il faut, autant que l'on peut, que le lit du canon, c'est-à-dire, l'endroit ou le terrain sur lequel il est placé, soit élevé de quelques pieds au-dessus du niveau de la campagne.

Il faut donner au parapet trois taises d'épaisseur, et sept pieds et demi de hauteur.

On construit ces parapets de terre, et de fascines ou saucissons.

On les trace avec un cordeau, ou avec de la meche, parallèlement aux parties de la fortification qu'on veut détruire. Cela fait, on prend de la terre sur le devant de la batterie, en y pratiquant pour cet effet un petit fossé. On fait alternativement un lit de terre bien foulé, et un lit de fascines mises en boutisses, c'est-à-dire couchées, selon leur longueur, dans la largeur du parapet ; on les attache bien solidement ensemble par des piquets qui les lient, de manière que tous ces différents lits ne font qu'un seul et même corps. On pose des fascines en parement, c'est-à-dire couchées, selon leur longueur, le long de tous les côtés du parapet ; elles sont attachées fortement avec des piquets à l'intérieur du parapet.

On élève d'abord ce parapet jusqu'à la hauteur de deux pieds et demi ou trois pieds, et l'on commence ensuite les embrasures du côté intérieur de la batterie. Elles se font de dix-huit pieds en dix-huit pieds, afin que le merlon ou la partie de l'épaulement qui est entre les embrasures, ait assez de solidité pour résister à l'effort du canon. Ces embrasures ont trois pieds d'ouverture du côté intérieur de la batterie, et neuf du côté extérieur.

Les embrasures étant ainsi tracées, on acheve d'élever le reste de l'épaulement, et l'on donne à la partie du parapet plus élevée que les embrasures, la pente ou le talud convenable pour que les merlons ne s'éboulent pas dedans.

On appelle genouillière de la batterie, la partie du parapet, depuis le niveau de la campagne jusqu'à l'ouverture des embrasures, dont les joues sont les deux côtés de l'épaisseur de l'épaulement, qui terminent l'embrasure de part et d'autre.

Le parapet ou l'épaulement étant achevé, on prépare les plates-formes vis-à-vis les embrasures. (Voyez PLATE-FORME) Lorsqu'elles sont achevées, on y fait conduire le canon.

La fig. 10. de la Planche VIII. de l'Art milit. mettra au fait de tout ce qui concerne les batteries de canon.

Elle représente le plan d'une batterie avec les plates-formes, et le canon posé dessus vis-à-vis les embrasures ; et la fig. 1. de la Planc. IX. fait voir le profil d'une batterie avec une pièce de canon dans son embrasure, et prette à tirer.

On ajoutera ici, pour plus de détail, la manière suivante de construire une batterie de canon devant une place assiégée : elle est tirée des Mémoires d'Artillerie de M. de S. Remy.

Le commissaire qui doit commander la batterie, commence par reconnaître le terrain avec quelques officiers de ceux qui doivent y servir, et ensuite il fait provision de toutes les choses nécessaires, comme des outils à pionniers de toutes sortes, le double de ce qu'il y aura de travailleurs ; il doit en prendre des qualités qu'il jugera à propos, selon le terrain, c'est-à-dire, pour une terre grasse et de gason, beaucoup de bêches.

Dans du sable, beaucoup de pelles de bois ferrées.

Dans des pierres ou dans la terre-ferme, des boyaux ou pics-boyaux.

Des serpes, masses, haches et demoiselles, deux de chaque façon par pièce ; des fascines et des piquets. Les fascines doivent être de cinq à six pieds de longueur, et environ dix pouces de diamètre, à chacune trois bons liens.

Les piquets doivent être de trois pieds et demi de longueur, et un pouce et demi de diamètre par le gros bout.

Lorsque le commissaire sera sur le terrain destiné pour la batterie, il la tracera avec de la meche et des fascines, et observera qu'elle soit parallèle à ce qu'on lui aura marqué de battre. Il donnera dix-huit ou vingt pieds d'épaisseur à l'épaulement, suivant les bonnes ou méchantes terres ; et supposé que la batterie soit de six pièces, il faudra prendre vingt taises de terrain ; et pour diligenter la batterie, il faudra du moins quatre-vingt travailleurs, qui seront partagés moitié d'un côté, moitié de l'autre, et environ à trois pieds l'un de l'autre.

A l'égard des commissaires et officiers qui seront destinés pour la batterie, il les postera de distance en distance d'un et d'autre côté, afin de faire travailler les soldats avec diligence ; après quoi il faudra jeter la terre pour faire l'épaulement : ceux qui seront dans le dedans de la batterie tireront de la terre de loin pour ne pas s'enfoncer ; et ceux du dehors et du côté de la place feront un fossé d'environ dix pieds de large et six pieds de profondeur, afin de trouver beaucoup de terre, tant pour se mettre à couvert du feu de la place, que pour faire l'épaulement.

Il fera laisser entre le fossé et la fascine qui aura servi à tracer la batterie, une berme d'environ trois ou quatre pieds, afin d'avoir plus de facilité à jeter la terre sur l'épaulement pour raccommoder la batterie lorsqu'elle sera éboulée par le souffle du canon de la batterie même, et par le canon de la place.

Lorsqu'on aura assez jeté de terre du fossé sur l'épaulement, ou que le jour commencera à faire voir de la place les travailleurs, alors le commissaire les fera retirer de derrière, et les fera passer devant pour toujours jeter de la terre sur l'épaulement avec les autres, et ensuite fasciner le devant de la batterie, aussi-bien que les deux extrémités qu'il faut faire en petit épaulement ; et pour cet effet il fera faire un petit fossé de côté et d'autre, afin d'avoir de la terre, tant pour se couvrir des pièces de la place, qui peuvent battre en rouage, que pour empêcher la communication et les passages, qui sont incommodes, des tranchées à la batterie ; et cette terre servira aussi pour emplir et fortifier les merlons des deux bouts.

Lorsque le parement de la batterie sera fasciné de trois pieds de hauteur, qui doit être celle de la genouillere, il partagera les vingt taises de terrain, qui font cent vingt pieds, en treize parties.

La première sera de neuf pieds, pour le premier merlon.

La seconde de deux pieds, pour une embrasure.

La troisième de dix-huit pieds, pour le merlon d'entre deux pièces, et tout le reste de même.

Ce sera encore pour le dernier merlon neuf pieds.

Il donnera de l'ouverture à l'embrasure en-dehors de neuf pieds, après quoi il partagera les embrasures aux commissaires et aux officiers qui seront avec lui, suivant qu'il se pratique ordinairement, afin que les commissaires fassent fasciner et piqueter avec soin leurs embrasures ; on observera de mettre toujours trois bons piquets par chacune fascine contre les liens. Il prendra garde de temps à autre que les commissaires ouvrent et dégorgent les embrasures, de manière qu'elles puissent battre en ligne directe, ce qui leur aura été marqué ; après quoi il fera toujours fasciner et jeter de la terre à la hauteur de six pieds ; et en cas que la batterie soit battue de quelque cavalier ou bastion élevé, il la fera hausser de sept à huit pieds, autant qu'il en sera besoin.

Quand les embrasures seront bien fascinées et dégorgées, et qu'il ne restera plus de terre que pour s'empêcher d'être Ve de la place, on travaillera aux plates-formes, et l'on commencera à mettre le terrain de niveau, en sorte qu'il n'y reste aucunes pierres, s'il se peut ; après quoi l'on doit poser le heurtoir qui sera de neuf pieds de longueur, sur neuf à dix pouces en carré, et ensuite le premier madrier qui sera de neuf pieds et 1/2 de longueur, sur un pied de large et deux pouces d'épaisseur.

Le second sera de dix pieds de longueur.

Le troisième de dix pieds et 1/2.

Et tous les autres en suivant jusqu'au nombre de dix-huit, et toujours un demi-pié de plus les uns que les autres, pour rendre la plate-forme depuis les heurtoirs jusqu'au dernier madrier de recul, de dix-huit pieds de long, et dix-huit pieds de large au recul.

La plate-forme sera relevée depuis le heurtoir jusqu'au dernier madrier de recul de neuf à dix pouces, et bien arrêtée au recul par deux gros piquets de bois de charpente ; après quoi il pourra demander à faire marcher le canon du grand parc, qui doit être armé pour chaque pièce de deux lanternes et deux refouloirs, autant d'écouvillons et de coins de mire, et de huit leviers.

Les canonniers ordonnés pour mettre le feu au canon, doivent avoir chacun deux dégorgeoirs, deux fourniments, deux boute-feux ; et pour toute la batterie, quelques tireboures du calibre des pièces.

Il faudra choisir un endroit pour un grand magasin à poudre pour toute la batterie, derrière un fossé relevé, ou redan de terre, et s'il n'y en a point, faire un épaulement à cinquante pas de la batterie. Quelques-uns même sont d'avis de porter ce magasin à cent pas, pour mettre à couvert une cinquantaine de barrils de poudre, et la sentinelle pour les garder.

Il faudra aussi avoir un petit magasin à poudre de deux pièces en deux pièces, qui puisse contenir deux tonneaux de poudre, éloigné du recul des pièces d'environ dix à douze pas, et couvert de fascines, avec un petit boyau de chaque côté pour y entrer, en cas que l'on soit Ve de la place.

Il est nécessaire que le canon arrive à nuit fermante à la batterie avec toutes les munitions, et qu'il y ait au moins de quoi tirer cent coups de chaque pièce. Ces munitions seront mises dans le grand magasin près la batterie, et dans les petits que l'on aura faits à dix pas des plates-formes ; et l'on ne perdra aucun temps pour faire placer les pièces, afin qu'elles puissent être logées et en état de tirer la nuit même, si le général l'ordonne, ou à l'ordinaire à la pointe du jour.

Le commissaire doit avoir soin, sur toutes choses, de visiter de temps en temps les grands et petits magasins ; afin qu'en prenant des mesures justes, il ne lui manque rien, ni poudre, ni boulets, ni fourrage. Il faut même qu'il ait toujours des fascines et des piquets pour raccommoder le soir les épaulements et les embrasures ; et surtout, que les plates-formes soient bien nettes, et qu'il ne s'y répande point de poudre, non plus que dans les magasins, afin de ne point courir le risque du feu qui arrive souvent sans toutes ces précautions.

Lorsque le canon est prêt à tirer, on fait détruire le côté extérieur des embrasures qu'on a laissé exprès d'une très-petite épaisseur, et seulement pour cacher ou masquer la batterie ou les embrasures : ou bien l'on tire le canon qui détruit bientôt cette espèce de petit rideau. C'est ce qu'on appelle démasquer une batterie.

Pour tout ce qui concerne le service d'une batterie de canon, voyez CHARGE et CANON.

La table suivante qui est aussi tirée des mémoires d'artillerie de M. de Saint-Remy, peut être fort utîle pour donner une connaissance exacte de toutes les choses nécessaires à la construction et au service des batteries de canon.

BATTERIES DU CHEMIN COUVERT, sont celles qu'on établit sur la partie supérieure du glacis pour battre en breche, lorsqu'on est maître du chemin couvert.

Ce qu'il y a d'essentiel à observer dans ces batteries, c'est d'en ouvrir les embrasures, en sorte qu'elles découvrent bien toutes les parties de la place qu'elles doivent battre, et qu'elles aient une assez grande pente du derrière au devant pour plonger jusqu'au-bas des revêtements que l'on veut ruiner. Comme leur construction est fort dangereuse, parce qu'elle se fait sous le feu du rempart de la place, on les masque quelquefois, c'est-à-dire, qu'on met devant les endroits où elles s'établissent, des sacs à laine, ou quelqu'autre chose qui cache les travailleurs à l'ennemi. Voyez BATTERIE A RICOCHET, voyez aussi Pl. XII. de l'Art milit. le plan des batteries du chemin couvert.

BATTERIE DE MORTIER ; c'est un lieu préparé pour tirer les mortiers sur une place assiégée. Ces batteries ne diffèrent de celles du canon, qu'en ce qu'on ne fait point d'embrasures à leur épaulement.

Les plates-formes de ces batteries ont un pied de longueur et six de largeur : le devant se pose à deux pieds de l'épaulement de la batterie.

Le magasin à poudre pour le service de la batterie, doit être derrière à quinze ou vingt pas, comme aux batteries de canon, avec un boyau de communication pour y aller en sûreté. On met des planches ou des fascines avec de la terre dessus pour le garantir du feu.

Les bombes chargées se mettent à côté du même magasin à cinq ou six pas de distance.

Pour ce qui concerne la manière de charger le mortier et de le pointer, voyez MORTIER et BOMBE.

Instruction de M. Camus des Touches, pour le service d'un mortier de douze pouces, à un siège. Lorsque la batterie est construite, et que les mortiers y sont logés, on assemble tout ce qui est nécessaire pour l'exécution. Savoir, une provision de bombes chargées ; une botte de fourrage ; de la terre douce ; deux couteaux de bois ou spatules ; une bêche ; un pic-boyau ; un balai ; quatre leviers ; une demoiselle ; un crochet ; une curete ou racloir ; un quart de cercle ; deux boute-feux ; deux coins de mire : chaque mortier doit être aussi fourni, et avoir à portée de quoi remplacer dans le besoin. Le magasin à poudre sera dans le milieu de la batterie, vingt ou vingt-cinq pas derrière ; et s'il faut un boyau pour y communiquer sans être vu, on le tirera du milieu de la batterie, ou de quatre mortiers en quatre mortiers, si la batterie est considérable ; observant de laisser un terre-plein entre le mortier et le commencement du boyau, afin qu'on puisse se remuer dans la batterie.

Les bombes chargées seront à côté du magasin à quelques pas de distance, la fusée renversée en terre. Les armes du mortier seront couchées à droite et à gauche.

Pour servir un mortier de douze pouces, il faut un cadet bombardier, et quatre servants. Le cadet et ces quatre servants doivent être placés comme il suit, avec ce qui sert au service du mortier.

Les deux boutefeux seront mis derrière le mortier. Le cadet bombardier doit avoir un quart de cercle et un dégorgeoir. Il a soin d'aller chercher la poudre dans un sac au petit magasin. Il charge le mortier avec une mesure, après avoir mis son dégorgeoir dans la lumière, et demande à l'officier qui commande, à combien de poudre il veut qu'on charge ; il la met dans la chambre du mortier, et l'égalise bien avec la main. Le premier servant de la gauche lui fournit un bouchon de fourrage ; le premier de la droite lui donne la demoiselle : le cadet refoule un petit coup le fourrage qu'il a mis sur la poudre. Le premier soldat de la gauche lui fournit de la terre douce sur la bêche, pour mettre dans la chambre, et achever de la remplir.

Le cadet, après avoir placé cette terre, la refoule à petits coups, puis de plus fort en plus fort, jusqu'à ce que la chambre soit pleine, et fait sur la superficie un lit pour asseoir la bombe. Le premier soldat de la droite remet la demoiselle en son lieu. Le second servant de la droite, et celui de la gauche, prennent un levier et le crochet, et apportent la bombe chargée, ils aident le cadet à la placer : le cadet pose la bombe bien droite dans l'âme du mortier. Le premier servant de la gauche lui fournit de la terre pour mettre autour de la bombe avec le couteau ou spatule, que le premier de la droite lui donne. Le cadet place la terre autour de la bombe, de manière que son centre se trouve, s'il est possible, dans l'axe de l'âme du mortier, que les anses soient en haut et tournées suivant l'alignement des tourillons.

Lorsque la bombe est placée dans le mortier, le cadet pointe en s'alignant sur le piquet planté au haut de l'épaulement, et qui sert à s'ajuster ; et pour cela les quatre servants ensemble prennent chacun un levier ; le premier de la droite et celui de la gauche embarrent devant, et les deux autres derrière : tous ensemble poussent le mortier en batterie, suivant le commandement de l'officier ou du cadet ; ensuite les deux premiers servants lui passent un levier sous le ventre, pour le baisser et le hausser suivant les degrés de hauteur que l'officier ou le cadet veulent lui donner ; et le second servant de la gauche pousse ou retire le coin de mire pour cet effet, au commandement qu'il en reçoit. Ce deuxième servant avec son camarade de la droite, prennent chacun un levier pour donner du flasque. Le mortier pointé, le cadet retire son dégorgeoir de la lumière, il amorce avec de la poudre fine, et met un peu de poulverin sur le bassinet et sur la fusée de la bombe, après avoir gratté la composition avec la pointe de son dégorgeoir, afin que le feu y prenne promptement. Le premier servant de la droite prend le boutefeu, met le feu à la fusée. Le premier servant de la gauche met le feu au mortier au commandement de l'officier ou du cadet, qui ne se donne que quand la fusée est bien allumée. Lorsque son coup n'a pas beaucoup de portée, il laisse bruler quelque temps la fusée, et ordonne le feu au mortier suivant l'estimation du temps qu'elle doit encore durer, en sorte qu'elle puisse crever au moment après qu'elle est tombée ; la longueur de la fusée se connait en comptant 1, 2, 3, etc. également depuis son commencement jusqu'à sa fin. Le cadet ou l'officier, en donnant le commandement, se tiennent à portée de pouvoir observer leur coup, pour se corriger, et mieux ajuster dans la suite. Quand la bombe est partie, le premier servant de la droite nettoie le mortier avec la curete ou racloir, et un bouchon de fourrage, que celui de sa gauche lui donne. Le second servant de la gauche, a le soin de balayer toujours pendant qu'on sert la pièce, afin qu'il ne reste point de poudre qui puisse mettre le feu à la batterie. Les deux seconds servants prennent chacun un levier, les placent sous le ventre du mortier pour le mettre debout, et en état d'être rechargé. Le cadet Ve à la poudre avec un sac, charge le mortier avec la mesure, etc. chacun reprend le même poste et ses mêmes fonctions enseignées ci-dessus. Pour charger les bombes, on les emplit de poudre avec un entonnoir ; on fait ensuite entrer la fusée par le petit bout dans la lumière de la bombe, et on l'enfonce avec un repoussoir de bois à coups de maillet de bois, et jamais de fer.

Les petits mortiers se servent à proportion comme celui de douze pouces. Ceux à grenades sont servis par un seul homme ; à l'égard du pierrier, il ne faut que trois hommes. La différence qu'il y a de son service à celui du mortier, est qu'au lieu de la bombe, on met des pierres dans l'âme, sous lesquelles on place un plateau ou une pierre plate, lesquels couvrent la chambre. Ces pierres sont arrangées jusqu'à la bouche ; quelquefois on les met dans un panier. Il faut faire un amas de pierres à portée de la batterie, et dans la batterie même, et surtout en avoir quelques-unes de larges pour mettre au fond du pierrier : ces pierres tiennent lieu de plateaux, il faut aussi que chaque pierrier soit muni d'une bonne civière pour aller chercher les pierres.

Le pierrier se met en batterie, et se pointe comme un mortier : le principal Bombardier a soin de bien arranger les pierres ; et soit qu'on se serve du panier ou qu'on ne s'en serve pas, il faut qu'il y ait de la terre autour pour ajuster la charge, ainsi qu'on en use autour de la bombe. Chacun de messieurs les commandants de l'école peuvent réduire l'exercice du mortier à la voix ou au tambour : mais il faut observer que chacune des fonctions soit dans l'ordre de la présente instruction.

Les soldats servants qui se trouveront le plus d'intelligence, seront quelquefois employés aux fonctions de cadets ; on les changera de place de temps en temps, afin qu'ils sachent servir également dans les postes de droite ou de gauche, de premier ou de second servant. Les officiers et les sergens tiendront chacun dans leur devoir, et surtout veilleront à la propreté de la batterie ; en sorte qu'il n'y ait point de poudre à terre, ou sur la plate-forme, qui puisse causer aucun danger ; le feu est bien plus à craindre dans une batterie de mortiers, à cause des bombes chargées qui s'y trouvent : les plus exactes précautions y sont nécessaires.

Il est à remarquer qu'une plate-forme de mortiers ne peut avoir trop de solidité : de-là dépend la justesse du mortier ; il faut que les lambourdes aient au moins six pouces en carré.

Recapitulation des différentes fonctions des cadets bombardiers et soldats, dans l'exécution du mortier de douze pouces.

Le cadet Ve chercher la poudre ; met le dégorgeoir dans la lumière ; charge le mortier ; met le fourrage sur la poudre, refoule avec la demoiselle sur le fourrage ; refoule la terre douce ; pose la bombe, et met de la terre à-l'entour ; s'aligne sur ce qu'il veut battre ; donne l'élévation avec le quart de cercle ; retire le dégorgeoir de la lumière ; amorce et gratte la composition de la fusée ; ordonne le feu au mortier ; observe le coup.

Premier servant de la gauche : donne le fourrage au cadet, fournit la terre douce pour la chambre, donne la terre pour mettre autour de la bombe, embarre sur le devant de l'affut pour l'alignement du mortier sur le piquet, passe un levier sous le ventre du mortier pour l'élevation, met le feu au mortier, donne du fourrage à son camarade pour nettoyer.

Premier servant de la droite : donne la demoiselle au cadet, la remet en sa place, donne le couteau ou spatule, embarre au-devant de l'affut pour l'alignement sur le piquet, passe un levier sous le ventre du mortier pour l'élevation, prend le boute-feu, et met le feu à la fusée, nettoie le mortier avec la curete.

Deuxième servant à la gauche : Ve chercher la bombe chargée, aide au cadet à la placer, embarre au derrière de l'affut pour l'alignement, pousse ou retire le coin derrière pour l'élevation, prend un levier et met le mortier debout.

Deuxième servant de la droite : Ve chercher la bombe chargée, aide au cadet à la placer, embarre au derrière de l'affut pour l'alignement, prend un levier, et met le mortier debout, balaye la batterie. Mém. d'Artillerie de S. Remy, troisième édition.

BATTERIE A RICOCHET, c'est celle qui est destinée à tirer le canon à ricochet.

On dit qu'on tire le canon à ricochet, lorsqu'on le charge d'une quantité de poudre capable seulement de chasser ou porter le boulet vers le commencement des faces des pièces attaquées. Il faut pour cela que le canon soit posté dans le prolongement de ces faces. Le boulet tiré de cette manière Ve en roulant et en bondissant, et il tue ou estropie tous ceux qu'il rencontre dans le cours de son mouvement. Il fait bien plus de désordre en allant ainsi mollement, que s'il était chassé avec force ou roideur.

Les batteries à ricochet ont été inventées par M. le maréchal de Vauban ; il commença à les employer au siege d'Ath en 1697. Voici ce qu'il prescrit touchant ces batteries, dans son traité de l'Attaque des places.

Pour tirer à ricochet il faut mettre les pièces sur la semelle, c'est-à-dire à toute volée, et charger avec des mesures remplies et raclées avec exactitude, versant la charge dans la lanterne, et la conduisant doucement au fond de la pièce, sur laquelle on coule la bourre, appuyant dessus avec le refouloir sans battre. La pièce étant chargée de la sorte, pointée et posée sur la semelle, comme il est dit ci-dessus, il n'y aura plus que le trop ou le trop peu de charge qui puisse empêcher le coup d'aller où l'on veut. Mais on a bien-tôt trouvé la véritable charge qu'il lui faut, car en chargeant toujours de même poudre et de mesure, on l'augmente ou diminue jusqu'à ce qu'on voie le boulet entrer dans l'ouvrage, effleurant le sommet du parapet ; ce qui se voit aisément, parce qu'on conduit le boulet à l'oeil. Quand on a une fois trouvé la vraie charge, il n'y a qu'à continuer : comme la pièce ne recule pas, au moins sensiblement, à cause de cette charge qui est beaucoup plus petite que la charge ordinaire, tant que la même poudre dure, le boulet se porte toujours où il doit aller.

Observez aussi que quand on change de poudre, il faut prendre garde au ricochet, et le régler de nouveau ; et quand il est trop fort, c'est-à-dire quand il élève considérablement, il sera bon de l'abaisser et d'employer pour cet effet le coin de mire, et augmenter la charge afin de le roidir un peu davantage ; il en devient plus dangereux : mais il faut prendre garde à deux choses ; l'une, de ne pas trop roidir, parce qu'il pourrait passer sans plonger ; et l'autre, qu'il rase toujours les paniers dont les soldats assiégés se couvrent ; et quand il en abat quelqu'un, il n'est que meilleur ; car c'est la perfection de bien tirer, que de raser toujours le sommet du parapet le plus près qu'il est possible, sans le toucher ; un peu d'expérience et d'attention l'ont bientôt réglé.

Il faut encore bien prendre garde à une chose, c'est que le ricochet ne doit pas faire bond sur le parapet des faces prolongées, mais sur le rempart qui est derrière ; c'est pourquoi il faut toujours laisser quatre taises ou environ, depuis le devant des pièces que l'on bat jusqu'à l'endroit où l'on pointe. Quand il y a lieu de changer d'objet et de battre en revers sur le chemin couvert, ou dans le fossé ou sur l'arrière des bastions, il n'y a qu'à donner un peu de flasque à la pièce, la repointer, et toujours l'abattre sur la semelle, et remonter ensuite le ricochet jusqu'à ce qu'on soit ajusté, après quoi il n'est plus nécessaire d'y retoucher. Quand les pièces sont dirigées sur ce qu'on veut battre, comme elles ne reculent point, on peut les affermir pour la nuit et le jour, et quand même il faudrait les contenir par des tringles clouées sur les plates-formes pour mieux s'en assurer, cela n'en serait que mieux.

Le nombre des pièces aux batteries à ricochets doit être depuis cinq jusqu'à huit ou dix ; si l'on en mettait moins, le ricochet serait trop lent, et laisserait du temps à l'ennemi, dont il pourrait se prévaloir pour travailler à ses retranchements.

Par cette raison on ne doit jamais permettre de tirer en salve, mais toujours un coup après l'autre par intervalles égaux.

On ne doit jamais non plus tirer à ricochet qu'on ne charge avec des mesures, c'est de quoi on doit être abondamment fourni.

Les mesures nécessaires doivent être de fer blanc, comme celles dont on mesure le sel, savoir, d'une once, de deux, de trois, de quatre, de huit qui font la demi-livre, de seize onces qui font la livre.

Cette quantité par chaque pièce doit suffire, et même on pourrait se contenter de moins ; car s'il s'agit de charger d'une once, vous en aurez la mesure, si de deux, vous l'avez aussi ; si de trois, de même ; si de quatre, vous l'avez encore ; si de cinq, ajoutez un à quatre ; si de six, ajoutez deux à quatre ; si de sept, ajoutez trois à quatre ; la huitième fait la demi-livre, qui répetée deux fois fait la livre ; trois fois fait la livre et demie ; quatre fois font deux livres.

Il vaut mieux néanmoins avoir quelques mesures de plus pour ne point tâtonner, et les faire toutes numéroter avec bien de l'exactitude. On est bientôt accoutumé au ricochet, qui est la meilleure et la plus excellente manière d'employer utilement le canon dans les siéges.

Les propriétés de ces batteries dans les commencements d'un siège, sont,

1°. De démonter promptement les barbettes et toutes les autres pièces montées le long des faces des bastions et demi-lunes, qui peuvent incommoder la tranchée, en battant à pleine charge.

2°. De plonger les fossés, y couper les communications de la place aux demi-lunes, principalement s'ils sont pleins d'eau.

3°. De chasser l'ennemi des défenses de la place opposées aux attaques, en battant à ricochet.

4°. De chasser l'ennemi des chemins couverts, et de l'y tourmenter tellement par la rupture des pallissades, en les plongeant d'un bout à l'autre, qu'il soit obligé de les abandonner.

5°. De prendre le derrière des flancs et des courtines qui peuvent s'opposer aux passages des fossés et les rendre inutiles.

6°. D'être d'une grande oeconomie, en ce qu'elles peuvent servir tant que le siège dure, sans qu'on soit obligé de changer les batteries.

7°. De consommer sept ou huit fois moins de poudre, et de ne tirer jamais inutilement.

8°. De tirer plus juste et plus promptement, et bien plus efficacement que par toutes les autres manières de battre.

Après les batteries à ricochet, il n'en faut pas d'autres que celles du chemin couvert ; car pour ce qui est de rompre les défenses, outre qu'elles sont de longue discussion, c'est une erreur, on ne le fait jamais ; et il n'arrive point qu'un parapet à l'épreuve soit assez rasé pour que l'on ne s'en puisse plus servir. D'ailleurs cela est inutîle quand le ricochet est bien placé et qu'il fait son devoir : ainsi toutes les autres batteries nécessaires doivent s'établir sur le haut du parapet du chemin couvert, et se doivent border ; elles sont toutes de même espèce, mais elles ont différents usages.

Les premières en ordre doivent être les deux d, d, (Planche XVII. de l'Art milit. fig. 1.) quatre pièces chacune destinée à l'ouverture de la demi-lune C ; on les place de part et d'autre de son angle, à-peu-près dans les endroits marqués d, d ; et quand la demi-lune est prise, on les peut changer de place, en les mettant un peu à droite et un peu à gauche, pour enfiler son fossé, afin de pouvoir battre en breche les épaules des bastions, comme on le voit en e e.

Après que les breches sont faites, soit à la demi-lune, soit aux bastions, et bien éboulées, on tient ces batteries en leur premier état, toujours prêtes à battre le haut jusqu'à ce qu'on en soit le maître ; on biaise même les embrasures pour agrandir les breches ; observant que pour faire breche avec le canon, il faut toujours battre en salve, et le plus bas qu'on peut, mais jamais le plus haut, parce que cela attire des ruines au pied qui rompent l'effet du canon. Pour bien faire, il ne faut pas que la sappe ait plus de six à sept pieds de haut. On ne doit jamais quitter le trou qu'on bat, qu'on ne l'ait enfoncé de 8 à 10 pieds au moins, après quoi on leur fait élargir la breche, comme on l'a dit ci-dessus, ce qui est une affaire de vingt-quatre heures au plus : on peut donc dire que les batteries des demi-lunes ont trois usages :

Le premier, est celui d'ouvrir la pièce attaquée.

Le second, de battre le haut de la breche.

Et le troisième, d'ouvrir le corps de la place par des orillons.

Les secondes batteries en ordre sont celles marquées h, h, (Planche XVII. de l'Art milit. fig. 1.) qui s'établissent sur le haut du chemin couvert, devant les faces des bastions A B qu'on veut ouvrir.

Les bombes se peuvent aussi tirer à ricochet. M M. les commandants de l'école d'artillerie de Strasbourg ont fait en 1723 des expériences à ce sujet, rapportées de cette manière dans le Bombardier Français. " Pour tirer les bombes à ricochet on se sert de mortiers de huit pouces montés sur des affuts de canon. Les batteries que l'on fait pour cela, se placent sur le prolongement des branches du chemin couvert. ou de tout autre ouvrage, mais principalement du chemin couvert, parce que les bombes y font un si grand ravage, qu'il n'est presque pas possible de pouvoir y tenir. Elles rompent les pallissades, les tambours et reduits que l'on fait dans des places d'armes rentrantes, et causent bien plus de désordre que les boulets ; car non-seulement elles sont plus grosses et plus pesantes, mais après avoir faits plusieurs bonds, elles crevent à l'endroit où elles viennent se terminer et ne s'enterrent point. Leurs éclats sont toujours meurtriers ; d'autre part ces mortiers peuvent être servis avec beaucoup plus de célérité que les canons ; car il n'est question que de mettre la poudre dans sa chambre, la bombe dessus, et tirer ; et comme cela peut se faire en 3 ou 4 minutes, une batterie de deux mortiers servie de cette façon, pourra jeter trente ou quarante bombes par heure. Je laisse à penser, ajoute M. Belidor, si un chemin couvert était croisé par de semblables batteries, quelle est la garnison qui pourrait s'y maintenir, l'avantage qu'on aurait de l'attaquer de vive force, et combien on aurait de facilité pour avancer les travaux.

Comme il faut éviter que les bombes ne s'enterrent en tombant, parce qu'elles ne feraient point le ricochet, les mortiers ne doivent jamais être pointés au-dessus de 12 degrés : mais on peut se servir de tous les angles que le mortier pent faire avec l'horizon entre 8 et 12 degrés, et choisir le plus convenable à la charge dont on se servira, relativement à la distance dont on sera de l'endroit où les bombes doivent commencer à bondir. Les épreuves faites à Strasbourg peuvent servir de règles à ce sujet. Voici en quoi elles consistent.

On a construit une batterie à 70 taises de l'angle saillant du chemin couvert de la demi-lune du polygone de cette école : un mortier pointé à 9 degrés au-dessus de la ligne horizontale, et chargé de 13 quarterons de poudre, a jeté les bombes sur le glacis, à 2, 4, 6, 8 taises du parapet du chemin couvert, d'où elles se relevaient et allaient plonger dans la branche entre les deux traverses, et de-là dans la place d'armes rentrante contre un petit réduit qu'on y avait fait.

L'on a pointé ensuite à 10 degrés avec la même charge, et après cinq ou six coups répétés de cette manière, l'on a observé que les bombes tombaient dans la place d'armes saillante, d'où elles se relevaient et allaient plonger comme les précédentes, dans la branche entre les deux traverses, et de-là dans la place d'armes rentrante. Enfin on a pointé le mortier à 11 degrés toujours avec la même charge, et après cinq ou six coups réitérés, on a observé que les bombes tombaient encore dans la branche, entre les deux traverses ; d'où elles se relevaient et allaient passer par-dessus le reste du chemin couvert : ce qui a fait conclure que la manière la plus avantageuse et la plus convenable de faire agir ce ricochet, était de ménager la direction du mortier ; de sorte que les bombes pussent tomber sur la crête du chemin couvert, ou dans la place d'armes saillante, moyennant quoi elles faisaient toujours un grand effet.

On a éprouvé si la fusée ne s'éteindrait point, soit par la chute des bombes, ou par le frottement du ricochet en roulant ; et pour cela on en a fait tirer plusieurs avec des fusées allumées, qui ont toutes réussi, ayant été entièrement consumées ".

BATTERIES EN ROUAGE, sont celles qu'on destine à démonter les pièces de l'ennemi.

BATTERIES ENTERREES, sont celles dont les plates-formes sont enfoncées dans le terrain de la campagne ; de manière que ce terrain sert de parapet ou d'épaulement à la batterie, et qu'on peut y pratiquer des embrasures.

BATTERIES DIRECTES, sont celles qui battent à peu-près perpendiculairement les côtes des ouvrages devant lesquels elles sont placées.

BATTERIES MEURTRIERES. Voyez BATTERIES DE REVERS.

BATTERIES DE REVERS, sont celles qui battent le derrière d'un ouvrage, et qui voient le dos de ceux qui le défendent. Elles sont aussi appelées batteries meurtrières, à cause qu'elles sont les plus dangereuses, et qu'il est fort difficîle de se parer ou mettre à couvert de leur canon.

BATTERIES EN ECHARPE, sont celles dont les tirs font un angle au plus de 20 degrés avec les faces, ou les côtés des pièces qu'elles battent. On les appelle aussi quelquefois batteries de bricole ; parce que le boulet ne faisant, pour ainsi dire, qu'effleurer la partie sur laquelle il est tiré, se réfléchit dans les environs, à peu-près comme le fait une balle de billard, qui a frappé la bande obliquement.

BATTERIE D'ENFILADE, est celle qui découvre toute la longueur de quelque partie d'un ouvrage de fortification ; en sorte que le boulet peut prendre par le flanc ou le côté, tous ceux qui sont placés sur ce côté, et qui font face au parapet.

BATTERIES EN CROIX, ou BATTERIES CROISEES, ou encore en CHAPELET, sont dans l'Art militaire, des batteries qui se croisent pour battre la même face ; en sorte que l'une acheve ce que l'autre a commencé d'ébranler. (Q)

BATTERIES, (Marine) c'est une quantité de canon placé des deux côtés du vaisseau, à son avant et à son arrière.

Les gros vaisseaux de guerre ont trois batteries ; la première qui est la plus basse, porte les canons du plus fort calibre. La seconde est au-dessus de la première, c'est-à-dire, au second pont, et porte des canons d'un moindre calibre. La troisième est sur le dernier pont, ou pont d'en-haut ; chaque rang étant ordinairement de quinze sabords, sans y comprendre ceux de la sainte barbe, et les batteries qui sont sur les châteaux. La première batterie, qui est la plus basse, doit être pratiquée assez haut, pour que dans le gros temps elle ne soit pas noyée, c'est-à-dire, qu'elle ne se trouve pas sous l'eau, ce qui la rendrait inutile.

Voyez à la Pl. I. Mar. la manière dont les batteries sont disposées dans un vaisseau du premier rang.

BATTERIE TROP BASSE ou BATTERIE NOYEE, se dit d'un vaisseau qui a son premier pont et ses sabords trop près de l'eau.

BATTERIE BASSE, se dit de la batterie du premier pont.

BATTERIE HAUTE, se dit de la batterie du pont d'en-haut.

BATTERIE ENTRE DEUX PONTS ou SECONDE BATTERIE.

Mettez la batterie dehors, c'est-à-dire, mettez les canons aux sabords.

Mettre la batterie dedans, c'est-à-dire, ôter les canons des sabords pour les remettre dans le vaisseau. (Z)

BATTERIE, (terme d'Arquebusier) c'est un morceau de fer large d'un bon pouce, qui est reployé en équerre plate, dont les faces extérieures sont un peu arrondies ; les intérieures sont exactement plates : la face de dessous sert pour couvrir le bassinet et empêcher l'amorce de sortir : celle qui la surmonte sert pour faire sortir du feu de la pierre et allumer l'amorce. La partie qui couvre le bassinet a une petite oreille plate, qui est percée d'un trou où se place une vis qui assujettit la batterie au corps de platine, et qui ne l'empêche point de se mouvoir en retournant dessus la vis. Le bout de cette oreille forme un petit talon qui est fait en rond, et qui pese sur le ressort de la batterie.

BATTERIE, (en Boissellerie) c'est le pied, ou le dessous, ou fond du tamis. On l'appelle peut-être ainsi, parce que l'on remue le tamis en le battant par en-bas sur une table, etc. pour mieux faire passer ce qui est dedans.

BATTERIE, (terme de Chapelier) qui signifie l'endroit où on foule les chapeaux, et où sont établis le fourneau, la chaudière et les fouloirs. On dit une batterie à deux, à quatre, à huit, etc. pour désigner une foulerie où deux, quatre, huit etc. ouvriers peuvent travailler à la fais. Voyez FOULERIE, voyez aussi CHAPEAU.

BATTERIE, se dit dans les Manufactures à papier, à poudre, et autres, de la chute des pilons dans les mortiers. Ainsi arrêter la batterie, c'est empêcher les pilons de tomber dans les mortiers. Voyez MOULIN A PAPIER, MOULIN A POUDRE.

BATTERIE (chez les Chapeliers et Bonnetiers) est synonyme à foulerie. Voyez CHAPELLERIE et BONNETTERIE.




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