S. m. (Art militaire) les hastaires étaient des soldats de légions qui furent substitués aux Vélites, quand on eut accordé le droit de bourgeoisie romaine à toute l'Italie. Les hastaires formaient une infanterie formidable, composée de frondeurs et de gens de traits, qui lançaient le dard et le javelot avec la main ; c'est de-là qu'ils furent nommés hastaires.

Ils étaient si pésamment armés, que nous avons bien de la peine à le comprendre. Outre un casque d'airain ou d'acier poli qu'ils portaient, ils avaient le corps revêtu d'une cotte de maille, ou d'une cuirasse, soit de cuivre, soit de fer, faite par écailles, comme celles d'un poisson, et si artistement travaillée, qu'elle obéissait à tous les mouvements du corps ; les cuisses étaient couvertes de même, et les bras jusqu'au coude ; le devant des jambes était pareillement défendu par une espèce de bottine d'un cuir très-fort.

Polybe nous apprend que ceux qui ne possédaient que quinze cent livres de biens, portaient d'abord sur l'estomac un plastron d'airain, de douze doigts de grandeur en carré, qui leur tenait lieu de cuirasse ; mais dans la suite, ils furent armés comme les autres.

Indépendamment de cette armure, ils avaient un bouclier de quatre pieds de haut, sur deux et demi de large, dont ce même auteur fait une description bien détaillée. Il dit que ce bouclier était composé de deux ais d'un bois de peuplier fort leger ; que ces deux ais étaient collés ensemble avec de la colle de taureau, et qu'ils étaient couverts d'une grosse toîle collée de même avec un cuir de veau par dessus ; les bords étaient revêtus de fer, de même que le milieu qui s'élevait en bosse, pour soutenir les plus grands coups de pierres ou de traits.

Leurs armes offensives étaient l'épée espagnole ; ce sont les termes de Polybe, tranchante des deux côtés, également propre pour frapper d'estoc et de taille ; la lame de la pointe en était forte et roide ; ils portaient cette épée pendue à un baudrier au côté droit, et un poignard au côté gauche, avec deux traits longs de trois coudées, dont l'un était un javelot, et l'autre un dard, qu'on appelait hasta, d'où ils avaient été nommés hastati, ou hastaires ; car ce mot de hasta ne peut être expliqué, que par celui de cette sorte d'arme qui était un dard qu'on lançait, et non pas une pique.

Le bois de cette espèce de dard qu'on lançait était carré aussi-bien que le fer qui était de la même longueur que le bois ; il ne coupait que par la pointe ; c'est la différence qu'Appien met entre le dard et le javelot qu'il nous représente comme plus leger et plus faible ; mais tous les deux se lançaient également avec la main. (D.J.)