S. f. (Art militaire) corps de gens de guerre destinés à combattre à cheval, equittatus.

La cavalerie française est distinguée en compagnies d'ordonnance, comme gardes du corps, gendarmes, chevau-legers, etc. et en régiments qui sont commandés par des mestres de camp. Ce sont ces régiments qui forment ce qu'on appelle la cavalerie-légère.

Les compagnies d'ordonnance tiennent lieu de ce qu'on appelait autrefois en France la gendarmerie, qui était composée du corps de la noblesse armée de pié-en-cap ; et les régiments de cavalerie des gens de cheval armés à la légère, dont on se servait pour poursuivre l'ennemi lorsqu'il avait été rompu par les gendarmes, et l'empêcher de se rallier. Cette distinction ne peut aujourd'hui avoir lieu ; les compagnies d'ordonnance et les régiments sont armés, et combattent de la même manière.

La cavalerie-légère française n'était guère estimée ; c'était la gendarmerie qui faisait toute la force de l'armée, tant par la bonté de ses armes que par la force de ses chevaux, qui étaient des destriers, dextrarii, c'est-à-dire des chevaux de bataille. Une ancienne chronique dit que cent hommes de gendarmerie suffisaient pour battre mille autres cavaliers non-armés, c'est-à-dire armés à la légère, parce que les armes des gendarmes étaient presqu'impénétrables, et que leurs grands et forts chevaux culbutaient dès le premier choc ceux de cette cavalerie-légère.

La cavalerie-légère de France a été composée de différentes espèces de troupes qu'on n'y trouve plus aujourd'hui, comme des estradiots ou stradiots, des argoulets, des carabins, &c.

Les estradiots furent une milice dont les François n'eurent connaissance que durant les guerres d'Italie sous Charles VIII. comme Comines le remarque. Leur nom est grec, et stradiot vient de , qui signifie soldat : aussi étaient-ils Grecs ou des environs de la Grèce. On les appelait aussi cavalerie albanaise, la plupart étant de l'Albanie, et des places que les Vénitiens possédaient dans la Morée. Ils combattaient à pied et à cheval ; et leur principale arme offensive était l'arzegaye, sorte de long bâton ferré par les deux bouts, et qui avait environ 10 à 12 pieds de long. Un de leurs principaux exercices était de bien se servir de cette arme, et à toutes mains, en donnant tantôt d'une pointe et tantôt d'une autre.

Pour les argoulets, voici comment en parle M. de Montgommery : " Les argoulets, dit-il, étaient armés de même que les estradiots, excepté la tête, où ils mettaient un cabazet qui ne les empêchait point de coucher en joue. Leurs armes offensives étaient l'épée au côté, la masse à l'arçon gauche, et à droite une arquebuse de deux pieds et demi de long dans un fourreau de cuir bouilli, etc. ". On regardait ces troupes comme la partie la moins considérable de la cavalerie-légère.

Les carabins ne faisaient point un corps séparé dans les troupes de France sous le règne d'Henri IV. un certain nombre était comme incorporé dans une compagnie de chevau-legers, ou plutôt y était joint sans être du corps. Leurs armes défensives étaient une cuirasse échancrée à l'épaule droite, afin de mieux coucher en joue ; un gantelet à coude pour la main de la bride ; un cabazet en tête : et pour armes offensives, une longue escopette de trois pieds et demi pour le moins, et un pistolet.

Leur manière de combattre était de former un petit escadron plus profond que large, à la gauche de l'escadron de la compagnie des chevau-legers ; d'avancer au signal du capitaine jusqu'à deux cent pas d'un escadron des lances de l'ennemi ; et à cent, si c'était un escadron de cuirassiers ; de faire leur décharge rang à rang l'un après l'autre, et de se retirer à la queue de leur escadron. Si les ennemis avaient aussi des carabins, ils devaient les attaquer, non pas en gros, mais en les escarmouchant, pour les empêcher de faire feu sur les chevau-legers dans le temps que ceux-ci marchaient pour charger. Ils étaient institués, ajoute l'auteur, pour entamer le combat, pour les retraites et pour les escarmouches.

Il en est souvent parlé dans l'histoire du règne d'Henri IV. mais il y en avait avant le règne de ce prince.

Il en est parlé dans l'extraordinaire des guerres dès le temps d'Henri II. L'historien Dupleix prétend que ceux qu'on appelait carabins de son temps, étaient ceux-là mêmes auxquels sous le règne d'Henri II. on donnait le nom d'argoulets ; et Daubigné dit que ce ne fut que sous Henri III. que le nom de carabin commença à être bien en usage pour cette espèce de milice : Missar, dit-il, commandait dans les carabins de Mets, desquels le nom a été depuis plus familier. Ce qu'il y a de certain, c'est que le service des argoulets et des carabins était fort semblable.

Cette milice subsistait du temps de Louis XIII. comme nous l'appelons du sieur de Belon, qui écrivait sous le règne de ce prince, Il décrit ainsi l'armure des carabins : " Ils auront la cuirasse ou un pot de salade, sans autres armes défensives ; et pour armes offensives, une grosse arquebuse à rouet, de trois pieds ou un peu plus, ayant gros calibre, et l'épée au pistolet court. C'est, ajoute-t-il, comme le roi lui-même les a institués ".

Il se trompe, s'il entend par-là que le roi Louis XIII. eut créé cette milice ; mais il veut dire apparemment que ce prince avait ainsi réglé son armure.

Il continue : " Ils porteraient, si l'on voulait, les casaques et les gamaches, pour mettre mieux pied à terre au besoin : étant ainsi armés et montés, ils peuvent combattre à pied et à cheval, et se mêler avec la cavalerie ".

Les carabins qui sous le règne d'Henri VI. ne faisaient point un corps séparé, mais étaient joints aux compagnies de cavalerie-légère, sous le commandement des capitaines de ces compagnies, ne formèrent des régiments entiers que sous Louis XIII. Il s'en trouve dans l'état de l'armée de l'an 1643, jusqu'à douze régiments étrangers. On fit sous ce règne pour les carabins ce qu'on fit sous celui de Louis-le-Grand pour les carabiniers on les sépara de la cavalerie-légère pour les mettre en corps, de même que de toutes les compagnies de carabiniers qui étaient dans les régiments de cavalerie-légère, on forma le régiment des carabiniers, commandé aujourd'hui par M. le prince de Dombes. Voyez CARABINIERS.

Les plus fameux carabins du règne de Louis XIII. furent les carabins d'Arnaut, qui était mestre de camp d'un de ces régiments. Ce régiment était de 11 compagnies, gens déterminés, comme le furent depuis les dragons de la Ferté. Alors, selon le même état de 1643, la garde des généraux d'armées était ordinairement de carabins. Il est marqué que le maréchal de la Meilleraye avait pour sa garde trente carabins ; le maréchal de Chatillon autant ; le duc d'Angoulême, qui commandait en Picardie, autant ; M. du Hallier, lieutenant général, en avait vingt ; le duc d'Enguien en avait aussi.

Il y avait une charge de général de carabins, elle subsista même depuis la suppression des carabins, qui ne se fit que plusieurs années après la paix des Pyrénées ; car il est fait encore mention de carabins dans une ordonnance de Louis XIV. du mois de Novembre de l'an 1665.

M. le comte de Tessé, depuis maréchal de France, acheta cette charge du comte de Quincé, l'an 1684, la fit supprimer par le roi, et obtint en même temps pour lui la charge de mestre de camp général des dragons.

La charge de général des carabins était la même que celle de mestre de camp général des carabins, dont il est parlé dans l'ordonnance de Louis XIII. du 26 de Mars 1626. Il prenait son attache du colonel général de la cavalerie, et était de sa dépendance ; c'est pourquoi M. de Bassompierre, dans sa critique de l'histoire de Dupleix, le reprend aigrement, à son ordinaire, de ce qu'il avait appelé le sieur de Gié colonel général des carabins. " Cet ignorant, dit-il ne sait pas que les carabins sont du corps de la cavalerie, et que ce n'était que leur mestre de camp ". Art. tiré de l'hist. de la mil. franç. du P. Daniel.

La cavalerie dans une armée rangée en bataille, se place ordinairement sur les ailes, et l'infanterie au centre ; elle y forme toujours différents corps appelés escadrons. Voyez ESCADRON.

La cavalerie est absolument utîle à la guerre, pour les détachements, les escortes, et pour combattre en plaine ; mais le trop grand nombre peut être nuisible : car la grande consommation de fourrage qu'il exige, peut souvent obliger un général de changer de camp ou de position, lorsqu'il est dans un poste avantageux, pour trouver le moyen de faire subsister sa cavalerie. M. Folard prétend que le grand nombre de cavalerie ne vient que du défaut de discipline et d'intelligence militaire. (Q)