Art militaire

spolia, s. f. pl. (Art militaire) signifient tout ce qu'on prend sur l'ennemi pendant la guerre. Chez les Grecs on partageait les dépouilles à toute l'armée également ; excepté la portion du général, qui était plus forte.

Suivant la discipline militaire des Romains, les dépouilles appartenaient à la république, les particuliers n'y avaient aucun droit ; et ceux des généraux qui étaient les plus estimés pour leur probité, les portaient toujours au trésor public. A la vérité le général distribuait quelquefois le pillage aux soldats, pour les encourager ou les récompenser ; mais cela ne se faisait pas sans beaucoup de prudence et de circonspection, autrement une telle démarche aurait été regardée comme un crime de péculat.

DÉROBER UNE MARCHE, (Art militaire) se dit dans l’art militaire lorsque le général d’une armée a fait une marche par une espèce de surprise sur son ennemi, c’est-à-dire sans que le général ennemi en ait été informé. Cette faute de se laisser ainsi dérober ou souffler une marche, a souvent de si grandes, suites, que rien n’est plus humiliant ni plus chagrinant pour celui qui s’y laisse surprendre. M. de Folard prétend qu’un général en est plus mortifié que de la perte d’une bataille, parce que rien ne prête plus à la glose des malins et des railleurs.

S. m. (Art militaire) soldat enrôlé qui quitte le service sans congé, ou qui change de capitaine et de régiment.

Les déserteurs sont punis de mort. Tous les soldats qu'on trouve à une demi-lieue de la garnison ou de l'armée, et qui prennent le chemin du camp et du quartier de l'ennemi, sont traités comme déserteurs, s'ils n'ont point de passeport.

Dans l'ancienne Eglise, on excommuniait les déserteurs, comme coupables d'un serment violé.

Lorsque plus de deux déserteurs sont arrêtés ensemble, ou que plus de deux se trouvent amenés dans une place ou quartier en un même jour, après qu'ils ont été condamnés à mort, on les fait tirer au billet trois à trois : celui sur qui le malheureux sort tombe, est passé par les armes ; les deux autres sont condamnés aux galeres perpétuelles, et remis entre les mains du geolier des prisons, avec une expédition du jugement et un certificat des officiers du conseil de guerre comme les billets favorables leur sont échus. Ceux qui sont convaincus d'avoir déserté étant en faction ou de garde, ou bien aux pays étrangers, ne sont point admis à tirer au sort.

S. m. (Art militaire) est un corps particulier de gens de guerre qu'on envoye, ou pour s'emparer de quelque poste, ou pour former quelque entreprise sur l'ennemi. Ils sont plus ou moins considérables, suivant l'objet que le général se propose. On envoye aussi des détachements en avant pour avoir des nouvelles de l'ennemi, et pour visiter les lieux par où l'armée doit passer. Ces détachements doivent être composés de troupes legeres ou de hussards. Ces troupes doivent fouiller les villages qui sont sur la route de l'armée, pour s'assurer s'il n'y a pas d'embuscades. Tout officier qui Ve en détachement doit prendre de grandes précautions pour n'être point enlevé ou coupé. Il ne doit avancer qu'avec circonspection, et en assurant toujours sa retraite.

S. m. (Histoire et Art militaire) signe ou enseigne militaire, sous laquelle les soldats s'assemblent pour combattre, et pour les autres fonctions militaires. Voyez ENSEIGNE.

L'enseigne ou le drapeau chez les Romains, n'était d'abord qu'une botte de foin ; on le fit ensuite de drap, d'où vient peut-être, dit d'Ablancourt, le mot de drapeau. Dans les différents royaumes de l'Europe il est de taffetas, attaché à une espèce de lance ou de pique d'environ dix pieds de longueur. Le drapeau est beaucoup plus grand que l'étendard, qui n'a guère qu'un pied et demi carré (voyez ETENDARD) ; &, suivant le P. Daniel, on ne remarque cette différence que depuis Louis XII. Les drapeaux ne servent que dans l'infanterie, la cavalerie a des étendards. Ces drapeaux sont portés par des officiers appelés enseignes. Chaque compagnie avait autrefois son drapeau ou son enseigne, et l'on comptait alors les compagnies d'infanterie par enseignes : on disait, par exemple, qu'il y avait dix enseignes en garnison dans une place, pour dire qu'il y avait dix compagnies d'infanterie. Toutes les compagnies d'infanterie, excepté celles du régiment des gardes françaises et suisses, n'ont pas chacune un drapeau ; il y en avait trois par bataillon d'infanterie française avant la dernière paix d'Aix-la-Chapelle : on les a depuis réduits à deux.