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Catégorie parente: Histoire
Catégorie : Fortification
S. f. pl. en terme de Fortification, sont des pieux de chêne épointés, d'environ neuf pieds de hauteur, qu'on enfonce de trois dans les terres. On en met sur la banquette du chemin couvert, et on s'en sert aussi pour faire des retranchements dans les ouvrages qu'on veut disputer à l'ennemi ; on les met à deux pouces ou deux pouces et demi les uns des autres ; les pieux des palissades sont carrés et rangés en losange, c'est-à-dire qu'ils ont deux angles sur la ligne, un angle du côté de la campagne, et l'autre angle du côté de la place. Les palissades sont debout ou à-peu-près perpendiculaires à l'horizon, en quoi elles diffèrent des fraises dont les pieux sont posés presque horizontalement. Voyez FRAISE.

Les palissades servent à fortifier les avenues des postes ouverts, des gorges, des demi-lunes, le fond des fossés, les parapets des chemins couverts, et en général tous les postes où l'on craint des surprises et dont les approches sont faciles.

Il y a différents sentiments sur la manière de planter les palissades. M. le maréchal de Vauban a fait une dissertation sur ce sujet dont on croit devoir donner ici l'extrait.

" On plante les palissades des chemins couverts de quatre manières différentes.

La première et la plus ancienne est celle qui les établit sur le haut du parapet, à deux pieds près du bord qu'elle surmonte ordinairement de trois pieds et demi ; les meilleures qualités de ces palissades sont d'empêcher les bestiaux d'entrer dans le chemin couvert, et de faire obstacle à ceux qui voudraient insulter les chemins couverts avant l'ouverture des tranchées ; les mauvaises sont, 1°. de servir de mantelet à l'ennemi, et de lui rompre la plus grande partie du feu de la place, quand il est appuyé contre ; 2°. d'être aisée à couper, parce qu'elle se peut aborder de plain pied ; 3°. de ne pouvoir remplacer les rompues dans une attaque sans se mettre à découvert ; 4° d'être fort sujets aux éclats de canon quand l'ennemi vient attaquer le chemin couvert, il en fait rompre ce qu'il lui plait par ses batteries, pour lui faire des ouvertures sans que les assiégés y puissent remédier ; c'est pourquoi on ne s'en sert plus ".

M. Blondel les avait condamnés avant M. de Vauban, parce que, dit-il, il est facîle d'en rompre avec le canon, telle quantité que l'on veut, et d'en garder ce qu'on juge à propos pour s'en servir à appuyer les fascines et autres matières que l'on porte pour se couvrir. Les Espagnols les plantaient autrefois de cette manière, selon que leur reproche M. Coulon : voici ce qu'il dit dans ses Mémoires pour l'attaque et pour la défense.

" De la manière que les Espagnols mettent leurs palissades, qui étant sur le parapet du chemin couvert, ôtent la moitié du feu de la place, et donnent aux travailleurs la faculté de faire le logement ; quoique naturellement bêtes, les soldats ne savent ce qu'ils font ni où on les mène ; mais dans cette rencontre n'étant question que d'aller en avant, ils marchent avec les ingénieurs et après leurs officiers, jusqu'à ce que la palissade leur donne contre la tête ou contre l'estomac, les oblige à laisser tomber la fascine à leurs pieds, ce qui trace le logement, lequel se perfectionne sans peine par le savoir faire des ingénieurs.

La deuxième, est celle où l'on les plante en dedans le chemin couvert, et joignant le parapet contre lequel elles sont appuyées, et le surmontent de trois pieds et demi. Les bonnes qualités de cette deuxième espèce de palissades, sont de pouvoir remplir les rompues à couvert, et d'empêcher les bestiaux et l'insulte prématurée du chemin couvert, comme à la précédente ; du surplus, elle en a tous les autres défauts, c'est pourquoi on ne s'en sert point présentement.

La troisième, est celles qui sont plantées sur les banquettes, près du bas du parapet, à la distance d'un pied et demi de haut, à mesurer de l'intérieur du linteau au sommet dudit parapet, la pointe surmontant d'un pied ; les bonnes qualités de cette troisième espèce sont, 1°. de ne pouvoir être coupée ; 2°. de ne pouvoir être enlevée que très-difficilement et avec grand péril ; 3°. de ne pouvoir être presque point endommagée du canon, parce que ne pouvant en toucher que les pointes, il n'y fait pas grand éclat, ne déplace jamais les corps des palissades, et ne plonge que très-rarement jusqu'au linteau ; 4°. de pouvoir remplacer et ôter en sûreté celles qui viennent à manquer, parce que l'on peut le faire à couvert ; 5°. de ne faire nul embarras dans le chemin couvert, étant jointe au parapet, à qui elle fait même un bel ornement. Elle a pour défaut, 1°. l'arrangement des sacs à terre, qu'on ne saurait placer qu'en se mettant à découvert, ou en les soutenant avec des espèces de chevalets par-derrière ; l'un est difficîle et embarrassant et l'autre trop dangereux ; 2°. supposant les sacs à terre arrangés sur le haut du parapet, on ne peut tirer que directement devant soi, parce que l'entre-deux des palissades et les creneaux de sacs à terre ne permettent pas le biaisément du mousquet à droite ou à gauche ; 3°. on lui reproche encore que les barrières, qui obligent à défiler les gens commandés pour sortir, les font trop découvrir, et empêchent que les sorties ne soient d'un si grand effet, ce qui n'exclut pas cependant les barrières, puisqu'il est nécessaire d'en avoir, non-seulement pour les entrées et les sorties de la cavalerie, mais encore pour l'infanterie ; ainsi ce défaut ne peut être considéré que comme un défaut mêlé de bonnes qualités : cette manière de planter les palissades est en usage dans toutes nos places.

La quatrième manière est nouvelle, et n'a été pratiquée que dans trois ou quatre sieges, où l'on prétend s'en être bien trouvé. On plante la palissade à quatre pieds et demi ou cinq pieds près du parapet, dont elle égale la hauteur ; on la coupe par les barrières et des petits passages de trois pieds et demi d'ouverture, de dix taises en dix taises. Cette espèce de palissade a pour bonnes qualités, 1°. d'être encore moins sujette aux éclats du canon que la précédente, parce qu'il ne la voit point du tout ; 2°. de ne pouvoir être sautée ni coupée lorsque les assiégés la défendront de pied ferme, car autrement elle serait plus aisée à couper que la précédente, parce que l'ennemi en se jetant entre la palissade et le parapet, peut y être à demi-couvert par la palissade même ; 3°. la facilité de remplacer les parties rompues à couvert ; 4°. la commodité de l'arrangement des sacs à terre qui se fait aussi à couvert ; 5°. celles des sorties à l'improviste qui peuvent passer par-dessus le parapet et y rentrer de même en s'y jetant ; 6°. le moyen de pouvoir mieux défendre le chemin couvert de pied ferme en se tenant collé contre le derrière de la palissade ; celui-ci est très-hasardeux et peu pratiquable. Ses défauts sont, 1°. d'être fort plongé de front et par les côtés du feu de l'ennemi quand il gagne le haut du parapet ; 2°. d'exposer les gens qui défendent le chemin couvert de pied ferme au feu hasardé du rampart et des demi-lunes qui les protegent ; donc les parapets étant fort en désordre dans le temps des attaques, il est presque impossible que ceux de la place n'en échappent beaucoup sur les leurs quand elle se fait de jour, et à plus forte raison quand elle se fait de nuit, ce qui joint à la quantité de grenades qui tombent là de la part des assiégeants, rendent cette défense extraordinairement dangereuse pendant le jour, et absolument insoutenable pendant la nuit ; 3°. elle expose beaucoup les soldats qui sont entre le parapet et la palissade, tant à l'éclat des grenades qu'au péril de ne pouvoir se retirer à temps, quand l'ennemi sort de ses places d'armes pour l'attaquer ; 4°. les bords du parapet sont en peu de temps étrangement ébranlés par les sorties et la rentrée des troupes qui s'y précipitent plutôt qu'ils ne s'y jettent ; ce défaut est médiocre et facîle à réparer. "

M. de Vauban dit avoir Ve une autre espèce de palissade la campagne d'Hollande, au chemin couvert de Nimegue, sur le haut du parapet : " ce n'était, dit-il, que des pieds d'arbres branchus, plantés par la tige avec les principales branches, aiguisées comme elles se trouvaient, de trois ou quatre pieds de long, recraisés et embarrassés l'une dans l'autre ; elle a cela de commun avec celle des lignes d'Alesia. Elle serait plus propre à de semblables retranchements qu'à border un chemin couvert ; elle a tous les défauts de la première et seconde espèce, c'est pourquoi elle ne mérite pas de tenir place ici.

Il y a des ingénieurs qui doublent les palissades des places d'armes sur les angles rentrants suivant la méthode des troisiemes et quatriemes espèces, pour les pouvoir défendre de pied ferme : on prétend s'en être bien trouvé à Grave, Mayence, et en dernier lieu à Keisevert.

Il est sans difficulté que les palissades de la troisième et quatrième espèces sont les meilleures, mais l'une et l'autre ont de très-grands défauts ; la dernière est à préférer à l'autre, parce qu'on hasarde moins à défendre le chemin couvert de pied ferme à celle-ci ; la place pouvant en certains cas, et en plein jour, hasarder de tirer par-dessus la tête de ceux qui la défendent, parce qu'ils sont plus bas, mais non à l'autre où on est plus élevé. La meilleure défense des chemins couverts n'est pas à mon sens celle de pied ferme, il en coute trop, et tôt ou tard vous en êtes chassés avec perte : j'aimerais mieux la défendre en cédant les parties plus à portée de l'ennemi, et y revenant après lui avoir fait essuyer une demi-heure ou trois quarts d'heure le feu de la place et des dehors, dont les défenses étant bien bordées et non contraintes, doivent pour-lors faire un grand effet : on pourrait au plus soutenir les places d'armes de pied ferme au moyen des doubles palissades, pendant que le feu de la place agissant à droite et à gauche sur les angles saillans, ne laisserait pas d'être encore fort dangereux, même de jour, parce que le soldat est maladroit et ne prend pas assez garde où il tire ; c'est pourquoi je tiens que le meilleur parti à prendre, du-moins le plus sur, est de ne tenir que peu de monde dans le chemin couvert, avec ordre de se retirer aux places d'armes plus voisines de la gauche des attaques, où il faudrait tenir de forts détachements prêts pour revenir de part et d'autre, les uns par-dessus le glacis, et les autres par le chemin couvert, ce qui sera bon à répéter diversement, tant qu'elles réussiront.

Le vrai parti à prendre en ce fait, est de planter la haute palissade, quand on gasonne le parapet du chemin couvert tout autour de la place, de l'entretenir à perpétuité, et de tenir la basse en réserve dans des magasins ou en piles de charbonnier couvertes de paille, pour ne la planter que dans le temps d'un siege, et seulement quand les attaques seront déclarées, et sur le long du front ; il n'en faudra pas pour cela mettre en provision davantage, je serais même d'avis de ne doubler la palissade qu'aux places d'armes des angles rentrants, comme les seules parties qu'on peut soutenir de pied ferme, ne me paraissant pas qu'il y en ait d'autres que celle-là qui le puisse être ; et quant à la haute palissade, on peut la corriger et la planter en espaçant, tant plein que vide, un clou coudé avec une pointe élevée de trois pouces, occupant le milieu du vide, et tenant dans le bois par une autre pointe à-peu-près de pareille grandeur, bien ébarbilée et enfoncée à force dans le linteau, après avoir été précédée d'un petit trou de vilebrequin et battu jusqu'à ce que tout le coude soit entré dans le bois, pour lequel faciliter, il y faut une petite coche avec un fermoir ou ciseau ; la pointe dudit clou s'alignant avec la palissade dont le linteau doit être chevillé à un pied ou cinq pouces plus bas que le sommet du parapet, lequel sommet sera surmonté de neuf pouces par la pointe de la palissade qui sera aussi aiguisée de douze de long, et plantée de six ou huit pouces près du pied du parapet, en sorte que de ladite palissade au sommet, il y ait un pied et demi de distance mesuré horizontalement, l'épaisseur de la palissade non compris ; ce qui fera deux pieds d'éloignement du soldat qui tire au sommet du parapet, supposant après que les sacs à terre un peu aplatis occupent un pied de large ; le fusil qui en a trois et huit pouces de canon, passera de huit pouces au-delà des sacs à terre, ce qui est ce que l'on peut désirer de mieux en cas pareil ". Dissertation de M. de Vauban, sur la manière de planter les palissades.

Il est incontestable qu'en ouvrant davantage l'entre-deux des palissades, en aiguisant les pointes de plus loin, et en ne les faisant surmonter le parapet que de neuf pouces, on remédie, ainsi que dit M. de Vauban, aux éclats, au défaut de ne pouvoir assez biaiser du mousquet, et à la difficulté d'arranger les sacs à terre ; cependant dans les dernières défenses des places, cette méthode n'a pas entièrement été suivie ; on a supprimé le clou coudé et on a rapproché les palissades à la distance de quatre pouces les unes des autres.

M. de Coèhorn a donné une nouvelle manière de palissades, faites en sorte qu'on les peut mettre debout et les baisser quand on veut. Elles sont attachées le long d'un arbre tournant, long environ de deux taises, et enclavé dans les têtes de deux pieux plantés en terre. Il fait grand cas de ces sortes de palissades ; premièrement, pour l'épargne, parce qu'on ne les met qu'au temps d'attaque ; secondement, pour ne pouvoir être ruinées par le canon, parce qu'elles ne sont vues des assiégeants pendant le jour que lorsqu'on donne l'assaut au chemin couvert. Tout ce qu'on peut dire contre ces palissades, c'est que si un poteau ou un pieux vient à être renversé par une bombe, l'espace de quatre taises se trouve sans palissades pendant un certain temps. Traité de la sûreté des états par le moyen de forteresses. (Q)

PALISSADES TOURNANTES, sont celles de l'invention de M. Coèhorn, qui se tournent de haut en bas. Voyez PALISSADES.

PALISSADE, s. f. (Jardinage) espèce de barrière de pieux fichés en terre à claire voie, qu'on fait au lieu d'un petit fossé, aux bouts d'une avenue nouvellement plantée, pour empêcher que les charrais n'endommagent les jeunes arbres.

Palissade de jardin, c'est un rang d'arbres feuillus par le pied, et taillés en manière de mur le long des allées, ou contre les murailles d'un jardin. Les palissades de charme sont celles qui viennent les plus hautes, et qui s'unissent le mieux. On fait de petites palissades avec de la charmille, des ifs, des buis, etc. pour les allées ; et des palissades à hauteur d'appui, avec du jasmin, des grenadiers, et surtout du filaria, qui est très-propre pour les palissades de moyenne hauteur. Il y a aussi des palissades à banquettes, qui n'excédent jamais trois pieds et demi. Elles servent à borner les allées lorsqu'on ne veut plus borner toutes les vues d'un jardin. On y met des arbres d'espace en espace, et quand on veut les décorer, on y enclave des ormes à tête ronde.

La hauteur d'une palissade en général, doit être les deux tiers de la largeur de l'allée. Les palissades plus hautes font paraitre les allées étroites, et les rendent tristes. Leur beauté consiste à être bien garnies par le bas ; lorsqu'elles se dégarnissent, on y rémedie avec des ifs soutenus d'un petit treillage : on les tond ordinairement des deux côtés à-plomb.

Les utilités des palissades consistent, 1°. à couvrir les murs de clôture, pour boucher en des endroits des vues désagréables, et en ouvrir d'autres : 2°. à corriger et à racheter les biais qui souvent se trouvent dans un terrain, et les coudes que forment certains murs : 3°. à servir de clôture aux bosquets, cloitres et autres compartiments qui doivent être séparés, et où l'on pratique d'espace en espace des renforcements le long des allées : 4°. à revêtir le mur d'appui d'une terrasse : 5°. à former des niches qui décorent des jets d'eau, des figures, ou des vases : 6°. enfin à dresser des portiques, et à former des galeries et des arcades.

On appelle palissades crénelées les palissades qui sont couvertes d'espace en espace en manière de créneaux au-dessus d'une hauteur d'appui, comme il y en a, par exemple, autour de la pièce d'eau appelée l'île royale, à Versailles.

Tondre une palissade, c'est la dresser avec le croissant, qui est une espèce de faulx. Daviler. (D.J.)

PALISSADE, ARBRE DE, (Histoire naturelle) arbre de l'Amérique méridionale, qui se trouve surtout à Surinam. Les Indiens s'en servent pour construire leurs cabanes. Il porte des fleurs en si grande abondance, que ses rameaux s'affaissent sous son poids ; ces rameaux ressemblent à des balais de bouleau. Les gousses que produit cet arbre contiennent une graine semblable à du millet.




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