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Catégorie parente: Histoire
Catégorie : Fortification
(Fortification) est une espèce de mur de maçonnerie ou de gazon, qui soutient les terres du rempart du côté de la campagne. Voyez REMPART. On dit que le rempart d'une place est revêtu de maçonnerie, lorsque le revêtement est de maçonnerie ; et l'on dit qu'il est gazonné, lorsque le revêtement est de gazon. Voyez GAZON. Pour que le revêtement soutienne plus aisément la poussée des terres du rempart vers le fossé, on le fait en talus. Voyez TALUS. Le talus forme une espèce d'escarpement, qui fait donner au côté extérieur du revêtement, le nom d'escarpe. Voyez ESCARPE. L'épaisseur du revêtement de maçonnerie au cordon est ordinairement de cinq pieds. On lui donne pour talus la cinquième ou la sixième partie de sa hauteur, à compter depuis le cordon jusqu'au fond du fossé. Lorsque le revêtement est de gazon, le talus est les deux tiers de sa hauteur. M. le maréchal de Vauban a donné une table qu'on trouve dans la science des Ingenieurs de M. Bélidor, dans laquelle il détermine l'épaisseur du revêtement et ses différents talus, depuis la hauteur de 10 pieds jusqu'à celle de 80. Mais quoiqu'elle ait été éprouvée sur plus de 500000 taises cubes de maçonnerie, bâties à 150 places fortifiées par les ordres de Louis le grand ; comme les mesures qu'elle contient ne sont établies sur aucun principe de théorie, elles ont depuis été examinées par messieurs Couplet et Belidor. Le premier a traité cette matière dans les mémoires de l'académie royale des Sciences, années 1726, 1727, et 1728, et il y a joint des tables dans lesquelles ces mesures se trouvent exactement déterminées, suivant les différents talus que les terres peuvent prendre ; et le second, (M. Belidor) a donné dans le livre de la science des Ingénieurs, des tables que ceux qui sont chargés de la construction effective des fortifications, doivent consulter : toutes ces tables fixent aussi les différentes dimensions des contreforts. Voyez CONTREFORT. Le rempart n'est quelquefois revêtu de maçonnerie que depuis le fond du fossé jusqu'au niveau de la campagne ; alors on dit qu'il est à demi-revêtement. Voyez DEMI-REVETEMENT.

On fait quelquefois des espèces de revêtements de saucisses et de fascines ; lorsqu'ils sont bien faits, ils peuvent durer trois ou quatre ans. On s'en sert ordinairement pour réparer les breches d'une place après un siège, en attendant qu'on ait le temps ou la commodité de rétablir les parties détruites dans leur premier état. (Q)

REVETEMENT DES TERRES, (Architecture) appui de maçonnerie qu'on donne à des terres pour les empêcher de s'ébouler.

Si l'on élève des terres, comme pour faire une chaussée, une digue, un rempart, ces terres que je suppose qui auront la figure d'un parallélepipede, ne se soutiendront point en cet état, mais s'ébouleront ; de sorte que leur quatre côtés verticaux posés sur le plan horizontal, et qui étaient des parallélogrammes, deviendront de figure triangulaire, ou à-peu-près, parce que la pesanteur des terres, jointe à la facilité qu'avaient leurs parties à rouler les unes sur les autres, les a obligées à se faire une base plus large que celle du parallélepipede primitif ; pour empêcher cet effet, on les soutient par des revêtements qui sont ordinairement de maçonnerie.

Comme c'est par une certaine force que les terres élevées en parallélepipede élargissent leur base, il faut que cette force qu'on appelle leur poussée, soit combattue et réprimée par celle du revêtement, qui par conséquent, doit être du-moins égale. Pour procéder par règle à la construction d'un revêtement, il faudrait avoir terminé cette égalité, ou cet équilibre ; mais jusqu'ici, on n'a point eu cette connaissance dans la pratique de l'Architecture, et l'on s'est conduit assez au hasard.

Nous avons trois auteurs français qui ont écrit sur cette matière ; M. Bullet, membre de l'académie d'Architecture ; M. Gautier architecte, et finalement M. Couplet. Ce dernier a démontré par la Géométrie les règles qu'il faut observer dans les épaisseurs et les talus qu'on doit donner aux revêtements, pour qu'ils puissent résister à la poussée des terres qu'ils ont à soutenir. Voyez les savants mémoires qu'il a donnés à ce sujet dans le recueil de l'académie des Sciences, années 1726, 1727, et 1728 ; ils ne sont pas susceptibles d'être extraits dans cet ouvrage.

Aux démonstrations géométriques de ce savant académicien, M. de Réaumur a joint dans le même recueil de l'académie des Sciences, année 1730, une considération physique sur la nature des terres qui tendent à s'ébouler malgré les revêtements les plus ingénieux.

Des terres coupées à plomb s'éboulent si peu, qu'à peine s'en détache-t-il quelques hottées en tout un an ; et même cette petite quantité serait encore plus petite, si les premières parcelles avaient été soutenues, et ne fussent pas tombées ; car ce n'est ordinairement que leur chute qui a entrainé celle des secondes. Un mur n'a donc pas beaucoup de peine à soutenir ces terres, si on n'y considère que l'effort qu'elles font pour s'ébouler ; mais elles en ont un beaucoup plus grand, et très-violent ; c'est celui qu'elles font pour s'étendre, lorsqu'elles sont bien imbibées d'eau, et c'est à quoi le mur de revêtement doit s'opposer.

Il est vrai que cette tendance des terres à s'étendre, doit agir en tous sens, verticalement aussi-bien qu'horizontalement, et que le mur ne s'oppose qu'à l'action horizontale ; mais il faut observer que la tendance verticale n'ayant pas la liberté d'agir, du-moins dans toutes les couches inférieures de terre pressées par le poids des supérieures, toute la tendance verticale se tourne en horizontale, tant que la difficulté de soulever les couches supérieures est plus grande que celle de forcer le mur, et cela peut aller, et Ve effectivement fort loin.

On a observé qu'une terre qui a très-peu de hauteur, ne laisse pas de s'étendre beaucoup davantage dans le sens horizontal, et que la force qu'elle a pour s'étendre en ce sens-là, est beaucoup plus grande que tout son poids, et par conséquent que la force dont elle aurait besoin pour s'étendre autant dans le sens vertical.

Plus les terres auront de facilité de s'imbiber d'eau, plus elles auront de poussée contre un mur de revêtement ; des sables n'en auraient aucune à cet égard ; et par cette raison, M. de Réaumur propose pour remède à l'inconvénient dont il s'agit, de mêler exprès des gravats dans les terres qui ne seraient pas naturellement assez sablonneuses. Non-seulement les gravats ou les sables ne s'imbiberont pas d'eau, mais ils laisseront des interstices qui seront des espèces de retraites ménagées à la terre qui se renflera ; moyennant quoi elle n'agira pas contre le mur. (D.J.)




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