LE, (Fortification) consiste dans l'art d'employer les couleurs dont on illumine les plans et les profils des différents ouvrages qu'on y construit. Laver un plan, c'est étendre sur les différentes parties les couleurs qu'on est convenu d'employer pour distinguer chacune de ses parties.

Les couleurs dont on se sert pour cet effet, sont,

1°. L'encre de la Chine.

2°. Le rouge appelé carmin.

3°. Le jaune appelé gomme gutte.

4°. Le verd de vessie.

5°. Le verd de gris liquide, communément appelé couleur d'eau.

6°. Le bistre ou couleur de terre.

7°. Le bleu appelé indigo.

L'encre de la Chine sert à tirer toutes les lignes des plans et des profils, à l'exception néanmoins de celles qui représentent une épaisseur de maçonnerie, lesquelles se marquent avec le carmin. Telle est la ligne magistrale, ou le premier trait de la fortification, la contrescarpe, etc. lorsque la place est revêtue. Quand elle n'est point revêtue, ces lignes sont aussi marquées avec l'encre de la Chine, et dans ce cas toutes les lignes du plan sont noires ; autrement il y en a de noires et de rouges. L'encre de la Chine sert encore à ombrer les parties du plan qui en ont besoin.

Le carmin sert à mettre au trait toutes les lignes qui expriment des épaisseurs de maçonnerie, comme on vient de le dire. Il sert aussi à laver les coupes des revêtements, contre-forts, etc. marquées dans les profils ; l'emplacement des maisons dans les plans, les casernes, et enfin tous les ouvrages qui sont de maçonnerie.

Le jaune sert à marquer les ouvrages projetés dans les plans, c'est-à-dire, ceux que l'on propose à exécuter, et qui sont distingués par cette couleur, de ceux qui sont construits.

Le verd de vessie sert à laver les parties qui sont en gason, les taluds, les glacis, etc.

La couleur d'eau sert à laver les fossés dans lesquels il y a de l'eau, les rivières, etc.

Le bistre est employé pour laver les coupes des terres ; il sert aussi de couleur de bois, pour laver les ponts.

Le bleu ou l'indigo sert à marquer les ouvrages qui sont de fer, etc.

L'encre de la Chine est en bâton ; on la détrempe en la frottant dans une coquille, dans laquelle on a versé un peu d'eau. On frotte le bâton sur cette coquille, jusqu'à ce que l'eau ait pris la force nécessaire pour l'usage que l'on en veut faire. Lorsqu'on veut s'en servir pour mettre au trait, on lui donne beaucoup plus de force que pour laver.

Le carmin est en poudre ; il se détrempe avec de l'eau gommée. Cette eau se fait en mettant fondre environ un gros de gomme arabique blanche, la plus propre que l'on peut trouver, dans un verre plein d'eau. La gomme étant fondue, on met le carmin dans une coquille, et l'on verse de cette eau dessus. On délaye le carmin avec le petit doigt ou un pinceau, et on le mêle bien avec l'eau, jusqu'à ce que toutes les parties en soient imprégnées ; après quoi on laisse sécher le carmin dans la coquille, et lorsqu'on veut s'en servir, on en détrempe avec de l'eau commune, et l'on en met dans une autre coquille la quantité dont on croit avoir besoin. On évite d'en détremper beaucoup à la fais, parce qu'il se noircit, et qu'il perd de sa beauté lorsqu'il est détrempé trop souvent. Celui dont on se sert pour mettre au trait, doit être beaucoup plus foncé que celui qu'on prépare pour laver.

L'indigo se détrempe avec de l'eau gommée, comme le carmin.

La gomme gutte se détrempe avec de l'eau commune, de même que le verd de vessie, et le bistre, parce que ces couleurs portent leur gomme avec elles.

La couleur d'eau s'emploie sans aucune préparation. Il faut seulement observer que lorsqu'elle se trouve trop faible, on lui donne de la force en la versant dans une coquille, et en la laissant ainsi exposée pendant quelque temps à l'air ; et qu'au contraire lorsqu'elle se trouve trop forte, on l'affoiblit en la mêlant avec un peu d'eau commune. Eléments de Fortification. M. Buchotte, ingénieur du roi, a donné un traité des règles du dessein, et du lavis des plans.