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Catégorie parente: Histoire
Catégorie : Fortification
S. f. en terme de fortification, est un ouvrage auquel on donne la figure d'un carré, d'un bastion ou d'une demi-lune. On place les redoutes au pied du glacis, et alors elles s'appellent communément lunettes. Voyez LUNETTE. On en construit aussi dans les environs des places, à la portée du fusil des ouvrages les plus avancés. On choisit pour cela les lieux par où l'ennemi peut s'approcher de la place : les redoutes placées dans ces endroits servent à enfiler les travaux de l'ennemi dans les sieges, et à lui rendre les approches de la place plus difficiles. On emploie encore ces ouvrages pour couvrir les écluses et les différents postes qu'on veut conserver dans les environs des places.

Les redoutes doivent être placées de manière que l'ennemi ne puisse ni les tourner, ni empêcher leur communication avec la ville. On doit observer qu'elles ne puissent pas après avoir été prises, lui servir de rempart contre le feu de la place.

Pour construire une redoute B vis-à-vis une place d'armes rentrante P, Pl. IV. de fortif. fig. 3, on menera par le sommet in de l'angle rentrant de la contrescarpe, et par celui de l'angle saillant de la place d'armes P, une ligne m n qu'on prolongera indéfiniment vers la campagne. On prendra le point n à 20, 30, ou 40 taises de cette place d'armes, suivant qu'on voudra que la redoute soit plus ou moins avancée dans la campagne. On menera par le point n une perpendiculaire à la ligne m n qu'on prolongera de part et d'autre de cette ligne, et sur laquelle on prendra n o et n p de 15 ou 20 taises pour les demi-gorges de l'ouvrage. Par les points o et p, on élevera les perpendiculaires o q, p r, à chacune desquelles on donnera 10 ou 12 taises, elles seront les flancs de la redoute. Des points q et r, pris pour centres et d'un intervalle de 25, 30 ou 35 taises, on décrira deux arcs qui se couperont dans un point s, duquel on tirera les lignes s q, s r, qui seront les faces de la redoute. On donne à cet ouvrage un parapet de 7 ou 8 pieds de hauteur, et de 18 d'épaisseur. On lui mène une ou deux banquettes, en sorte que le parapet n'ait que 4 pieds et demi d'élevation sur la banquette. Cet ouvrage a un fossé de 8 ou 10 taises parallèle à ses faces, lorsqu'il est sec, et de plus parallèlement aussi à ses flancs quand il est plein d'eau. Dans le premier cas, il forme une espèce de rampe douce des flancs à l'angle flanqué, où il doit avoir 8 ou 9 pieds de profondeur. On le dispose ainsi, afin qu'il soit Ve du chemin-couvert dans toute son étendue, et que l'ennemi, après s'en être emparé, ne s'y trouve pas à couvert du feu de la place. Les redoutes sont ordinairement entourées d'un chemin-couvert. Lorsqu'il y a plusieurs front de fortification, accompagnés de redoutes au pied du glacis, le chemin-couvert qui les enveloppe, forme un avant chemin-couvert, comme à Landau, Luxembourg et plusieurs autres places. Les redoutes sont de terre ou de maçonnerie. Il y en a de voutées à l'épreuve de la bombe. On les appelle redoute cazemattées. Il y en a à Luxembourg de cette espèce : ces redoutes ne peuvent gueres être détruites que par les mines, ce qui est une affaire difficîle et de longue discussion.

On communique du chemin-couvert de la place aux redoutes et aux lunettes, par une espèce de double chemin-couvert, qui Ve de l'angle saillant des places d'armes, devant lesquelles ces ouvrages sont construit, à la gorge des mêmes ouvrages. On construit cette communication en menant des parallèles de part et d'autre de la ligne T n, et à la distance de 9 pieds. L'élevation de terre qui lui sert de parapet, se perd en glacis, comme celui du chemin-couvert. La communication a une banquette de chaque côté avec des palissades. L'entrée du chemin-couvert est fermée par une traverse T, qui empêche que l'ennemi ne voie dans la place d'armes, après s'être emparé de la redoute. On pratique dans l'épaisseur du parapet de la communication, à côté de la traverse T, un petit passage de part et d'autre, d'environ 2 pieds de largeur. La traverse a 4 ou 5 taises de longueur et 3 d'épaisseur. Elle a une banquette du côté intérieur, vers le chemin-couvert de la place. Cette traverse se nomme le tambour. Voyez TAMBOUR. Elle sert encore à flanquer ou à défendre la communication, laquelle a plusieurs tambours ou traverses. Lorsqu'il n'y a point d'avant fossé à la place, outre la communication dont on vient de parler, il y en a ordinairement une autre souterraine, qui est plus sure que la première : lorsque les redoutes sont un peu avancées dans la campagne, elle met en état de les soutenir avec beaucoup d'opiniatreté. Les communications des redoutes de Luxembourg sont de cette manière.

Il faut observer 1°. que les faces des redoutes ou lunettes doivent être défendues par les branches du chemin-couvert, sur lesquelles tombe leur prolongement ; qu'ainsi l'angle flanqué s de la redoute B ne pourrait être plus avancé dans la campagne, parce qu'alors le prolongement de ses faces pourrait tomber au-delà des angles E et F du chemin-couvert, auquel cas elles ne seraient plus défendues. Les parties E u et t F, sont celles qui défendent la redoute B.

2°. Que l'angle flanqué des redoutes ou des lunettes ne doit jamais avoir moins de soixante degrés. S'il se trouve plus aigu, il faut diminuer les faces et augmenter la gorge de quelques taises, de manière cependant que la redoute ou lunette se trouve toujours bien flanquée et défendue du chemin-couvert.

3°. Bien prendre garde, dans l'établissement des redoutes, et en général dans la position de tous les ouvrages qu'on construit au-delà du glacis, qu'ils ne puissent pas être pris par leur gorge ou tournés ; c'est-à-dire, que l'ennemi ne puisse pas diriger ou conduire les approches entre cet ouvrage et la place, sans être obligé de l'attaquer en forme ; car autrement la construction en devient totalement inutîle pour sa défense. Les redoutes ou lunettes vis-à-vis les places d'armes rentrantes du chemin-couvert ne sont point aussi exposées à cet inconvénient que celles des places d'armes saillantes ; c'est pourquoi elles doivent y être placées préférablement. Elles ont d'ailleurs l'avantage, dans cette première position, de pouvoir prendre des revers sur l'ennemi, lorsqu'il veut s'établir sur les angles saillans du glacis, qui sont les premiers objets de son attaque : ce qui le met dans la nécessité de s'emparer de ces ouvrages pour pouvoir avancer ses travaux avec succès.

La construction des redoutes qu'on établit dans la campagne, c'est-à-dire, dans les environs des places, n'est susceptible d'aucune difficulté. On donne au côté des redoutes carrées, 20 ou 25 taises de longueur ; la gorge de celles qui sont en forme de bastions, a 15 ou 18 taises, les faces 17 ou 20, et les flancs 8 ou 10. On peut augmenter ou diminuer ces mesures, suivant l'usage particulier auquel chaque redoute est destinée, et à la quantité de monde qu'elle doit contenir.

Il est d'usage de relever tous les jours la garde que l'on met dans les redoutes ; mais lorsqu'elles se trouvent trop éloignées de la place, on les construit comme des espèces de petits forts particuliers. On les fait entièrement de maçonnerie, et on leur donne un ou deux étages, pour y distribuer les logements nécessaires aux officiers et aux soldats qu'on y met en garnison. On y construit aussi quelquefois, quand le terrain le permet, un souterrain où l'on pratique un magazin à poudre, et un autre pour les vivres ou munitions de bouche. On peut aussi y construire une citerne dans laquelle on conduit les eaux de la pluie qui tombent sur la partie supérieure de la redoute, laquelle partie se nomme plate-forme. Cette plateforme a un parapet de maçonnerie percé de tous côtés par des embrasures pour tirer le canon, ou des crenaux pour tirer le fusil. La partie supérieure de ces redoutes saille quelquefois en machicoulis, afin de faire découvrir le pied du mur de la redoute. On les appelle alors redoutes à machicoulis. Voyez MACHICOULIS.

On construit encore des redoutes dans les lignes de circonvallation et de contrevallation, dans les différents postes qu'on veut garder à la guerre, et même quelquefois devant le front des armées en bataille, pour les fortifier, et leur servir d'espèce de retranchement. Voyez ORDRE DE BATAILLE. Ces redoutes sont de terre avec un rempart fraizé. Voyez FRAIZES.

On peut encore se servir des redoutes pour former une espèce de ligne de circonvallation autour des places, comme M. le maréchal de Saxe l'avait fait à Maestricht en 1748 ; plusieurs militaires pensent que cette circonvallation formée d'ouvrages ainsi détachés est plus avantageuse que les lignes ordinaires. Nous observerons seulement ici sur ce sujet que les plus fameux capitaines anciens et modernes se sont servi très-avantageusement de ces lignes : qu'on n'a point encore d'exemple à alléguer en faveur des circonvallations formées de redoutes détachées ; et que dans un objet aussi important, l'amour de la nouveauté ne doit point nous porter à changer l'ancienne méthode qu'autant qu'il sera bien prouvé que la nouvelle est plus avantageuse ; et c'est ce qu'on n'a point encore fait. Nous renvoyons pour le détail de cette espèce de problème militaire, à notre traité de l'attaque des places, seconde édition, dans lequel nous avons examiné les avantages et les inconvénients des deux espèces de lignes dont il s'agit. (Q)

REDOUTE A CREMAILLERE, c'est une redoute ordinaire dont les faces forment des espèces de redants perpendiculaires les uns aux autres de trois pieds de côté ou de saillie.

L'objet de ces redants est de défendre toutes les parties de la redoute, c'est-à-dire, les angles qui dans les autres constructions ne sont pas défendues. Ingénieur de campagne par M. de Clairac.

Cette sorte de redoute demande du temps pour être construite solidement : ce qui fait qu'elle ne peut guère s'employer que dans les endroits que l'on peut fortifier à loisir. (Q)

REDOUTE, s. f. (Histoire moderne) en Italien ridotto. C'est un lieu public établi à Venise, où l'on s'assemble pour jouer à des jeux de hasard et surtout au pharaon. C'est toujours un noble Vénitien qui tient la banque, et il a à ses côtés deux dames masquées pour l'avertir des fautes d'inadvertence qu'il pourrait commettre à son préjudice. On n'y entre que masqué, et c'est pendant le carnaval que se tient la redoute. Les étrangers se plaignent de ne gagner presque jamais au jeu qui s'y tient.




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