Fortification

S. f. en terme de fortification, est un ouvrage auquel on donne la figure d'un carré, d'un bastion ou d'une demi-lune. On place les redoutes au pied du glacis, et alors elles s'appellent communément lunettes. Voyez LUNETTE. On en construit aussi dans les environs des places, à la portée du fusil des ouvrages les plus avancés. On choisit pour cela les lieux par où l'ennemi peut s'approcher de la place : les redoutes placées dans ces endroits servent à enfiler les travaux de l'ennemi dans les sieges, et à lui rendre les approches de la place plus difficiles. On emploie encore ces ouvrages pour couvrir les écluses et les différents postes qu'on veut conserver dans les environs des places.

LE (terme de Fortification) est une levée de terre qui enferme la place de tous côtés. Sa largeur est ordinairement de 9 taises par le haut, et de 13 ou 14 taises par le bas. A l'égard de sa hauteur, elle est différente suivant la situation et le terrain de la place : en terrain uni et régulier, elle est d'environ 3 taises.

L'objet du rempart est de mettre les maisons de la ville à couvert de l'attaque de l'ennemi ; de lui fermer l'entrée de la place, et d'élever ceux qui la défendent de manière qu'ils découvrent la campagne des environs, dans toute l'étendue de la portée du canon.

(Fortification) est une espèce de mur de maçonnerie ou de gazon, qui soutient les terres du rempart du côté de la campagne. Voyez REMPART. On dit que le rempart d'une place est revêtu de maçonnerie, lorsque le revêtement est de maçonnerie ; et l'on dit qu'il est gazonné, lorsque le revêtement est de gazon. Voyez GAZON. Pour que le revêtement soutienne plus aisément la poussée des terres du rempart vers le fossé, on le fait en talus. Voyez TALUS. Le talus forme une espèce d'escarpement, qui fait donner au côté extérieur du revêtement, le nom d'escarpe. Voyez ESCARPE. L'épaisseur du revêtement de maçonnerie au cordon est ordinairement de cinq pieds. On lui donne pour talus la cinquième ou la sixième partie de sa hauteur, à compter depuis le cordon jusqu'au fond du fossé. Lorsque le revêtement est de gazon, le talus est les deux tiers de sa hauteur. M. le maréchal de Vauban a donné une table qu'on trouve dans la science des Ingenieurs de M. Bélidor, dans laquelle il détermine l'épaisseur du revêtement et ses différents talus, depuis la hauteur de 10 pieds jusqu'à celle de 80. Mais quoiqu'elle ait été éprouvée sur plus de 500000 taises cubes de maçonnerie, bâties à 150 places fortifiées par les ordres de Louis le grand ; comme les mesures qu'elle contient ne sont établies sur aucun principe de théorie, elles ont depuis été examinées par messieurs Couplet et Belidor. Le premier a traité cette matière dans les mémoires de l'académie royale des Sciences, années 1726, 1727, et 1728, et il y a joint des tables dans lesquelles ces mesures se trouvent exactement déterminées, suivant les différents talus que les terres peuvent prendre ; et le second, (M. Belidor) a donné dans le livre de la science des Ingénieurs, des tables que ceux qui sont chargés de la construction effective des fortifications, doivent consulter : toutes ces tables fixent aussi les différentes dimensions des contreforts. Voyez CONTREFORT. Le rempart n'est quelquefois revêtu de maçonnerie que depuis le fond du fossé jusqu'au niveau de la campagne ; alors on dit qu'il est à demi-revêtement. Voyez DEMI-REVETEMENT.

v. act. et neut. c'est verser du sang ou en tirer. Voyez les articles SAIGNEE.

SAIGNER un fossé, en termes de fortification, c'est en faire écouler l'eau.

Pour saigner un fossé, on pratique des rigoles ou des espèces de petits canaux, de manière que le fond se trouve plus bas que celui du fossé. C'est ainsi qu'on en use pour l'écoulement des eaux des avant-fossés lorsque le terrain le permet, et de même pour le fossé du corps de la place. On occupe après cela le fond du fossé en plaçant sur la vase ou le limon des claies pour empêcher d'enfoncer dans la boue. Voyez PASSAGE DE FOSSE. (Q)

S. f. (Fortification) salut militaire, qui se fait par la décharge d'un grand nombre d'armes à feu en même temps. Voyez SALUT.

Dans les Transactions philosophiques, M. Robert Clarke nous rend compte d'un effet surprenant que produisit une salve ou quelques décharges de mousqueterie.

A la proclamation de la paix en 1697, deux corps de cavalerie furent rangés de manière que le centre se trouvait vis-à-vis la porte d'un boucher, qui avait un chien le plus gros et le plus hardi qu'il y eut à Londres. A la première décharge le chien qui dormait dans la maison couché auprès du feu, courut en-haut, et se cacha sous un lit qui était dans une chambre au premier étage : comme la servante le battait pour le faire descendre, lui qui n'avait jamais monté l'escalier, on fit une seconde décharge, à laquelle le chien se leva, sortit de dessous le lit, et fit plusieurs tours dans la chambre, tremblant et frissonnant comme s'il était aux abois, et à la troisième décharge, le chien après avoir fait encore un tour ou deux dans la chambre, tomba par terre et mourut sur le champ, en jetant du sang par le nez et par la gueule. Chambers.