S. f. (Histoire moderne) gouvernement des sept royaumes des Anglo-Saxons, considérés comme ne faisant qu'un seul corps et un seul état.

Les Anglo-Saxons établirent en Angleterre un gouvernement à-peu-près semblable à celui sous lequel ils avaient vécu en Allemagne : c'est-à-dire que se considérant comme frères et compatriotes, et ayant un égal intérêt à se maintenir dans leurs conquêtes, ils conçurent qu'il leur était nécessaire de se secourir mutuellement et d'agir en commun pour le bien de tous. Ce fut dans cette vue qu'ils jugèrent à-propos de se nommer un général, un chef, ou, si l'on veut, un monarque auquel ils accordèrent certaines prérogatives dont nous ne sommes pas bien informés. Après la mort de ce général ou monarque, on en élisait un autre du consentement unanime des sept royaumes : mais il y avait quelquefois d'assez longs interrègnes causés par les guerres ou par les divisions entre les souverains, qui ne pouvaient s'assembler ou s'accorder sur un choix.

Outre ce monarque, qui liait ensemble les Anglo-Saxons, ils avaient encore une assemblée générale composée des principaux membres des sept royaumes ou de leurs députés. Cette assemblée était comme le centre du gouvernement heptarchique ; on l'appelait le Wittena-gémot, ou le parlement général, et on n'y délibérait que sur les choses auxquelles toute la nation prenait intérêt. Voyez WITTENA-GEMOT.

Chaque royaume avait d'ailleurs un parlement particulier, formé à-peu-près de la même manière qu'on le voit pratiqué dans les sept provinces-unies des Pays-Bas. Chaque royaume était souverain, et néanmoins ils délibéraient en commun sur les affaires qui regardaient l'intérêt commun de l'heptarchie. Ce qui était ordonné dans l'assemblée générale devait être exactement observé, puisque chaque roi et chaque royaume y avait donné son consentement. C'était-là la forme du gouvernement heptarchique en général.

L'heptarchie dura 378 ans. Si l'on voulait rechercher les causes de sa dissolution, il ne serait pas difficîle de les trouver dans l'inégalité qu'il y avait entre les sept royaumes, dans le manque de princes du sang royal, dans l'ambition des souverains, et dans le concours de certaines circonstances qui ne se rencontrèrent qu'au temps d'Ecbert en 828. (D.J.)