S. m. (Histoire moderne) inscription qui se met au-dessus de quelque chose pour la faire connaître. Voyez INSCRIPTION.

Ce mot se dit plus particulièrement de l'inscription que l'on met à la première page d'un livre, qui en exprime le sujet, le nom de l'auteur, etc. Voyez LIVRE.

Ce qui embarrasse un grand nombre d'auteurs, c'est de trouver des titres spécieux pour mettre à la tête de leurs livres. Il faut que le titre soit simple et clair : ce sont là les deux caractères véritables de cette sorte de composition. Les titres fastueux et affectés forment des préjugés contre les auteurs. Les François donnent plus que les autres nations dans la fanfaronade des titres ; témoin celui de M. le Pays : Amitiés, Amours, Amourettes, à l'imitation duquel on a fait cet autre, Fleurs, Fleurons, Fleurettes, &c.

TITRE, en Droit civil et canon, signifie un chapitre ou une division d'un livre. Voyez CHAPITRE et TITRE.

Un titre est subdivisé en paragraphes, etc. Voyez PARAGRAPHE.

Chacun des cinquante livres du Digeste consiste dans un certain nombre de titres qui est plus grand dans les uns que dans les autres. Voyez DIGESTE.

TITRE est aussi un nom de dignité, de distinction ou de prééminence, qui se donne à ceux qui en sont décorés. Voyez NOBLESSE.

Loyseau observe que les titres de rang ou de dignité doivent toujours venir immédiatement après le nom de famille, et avant le titre de la charge. Voyez NOM.

Le roi d'Espagne emplit une page entière de titres pour faire l'énumération de plusieurs royaumes et seigneuries dont il est souverain. Le roi d'Angleterre prend le titre de roi de la Grande-Bretagne, de France et d'Irlande : le roi de France, celui de roi de France et de Navarre : le roi de Suède s'intitule, roi de Suède et des Goths : celui de Danemarck, roi de Danemarck et de Norvège : celui de Sardaigne, entr'autres titres, prend celui de roi de Chypre et de Jérusalem : le duc de Lorraine porte le titre de roi de Jérusalem, de Sicile, etc. Voyez ROI, etc. Les cardinaux prennent pour leurs titres les noms de quelques églises de Rome, comme de Sainte-Cécile, de Sainte-Sabine, etc. On les appelle cardinaux, du titre de S te. Cécile, etc. Voyez CARDINAL.

L'empereur peut conférer le titre de prince ou de comte de l'empire ; mais le droit de suffrage dans les assemblées de l'Empire dépend du consentement des états. Voyez ÉLECTEUR et EMPIRE.

Les Romains donnèrent aux Scipions les titres d'Africain, d'Asiatique, etc. à d'autres, ceux de Macédoniens, Numidiens, Crétiens, Parthiens, Daciens, etc. pour faire conserver le souvenir des victoires remportées sur ces peuples. Le roi d'Espagne imite cet exemple, en donnant des titres honorables aux villes de son royaume, en récompense de leurs services et de leur fidélité.

TITRE, est aussi une certaine qualité que l'on donne à certains princes, par forme de respect, etc. Voyez QUALITE.

Le pape porte le titre de sainteté : un cardinal prince du sang, celui d'altesse royale, ou d'altesse sérénissime, suivant qu'ils sont plus ou moins éloignés du trône : les autres cardinaux princes, celui d'altesse éminentissime : les simples cardinaux, celui d'éminence : un archevêque, celui de grandeur. [En Angleterre, celui de grâce : et de très-révérend :] les évêques, celui de fort révérend : les abbés, prêtres, religieux, etc. celui de révérend. Voyez SAINTETE, ÉMINENCE, GRACE, REVEREND, PAPE, CARDINAL, etc.

Pour ce qui est des puissances séculières, on donne à l'empereur, le titre de majesté impériale : aux rais, celui de majesté : au roi de France, celui de majesté très-chrétienne : au roi d'Espagne, celui de majesté catholique : au roi d'Angleterre, celui de défenseur de la foi : au turc, celui de grand-seigneur et de hautesse : au prince de Galles, celui d'altesse royale : aux princes du sang de France, celui d'altesse sérénissime : aux électeurs, celui d'altesse électorale : au grand-duc, celui d'altesse sérénissime : aux autres princes d'Italie et d'Allemagne, celui d'altesse : au doge de Venise, celui de sérénissime prince : à la république et au sénat de Venise, celui de seigneurie : au grand-maître de malthe, celui d'éminence : aux nonces et aux ambassadeurs des têtes couronnées, celui d'excellence, voyez EMPEREUR, ROI, PRINCE, DUC, ALTESSE, SERENITE, ÉMINENCE, EXCELLENCE, etc.

L'empereur de la Chine, parmi ses titres, prend celui de tien-su, c'est-à-dire, fils du ciel. On observe que les Orientaux aiment les titres à l'excès. Un simple gouverneur de Schiras, par exemple, après une pompeuse énumération de qualités, seigneuries, etc. ajoute les titres de fleur de politesse, muscade de consolation et de délices, &c.

Le grand-seigneur, dans ses patentes et dans les lettres qu'il envoie, soit aux princes étrangers, soit à ses bachas et autres officiers, prend les titres pompeux d'agent et d'image de Dieu. Tantôt il s'appelle tuteur du monde, gardien de l'univers, empereur des empereurs, distributeur des couronnes ; refuge et asîle des rais, princes, républiques et seigneuries affligées ; libérateur de ceux qui gémissent sous l'oppression des Infidèles ; unique favori du ciel, chéri et redouté par-tout. Tantôt il se qualifie, propriétaire des célestes cités de la Mecque et de Médine, gardien perpétuel de la sainte Jérusalem. Souvent aussi il se dit, possesseur des empires de Grèce et de Trébizonde, de soixante-dix royaumes, d'un nombre infini de peuples, terres et pays conquis en Europe, en Asie et en Afrique par l'épée exterminante des Musulmants ; et maître absolu de plusieurs millions de guerriers victorieux des plus grands fleuves du monde, des mers Blanche, Noire et Rouge, des palusméotides, etc. Ils en donnent aussi de singuliers aux princes chrétiens ; tels sont ceux qui étaient à la lettre, que Soliman aga présenta à Louis XIV. en 1669 de la part de Mahomet IV : Gloire des princes majestueux de la croyance de Jesus-Christ, choisi entre les grands lumineux dans la religion chrétienne, arbitre et pacificateur des affaires qui naissent dans la communauté des Nazaréens, dépositaire de la gravité, de l'éminence et de la douceur ; possesseur de la voie qui conduit à l'honneur et à la gloire ; l'empereur de France, notre ami, Louis, que la fin de ses desseins soit couronnée de bonheur et de prospérité.

Parmi les Européens, les Espagnols surtout, affectent d'étaler aussi des titres longs et fastueux. On sait que Charles-Quint ayant ainsi rempli de tous ses titres la première page d'une lettre qu'il adressait à François premier, ce prince ne crut pouvoir mieux en faire sentir le ridicule, qu'en se qualifiant : Français, par la grâce de Dieu, bourgeois de Paris, seigneur de Vanvres et de Gentilly, qui sont deux petits villages au voisinage de Paris.

TITRE, (Jurisprudence) signifie quelquefois qualité, comme quand on dit titre d'honneur.

Titre est aussi quelquefois opposé à commende, comme quand on dit qu'un bénéfice est conféré en titre. On entend aussi par titre de bénéfice, quelque fonction qui a le caractère de bénéfice.

Titre se prend encore pour la cause en vertu de laquelle on possede, ou on réclame une chose.

Titre signifie aussi tout acte qui établit quelque droit ; les titres pris en ce sens se subdivisent en plusieurs espèces.

Titre apparent est celui qui parait valable quoiqu'il ne le soit pas.

Titre authentique est celui qui est émané d'un officier public, et qui fait une foi pleine et entière.

Titre de bénéfice, voyez ce qui en est dit ci-dessus, et les mots BENEFICE et COMMENDE.

Titre clérical ou sacerdotal, est le fonds qui doit être assuré pour la subsistance d'un ecclésiastique, avant qu'il soit promu aux ordres sacrés.

Anciennement l'on n'ordonnait aucun clerc sans lui donner un titre, c'est-à-dire sans l'attacher au service de quelque église, dont il recevait de quoi subsister honnêtement.

Mais la dévotion et la nécessité ayant contraint de faire plus de prêtres qu'il n'y avait de bénéfices et de titres, il a fallu y apporter un remède, qui est de faire un titre feint au défaut de bénéfice, en assurant un revenu temporel pour la subsistance de l'ecclésiastique.

Les conciles de Nicée et de Calcédoine, celui de Latran en 1179, le concîle de Trente, ceux de Sens en 1528, de Narbonne en 1551, de Rheims et de Bordeaux en 1561, d'Aix en 1585, de Narbonne en 1609, de Bordeaux en 1624, et les quatre et cinquième conciles de Milan, en ont fait un règlement précis.

L'ordonnance d'Orléans prescrit la même chose.

Un bénéfice peut servir de titre clérical, pourvu qu'il soit de revenu suffisant.

La quotité du titre clérical a varié selon les temps et les lieux. L'ordonnance d'Orléans n'exigeait que 50 liv. de rente ; mais les dépenses ayant augmenté, il a fallu aussi augmenter à proportion le titre clérical. A Paris et dans plusieurs autres diocèses, il doit présentement être au moins de 150 liv. de revenu.

La constitution de ce titre ne peut être alterée par aucune convention secrète.

On ordonne pourtant sous le titre de religion, les religieux des monastères fondés, et les religieux mendiants, sous le titre de pauvreté. Quelquefois aussi les évêques ordonnent sous ce même titre, des clercs séculiers ; mais il faut en ce cas, qu'ils leur confèrent au plus tôt un bénéfice suffisant pour leur subsistance ; et si c'est un évêque étranger qui ordonne l'ecclésiastique, en vertu d'un démissoire, c'est à l'évêque qui a donné le démissoire, à donner le bénéfice. Voyez les mémoires du clergé, d'Héricourt, et les mots CLERC, ECCLESIASTIQUE, ORDRES SACRES, PRETRISE.

Titre coloré est celui qui parait légitime, et qui a l'apparence de la bonne foi, quoiqu'il ne soit pas valable, ni suffisant pour transferer seul la propriété, si ce n'est avec le secours de la prescription. Voyez POSSESSION, PRESCRIPTION.

Titre constitutif est le premier titre qui établit un droit, ou une chose. Voyez ci-après TITRE DECLARATIF et TITRE ÉNONCIATIF.

Titres de la couronne, ce sont les chartres et autres pièces qui concernent nos rais, les droits de leur couronne, et les affaires de l'état. Voyez CHARTRES DU ROI et TRESOR DES CHARTRES.

Titre déclaratif est celui qui ne constitue pas un droit, mais qui le suppose existant, et qui le rappele.

Titre énonciatif est celui qui ne fait qu'énoncer et rappeler un autre titre, et qui n'est pas le titre même sur lequel on se fonde.

Titre exécutoire est celui qui emporte l'exécution parée contre l'obligé, comme une obligation ou un jugement expédiés en forme exécutoire. Voyez OBLIGATION, JUGEMENT EXECUTOIRE, EXECUTION PAREE, FORME EXECUTOIRE.

Titres de famille, ce sont les extraits de baptêmes, mariages et sépultures, les généalogies, les contrats de mariages, quittances de dot et de douaire ; les donations, testaments, partages et autres actes semblables, qui ont rapport à ce qui s'est passé dans une famille.

Titre gratuit est celui par lequel on acquiert une chose sans qu'il en coute rien. L'ordonnance des donations porte qu'à l'avenir il n'y aura que deux formes de disposer de ses biens à titre gratuit ; savoir, les donations entre vifs, et les testaments ou codicilles.

Titre lucratif est celui en vertu duquel on gagne quelque chose, comme une donation ou un legs. Par le terme de titre lucratif, on entend souvent la cause lucrative, comme le legs, plutôt que le titre ou acte qui est le testament ou codicille contenant le legs.

C'est une maxime, en fait de titres ou de causes lucratives, que deux titres de cette espèce ne peuvent pas concourir en faveur d'une même personne ; ce n'est pas que l'on ne puisse faire valoir les deux titres, en corroborant l'un par l'autre, cela veut dire seulement que l'on ne peut pas exiger deux fois la même chose en vertu de deux titres différents.

Titre nouvel, c'est proprement renovatio tituli ; c'est la reconnaissance que l'on fait passer à celui qui doit quelque somme ou quelque rente, soit pour empêcher la prescription, soit pour donner l'exécution parée contre l'héritier de l'obligé. Le titre nouvel tient lieu du titre primitif, et y est toujours présumé conforme, à moins qu'il n'y ait preuve du contraire. Voyez TITRE PRIMITIF.

Titre onéreux est celui par lequel on acquiert une chose, non pas gratuitement, mais à prix d'argent, ou moyennant d'autres charges et conditions, comme un contrat de vente ou d'échange, un bail à rente. Voyez TITRE GRATUIT, ACHAT, VENTE, ECHANGE, etc.

Titre présumé est celui que l'on suppose exister en faveur de quelqu'un, et que cependant on reconnait ensuite qu'il n'a pas.

Titre primitif ou primordial, est le premier titre qui établit un droit ou quelque autre chose, à la différence des titres seulement déclaratifs ou énonciatifs, qui ne font que supposer le droit où en est encore le titre, et du titre nouvel qui est fait pour proroger l'effet du titre primitif.

Titre sacerdotal est la même chose que titre clérical. Voyez ci-devant TITRE CLERICAL.

Titre translatif de propriété, est celui qui a l'effet de faire passer la propriété de quelque chose, d'une personne à une autre, comme un contrat de vente, une donation, etc. à la différence du bail à loyer, du déport, et autres actes semblables qui ne transfèrent qu'une jouissance précaire.

Titre vicieux est celui qui est défectueux en la forme, comme un acte non signé ; ou au fond, comme une donation non acceptée par le donataire. C'est une maxime qu'il vaut mieux n'avoir pas de titre, que d'en avoir un vicieux. Il ne s'ensuit pourtant pas de-là que l'on ne puisse pas s'aider pour la prescription, d'un titre coloré qui serait seul insuffisant pour transmettre la propriété, comme quand on a acquis d'un autre que le véritable propriétaire ; on entend en cette occasion par titre vicieux, celui dont le défaut est tel que la personne même qui s'en sert n'a pu l'ignorer, et qu'elle n'a pu prescrire de bonne foi en vertu d'un tel titre ; comme quand le titre de la jouissance est un bail à loyer, ou un séquestre, c'est le cas de dire qu'il vaudrait mieux n'avoir pas de titre, que d'en avoir un vicieux, parce que l'on peut prescrire par une longue possession sans titre ; au lieu que l'on ne peut prescrire en vertu d'un titre infecté d'un vice tel que celui que l'on vient d'expliquer, par quelque temps que l'on ait possédé. (A)

TITRE, (Histoire ecclésiastique) titulus ; c'est un des anciens noms donnés aux églises ou temples des premiers chrétiens. On sait qu'on les appelait ainsi, parce que quand une maison était confisquée au domaine de l'empereur, la formalité que les officiers de justice observaient, était d'attacher au-devant de cette maison une toîle où était le portrait de l'empereur, ou son nom écrit en gros caractères, et cette toîle s'appelait titre, titulus : la formalité s'appelait l'imposition du titre, tituli impositio. Or, comme cela marquait que cette maison n'était plus à ses premiers maîtres, mais appartenait à l'empereur, les Chrétiens imitèrent cette manière de faire passer une maison, du domaine d'un particulier, au service public de Dieu. Lorsque quelque fidèle lui consacrait la sienne, il y mettait pour marque une toile, où aulieu de l'image ou nom de l'empereur, on voyait l'image de la croix ; et cette toîle s'appelait titre, comme celle dont elle était une imitation. De - là les maisons mêmes où étaient attachées les croix, furent appelées titres.

Il y a quelques auteurs qui aiment mieux faire venir le nom de titre, de ce que chaque prêtre prenait son nom et titre de l'église dont il était chargé pour la desservir ; mais la première origine est plus vraisemblable, car on lit que le pape Evariste partagea les titres de Rome à autant de prêtres, l'an 112 de J. C. ce qui semble indiquer que les églises s'appelaient titres avant qu'elles fussent partagées aux prêtres. Il faut seulement remarquer que dans la suite, toutes les églises ne furent plus appelées titres ; et que ce nom fut seulement réservé aux plus considérables de Rome. (D.J.)

TITRE, (Poésie dramatiq.) ce que les Latins nomment titre, titulus, les Grecs l'appellent , enseignement, instruction. C'était autrefois la coutume de mettre des titres ou instructions à la tête des pièces de théâtre ; et cet usage apprenait aux lecteurs dans quel temps, dans quelle occasion, et sous quels magistrats ces pièces avaient été jouées. Cependant on ne mettait de titres qu'aux pièces qui avaient été jouées pour célébrer quelque grande fête, comme la fête de Cérès, celle de Cybèle, ou celle de Bacchus, etc. La raison de cela, est qu'il n'y avait que ces pièces qui fussent jouées par l'ordre des magistrats. Mais il ne nous reste point de titre entier d'aucune pièce grecque ou latine, non pas même de celles de Térence ; car on n'y trouve point le prix, c'est-à-dire l'argent que les édiles avaient payé à Térence pour chacune de ces pièces : et c'est ce qu'on avait grand soin d'y mettre.

On poussait même, dans la Grèce, cette exactitude si loin, qu'on y marquait les honneurs qu'on avait fait au poète, les bandelettes dont on l'avait décoré, et les fleurs qu'on avait semées sur ses pas. Mais cela ne se pratiquait qu'en Grèce, où la comédie était un art honnête et fort considéré ; au lieu qu'à Rome ce n'était pas tout à fait la même chose.

Il ne nous reste plus qu'à donner un exemple d'un des titres latins, mais tronqué ; c'est celui de l'Andrienne, la première comédie de Térence.

Titulus, seu didascalia.

Acta ludis Megalensibus, M. Fulvio et M. Glabrione aedilibus curulibus ; egerunt L. Ambivius Turpio. L. Attilius Praenestinus. Modos fecit Flaccus Claudii, tibiis paribus dextris et sinistris, et est tota graeca. Edita M. Marcello. C. Sulpicio Coss.

" Titre, ou la didascalie.

Cette pièce fut jouée pendant la fête de Cybèle, sous les édiles curules Marcus Fulvius et Marcus Glabrio, par la troupe de Lucius Ambivius Turpio et de Lucius Attilius de Preneste. Flaccus affranchi de Claudius fit la musique, où il employa les flutes égales, droites et gauches. Elle est toute grecque. Elle fut représentée sous le consulat de M. Marcellus et de C. Sulpicius ". (D.J.)

TITRE, terme d'Imprimeur ; c'est un petit trait qu'on met sur une lettre pour marquer quelque abreviation. (D.J.)

TITRE, terme de manufacture ; c'est la même que la marque que tout ouvrier est tenu de mettre au chef de chaque pièce de sa fabrique. (D.J.)

TITRE, à la Monnaie ; on appelle ainsi en fait d'or et d'argent le degré de finesse et de bonté de ces métaux. Ce titre varie selon les degrés de la pureté du métal, il appartient aux souverains de fixer les espèces d'or et d'argent.

Les souverains ordonnent sagement aux orfèvres et aux autres ouvriers tant en or qu'en argent, de ne donner que de l'or à 24 carats, et de l'argent du titre de 12 deniers : le but de cette précaution est d'empêcher les ouvriers d'employer les monnaies courantes à la fabrique des ouvrages de leurs professions ; la perte qu'ils souffriraient en convertissant des matières de moindres titres en des ouvrages de pur or, ou d'argent fin, a paru le plus sur moyen pour leur éviter une tentation qui aurait été capable de ruiner le commerce par la rareté des espèces : mais en prescrivant des lois sévères aux orfévres pour les obliger à donner du fin, et aux monnoyeurs, pour les engager après l'affinage, et la fabrique d'une quantité de matières, de rendre tant d'espèces de tel poids et de tel titre ; on a remarqué qu'il était presque impossible aux ouvriers d'atteindre, sans perte de leur part, au point prescrit par les lois. Il y a toujours quelques déchets dans les opérations, quelque perte de fin parmi l'alliage ou les scories qui demeurent ; on a cru qu'il était juste d'avoir quelque indulgence à cet égard, et de regarder le titre et le poids comme suffisamment fourni, lorsqu'ils en approchent de fort près ; et afin qu'on sut à quoi s'en tenir, les lois ont réglé jusqu'où cette tolérance serait portée.

Par exemple, un batteur d'or qui fournit de l'argent au titre de 11 deniers 18 grains, est censé avoir fourni du fin, de l'argent d'aloi, quoiqu'il s'en faille 6 grains qu'il ne soit au titre de 12 deniers ; et qu'ainsi cet argent contienne 6 grains d'alliage : cette indulgence est ce qu'on appelle remède, c'est-à-dire moyen, pour ne point faire supporter à l'ouvrier des déchets inévitables.

Il y a deux sortes de remèdes, celui qu'on accorde sur le titre, et celui qu'on accorde sur le poids. Le premier se nomme remède d'aloi ; l'autre remède de poids. Il y a pareillement foiblage d'aloi et foiblage de poids. C'est une diminution du titre ou du poids au-dessous du remède, ou de l'indulgence accordée par les lois ; c'est une contravention punissable. Quand l'or et l'argent sont considérablement au-dessous du titre prescrit par les lois, c'est de l'or bas et de bas argent ; quand l'or est au-dessous de dix-sept carats, on le nomme encore tenant or, s'il tire sur le rouge, et argent tenant or, s'il tire sur le blanc ; quand l'or est au-dessous de douze carats, et l'argent au-dessous de six deniers, c'est-à-dire, que l'or contient douze parties d'alliage avec douze de sa matière, et que l'argent contient six parties ou plus de matières étrangères avec six d'argent véritable, ces métaux s'appellent billon, nom qu'on donne aussi à la monnaie de cuivre mêlée d'un peu d'argent, et à toutes les monnaies, même de bon titre et de bon aloi, mais dont le cours est défendu pour leur substituer une nouvelle fonte.

TITRE, terme de Chasse ; c'est un lieu ou un relais, où l'on pose les chiens, afin que quand la bête passera, ils la courent à-propos ; ainsi mettre les chiens en bon titre, c'est les bien poster. (D.J.)