ou CAPOUDAN BACHA, s. m. (Histoire moderne) c'est en Turquie le grand amiral. Il possède la troisième charge de l'empire, et a sur mer autant de pouvoir que le grand-vizir en a sur terre. Ce commandant n'avait point autrefois le titre de capitan bacha ou d'Amiral ; il n'était que beg de Gallipoli. Soliman II. institua cette charge en faveur du fameux Barberousse, et y attacha une autorité absolue sur tous les officiers de la marine et de l'arsenal, que le capitan bacha peut punir, casser, et faire mourir dès qu'il est hors du détroit des Dardannelles. Il commande dans toutes les terres, les villes, châteaux et forteresses maritimes ; visite les places, les fortifications, les magasins ; ordonne des réparations, des munitions de guerre et de bouche ; change les milices, et tient conseil pour recevoir les plaintes des officiers.

Lorsque cet officier est à Constantinople, il a droit de police dans les villages de la côte du port et du canal de la mer Noire, qu'il fait exercer ou par son keaja ou lieutenant, ou par le bostangi bachi.

La marque de son autorité est une grande canne d'inde, qu'il porte à la main dans l'arsenal et à l'armée. Son canot, par un privilège réservé seulement au grand-seigneur, est couvert d'un tendelet, et armé d'un éperon à la proue. Il dispose des places de capitaines de vaisseau et de galeres, vacantes par mort.

Cet officier a une copie de l'état des troupes de mer et des fonds destinés pour l'entretien des armées navales. Trais compagnies de Janissaires composent sa garde : elles débarquent par-tout où la flotte séjourne, et campent devant la galere du général. Sa maison, sans être aussi nombreuse que celle du grand-vizir, est composée des mêmes officiers ; et quand la flotte mouille dans un port, il tient un divan ou conseil composé des officiers de marine.

Le capitan bacha jouit de deux sortes de revenus ; les uns fixes, et les autres casuels. Les premiers proviennent de la capitation des îles de l'Archipel, et certains gouvernements et bailliages de la Natolie et de Romelie, entr'autres de celui de Gallipoli, que le grand-seigneur lui donne en apanage avec la même étape que celle du grand-vizir. Ses revenus casuels consistent en ce qu'il tire de la paye des bénévoles, et de la demi-paye de ceux qui meurent pendant la campagne, qu'il partage avec le Tersana Emini. Il a encore le cinquième des prises que font les begs, et loue ses esclaves pour mariniers et rameurs sur les galeres du grand-seigneur, à raison de 50 écus par tête, sans qu'ils lui coutent à nourrir ni à entretenir ; parce qu'au retour de la flotte, il les fait enfermer avec ceux de sa hautesse. Les contributions qu'il exige dans les lieux où il passe, augmentent considérablement ses revenus casuels, Guer, Mœurs et usag. des Turcs, tom. II. (G)