S. m. (Histoire moderne) vaste salle dans le palais du grand-mogol, où il donne audience à ses sujets, et où il parait les jours solennels avec une magnificence extraordinaire. Son trône est soutenu par six gros pieds d'or massif, et tout semés de rubis, d'émeraudes et de diamants ; on l'estime soixante millions. Ce fut Cha-Gean père d'Aurengzeb, qui le fit faire pour y exposer en public toutes les pierreries de son trésor, qui s'y étaient amassées des dépouilles des anciens Patants et Rajas, et des présents que les Ombras sont obligés de faire au grand-mogol tous les ans à certaines fêtes. Les auteurs qui nous apprennent ces particularités, conviennent que tous ces ouvrages si riches pour la matière, sont travaillés sans gout, à l'exception de deux paons couverts de pierreries et de perles, qui servent d'ornement à ce trône, et qui ont été faits par un Français. Assez près de cette salle on voit dans la cour une tente qu'on nomme l'aspek, qui a autant d'étendue que la salle ou am-kas, et qui est renfermée dans un grand balustre couvert de lames d'argent ; elle est soutenue par des piliers revêtus de lames de même métal : le dehors est rouge, et le dedans doublé de toiles peintes au pinceau, dont les couleurs sont si vives et les fleurs si naturelles, qu'elles paraissent comme un parterre suspendu. Bernier, Histoire du grand-Mogol. (G)