ou ZAMORIN, s. m. (Histoire moderne) c'est le nom que l'on donne à un souverain de l'Indostan, dont les états sont placés sur la côte de Malabare, et qui était autrefois le prince le plus puissant de cette côte. Sa résidence ordinaire est à Calecut ou Kalicut. Autrefois le samorin ne pouvait occuper le trône au delà de douze ans ; s'il mourait avant que ce temps fut accompli, il était dispensé d'une cérémonie aussi singulière que cruelle ; elle consistait à se couper la gorge en public ; on dressait un échafaud pour cet effet, le samorin y montait, après avoir donné un grand festin à sa noblesse et à ses courtisans : immédiatement après sa mort ces derniers élisaient un nouveau samorin. Les souverains se sont actuellement délivré en grande partie d'une coutume si incommode ; lorsque les douze années sont révolues, les samorins se contentent de donner sous une tente dressée dans une plaine, un repas somptueux pendant douze jours de suite, aux grands du royaume ; au bout de ce temps de réjouissances, si quelqu'un des convives a assez de courage pour aller tuer le samorin dans sa tente, où il est entouré de plusieurs milliers de gardes, la couronne est à lui, et il est reconnu samorin en la place de celui à qui il a ôté la vie.

Lorsque le samorin se marie, il ne lui est point permis d'habiter avec sa femme jusqu'à ce que le nambouri ou grand-prêtre en ait eu les prémices ; ce dernier peut même, s'il veut, la garder trois jours. Les principaux de la noblesse ont la complaisance d'accorder au clergé le même droit sur leurs épouses : quant au peuple, il est obligé de se passer des services des prêtres, et de remplir lui-même ses devoirs.