S. f. (Antiquité romaine) combat donné fur l'eau. Ces combats sur l'eau ont été les plus superbes spectacles de l'antiquité ; c'était un cirque entouré de sieges et de portiques, dont l'enfoncement, qui tenait lieu d'arene, était rempli d'eau par le moyen de vastes canaux ; et c'était dans ce cirque qu'on donnait le spectacle d'un combat naval et sanglant.

Jules César ayant trouvé un endroit favorable sur le bord du Tibre, et assez proche de la ville, appelé Codette, le fit creuser, et y donna le premier le divertissement d'une naumachie. On y vit combattre des vaisseaux tyriens et égyptiens, et les apprêts qu'on fit pour ce nouveau spectacle, piquèrent tellement la curiosité des peuples, qu'il fallut loger sous des tentes les étrangers qui s'y rendirent presque en même temps de tous les endroits de la terre. Suétone, vie de César, ch. xxxix.

Ensuite Lollius, sous le règne d'Auguste, donna, pour lui faire sa cour, le second spectacle d'un combat naval, en mémoire de la victoire d'Actium. Les empereurs imitèrent à leur tour cet exemple.

Dans la naumachie de Claudius, qui se donna sur le lac Fuem, il fit combattre douze vaisseaux contre un pareil nombre sous le nom de deux factions, l'une rhodienne, et l'autre tyrienne. Elles étaient animées au combat par les chamades d'un triton, qui sortit du milieu de l'eau avec sa trompe. L'empereur eut la curiosité de voir passer devant lui les combattants, parmi lesquels se trouvaient plusieurs hommes condamnés à mort : ils lui dirent en passant : seigneur, recevez le salut des troupes qui vont mourir pour votre amusement ; ave, imperator, morituri te salutant. Il leur répondit en deux mots, avete, vos ; et le combat se donna.

Néron fit exécuter une naumachie encore plus horrible et plus considérable ; car il perça exprès pour cet effet la montagne qui sépare le lac Tucin de la rivière de Lyre. Il arma des galeres à trois et quatre rangs, mit dessus 19 mille hommes de combat, et fit paraitre sur l'eau toutes sortes de monstres marins.

Cependant la plus singulière de toutes les naumachies, et la plus fameuse dans l'histoire, est celle que donna l'empereur Domitien, quoiqu'il ne fit paraitre dans ce combat naval que trois mille combattants en deux partis, dont il appela l'un celui des Athéniens, et l'autre, celui des Syracusains ; mais il entoura tout le spectacle de portiques d'une grandeur prodigieuse, et d'une exécution admirable. Suétone, dans la vie de cet empereur, ch. lj. nous a conservé la description de cette naumachie ; et les curieux la trouveront représentée dans la 6e. pl. de l'essai historique d'Architecture de Fischer. (D.J.)