S. m. inspector ; (Histoire ancienne) celui à qui l'on confie le soin et la conduite de quelque ouvrage. Voyez INTENDANT.

On appelait inspecteurs chez les Romains des personnes commises pour examiner la qualité et la valeur des biens et effets des citoyens, afin de proportionner les taxes et les impôts aux facultés d'un chacun.

Les Juifs ont aussi un officier dans leur synagogue qu'ils nomment inspecteur, mazam. Il est chargé d'avoir l'oeil sur les prières et sur les leçons, de les préparer et de les montrer au lecteur, et de se tenir auprès de lui pour voir s'il lit comme il faut, et le reprendre lorsqu'il manque.

INSPECTEUR, (Art militaire) on appelle ainsi en France des officiers, dont les fonctions sont de faire la revue des troupes, d'examiner les compagnies en gros et en détail, pour connaître celles qui sont en état de servir, et les soldats propres aux travaux militaires ; de casser ceux qui ne sont point de la taille qu'on les veut, ou qui ne peuvent pas supporter les fatigues. Ils rendent aussi compte au ministre de l'exactitude ou du service des officiers. C'est sur leurs mémoires qu'on les casse ou qu'on les avance. Ils retranchent ou réforment dans la cavalerie les chevaux qu'ils jugent mauvais. Ils étaient obligés d'abord de faire leurs revues tous les mois, mais ils ne la font plus guère qu'une fois l'année. Ces officiers sont choisis ordinairement parmi les brigadiers ou les maréchaux de camp ; on en a Ve qui étaient lieutenans-généraux. Ces charges sont de la création du roi Louis XIV.

INSPECTEUR de manufactures, (Commerce et Finances) commis sur la conduite et exécution d'une manufacture conformément aux règlements.

L'établissement des inspecteurs est dû à M. Colbert. Si ce fut un bon établissement que celui-là, dit l'auteur des considérations sur les finances, dont les remarques orneront cet article ; c'est un établissement bien plus habîle d'avoir formé une école à ces mêmes inspecteurs, et de les avoir astreints à travailler sur le métier, ou plutôt c'est lui avoir donné le seul genre d'utilité qu'il fût possible d'en retirer. Il serait désirable sans-doute qu'ils pussent avoir voyagé dans tous les pays où se consomment les ouvrages des manufactures qu'ils sont destinés à conduire : car c'est le goût du consommateur qui doit régler la fabrication ; c'est dans le pays de la consommation que l'on prend connaissance des étoffes étrangères qui se pourraient imiter, de l'avantage ou du désavantage que les uns et les autres ont dans leur concurrence mutuelle, et des causes qui y contribuent.

La manière dont l'opération du commerce s'y fait, influe encore d'une manière essentielle sur les mesures que les manufacturiers ont à prendre. Enfin, plus les inspecteurs s'approcheront de la fonction des consultants avec les manufacturiers ou des professeurs des arts, plus ils seront utiles.

Mais que penser des amendes décernées par M. Colbert contre l'impéritie des ouvriers à chaque article de ses règlements de manufactures ? Des amendes ne sont point des raisons, c'est tout au plus l'indication d'une volonté rigoureuse, à moins qu'elles ne regardent des choses faites contre la bonne foi ; et peut-être dans ce cas les amendes ne suffisent-elles pas. Celui qui se défie de sa main et de son adresse, ne peut lire ce règlement de M. Colbert sans frémir. Sa première pensée est, qu'on est plus heureux en ne travaillant pas, qu'en travaillant. Si par malheur le règlement est impraticable, comme cela s'est Ve quelquefois, l'ouvrier se dégoute, et cesse au moins son travail pendant le temps de la tournée de l'inspecteur.

On demande à tout homme de bonne foi s'il serait bien invité à une profession, en lui disant : " au cas que vos ouvrages ne soient pas faits conformément au règlement, pour la première fois ils seront confisqués et attachés sur un poteau avec un carcan, votre nom au-dessus pendant 48 heures ; pour la seconde fois pareille peine, et vous serez blâmé ; pour la troisième fois vous serez vous-même attaché au poteau ". On répondrait que cette ordonnance est sans-doute traduite du japonais. Non ; c'est le dispositif d'un règlement de 1670, extorqué sans-doute au sage ministre que nous avons nommé, par quelque subalterne qui comptait bien de n'entrer jamais en qualité d'ouvrier dans aucune manufacture soumise à un inspecteur.

INSPECTEUR des constructions, (Marine) c'est un officier commis à la construction et aux radoubs des vaisseaux. Il examine les plans et les profils avant qu'on commence de mettre le vaisseau sur le chantier ; fait faire un devis exact des bois qui doivent y entrer, et enseigne aux charpentiers les méthodes les meilleures de faire les fonds, les hauts, les ponts, etc. (Q)