(Histoire ancienne) printemps sacré : expression qui se trouve dans les anciens historiens latins et dans quelques monuments antiques, et sur la signification de laquelle les savants sont partagés. M. l'abbé Couture pensait que par ver sacrum on devait entendre le vœu qu'on faisait dans les grandes calamités, d'immoler aux dieux tous les animaux nés dans un printemps ; et il se fondait sur ce qu'après la bataille de Trasimene et la mort du consul C. Flaminius, la république romaine consternée voua aux dieux un printemps sacré, c'est-à-dire, comme il fut déterminé par un decret du sénat, tout le bétail qui serait né depuis le premier jour de Mars jusqu'au dernier d'Avril inclusivement.

M. Boivin a cru que par ver sacrum il fallait entendre les colonies qui sous la protection des dieux sortaient de leur pays pour aller s'établir dans un autre : ce qu'il fonde sur l'autorité de Pline, qui parlant des Picentins, dit qu'ils descendaient des Sabins qui avaient voué un printemps sacré, c'est-à dire qui les avaient envoyés en colonie, Picentini orti sunt à Sabinis, voto vère sacro, et sur celle de S. Jérôme, qui sur l'an 1596 de la chronique d'Eusebe, dit que les Lacédémoniens fondèrent la ville d'Héraclée en y envoyant un ver sacrum. Lacedaemonii ver sacrum Heracliam destinantes urbem condunt. Denys d'Halicarnasse, Strabon, Plutarque et plusieurs autres anciens et modernes paraissent favorables à ce dernier sentiment.

M. Leibnitz avait expliqué dans le même sens le mot ver sacrum trouvé sur des monuments déterrés dans l'église de Paris, des colonies des Gaulois, que Bellovese et Sigovese conduisirent autrefois dans la Germanie et dans l'Italie. Mém. de l'acad. tom. III.