S. f. (Histoire ancienne) on nommait ainsi le droit de soulevement accordé aux citoyens de Crète, lorsque la magistrature abusait de sa puissance et transgressait les lais. Alors il était permis au peuple de se soulever, de chasser ses magistrats coupables, de les obliger de rentrer dans la condition privée, et d'en nommer d'autres à leur place.

Une institution pareille qui permettait la rebellion pour empêcher l'abus du pouvoir, semblait devoir renverser quelque république que ce fût ; elle ne détruisait pas cependant celle de Crète, parce que c'était le peuple du monde qui avait le plus d'amour pour la patrie, et la force de ce grand principe l'entrainait uniquement dans ses démarches. Ne craignant que les ennemis du dehors, il commençait toujours par se réunir de ce côté-là, avant que de rien entreprendre au-dedans, ce qui s'appelait syncrêtisme, et c'est une belle expression.

Les lois de Pologne ont de nos jours leur espèce d'insurrection, leur liberum veto ; mais outre que cette prérogative n'appartient qu'aux nobles dans les dietes, outre que les bourgeois des villes sont sans autorité, et les paysans de malheureux esclaves ; les inconvénients qui résultent de ce liberum veto, font bien voir, dit M. de Montesquieu, que le seul peuple de Crète était en état d'employer un pareil remède, tant que les principes de leur gouvernement restèrent sains. Esprit des lais, liv. VIII. chap. 9. (D.J.)