S. m. (Histoire ancienne) les Juifs se servent de ce mot pour marquer un spectre de nuit qui enlève les enfants et les tue ; c'est pourquoi, comme l'a remarqué R. Léon de Modene, lorsqu'une femme est accouchée, on a coutume de mettre sur de petits billets, aux quatre coins de la chambre où la femme est en couche, ces mots, Adam et Eve : Lilith hors d'ici, avec le nom de trois anges ; et cela pour garantir l'enfant de tout sortilège. M. Simon, dans sa remarque sur ces paroles de Léon de Modene, observe que Lilith, selon les fables des Juifs, était la première femme d'Adam, laquelle refusant de se soumettre à la loi, le quitta et s'en alla dans l'air par un secret de magie. C'est cette Lilith que les Juifs superstitieux craignent comme un spectre, qui apparait en forme de femme, et qui peut nuire à l'enfantement. Buxtorf, au chap. IIe de sa Synagogue, parle assez au long de cette Lilith, dont il rapporte cette histoire tirée d'un livre juif. Dieu ayant créé Adam, lui donna une femme qui fut appelée Lilith, laquelle refusa de lui obéir : après plusieurs contestations ne voulant point se soumettre, elle prononça le grand nom de Dieu Jehova, selon les mystères secrets de la cabale, et par cet artifice elle s'envola dans l'air. Quelque instance que lui eussent fait plusieurs anges qui lui furent envoyés de la part de Dieu, elle ne voulut point retourner avec son mari. Cette histoire n'est qu'une fable ; et cependant les Juifs cabalistiques, qui sont les auteurs d'une infinité de contes ridicules, prétendent la tirer du premier chapitre de la Genèse, qu'ils expliquent à leur manière. R. Léon de Modene, Cérem. part. IV. chap. VIIIe