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Catégorie : Histoire des Juifs
ou RABBIN, s. m. (Histoire des Juifs) nom des docteurs juifs que les Hébreux appellent rab, rabbi et rabboni, qui dans leur langue signifie maître ou docteur. Quoique tous ces mots aient la même signification, on s'en sert néanmoins différemment. Quand on parle en général et sans appliquer ce terme à aucun nom propre, on dit un rabbin, les rabbins : par exemple, les rabbins ont débité beaucoup de RÊVeries. Mais quand on dénote particulièrement un docteur juif, on dit rabbi, comme rabbi Salomon Jarchi, rabbi Manassès ont pensé telle et telle chose ; mais en les nommant plusieurs ensemble, on dit, les rabbins Juda Ching et Juda Ben Chabin sont les auteurs de deux anciennes grammaires hébraïques.

Quelques-uns ont remarqué que rab était un titre d'honneur pour ceux qui avaient été reçus docteurs dans la Chaldée ; que rabbi était propre aux israélites de la Terre-sainte, et que rabboni ne s'attribuait qu'aux sages qui étaient de la maison de David. Selden dit que rabbi était le titre de celui qu'on avait ordonné juge ou sénateur de sanhedrin, dans la Terre-sainte, et qu'on donnait celui de rhab à tout docteur ordonné dans un pays de captivité. Quoiqu'il en sait, il y avait plusieurs degrés pour parvenir à cette qualité de rabbi ; le premier était de ceux que les Juifs appelaient bachur, c'est-à-dire élu au nombre des disciples ; le second était de ceux qu'on nommait chaber ou collègue de rabbins qu'on élevait à ce grade par l'imposition des mains, dans une cérémonie qu'on appelait semichach. Enfin lorsqu'on jugeait ces postulants capables d'élever les autres, on les qualifiait de rabbi. Dans les assemblées publiques, les rabbins étaient assis sur des chaises élevées, les collègues sur des bancs, et les disciples aux pieds de leurs maîtres.

Les rabbins modernes sont fort respectés parmi les Juifs ; ils occupent les premières places dans les synagogues, prononcent sur les matières de religion, et décident même des affaires civiles ; ils célebrent aussi les mariages, jugent les causes de divorce, prêchent, s'ils en ont le talent, reprennent et excommunient les désobéissants. Les écrits de leurs prédécesseurs, et leurs propres commentaires, contiennent un nombre infini de traditions singulières, et presque toutes extravagantes, qu'ils observent néanmoins aussi scrupuleusement que le fond de la loi. Ils sont divisés en plusieurs sectes, dont les principales sont les Cabalistes, les Caraïtes, les Talmudistes, et les Massorethes. Voyez ces noms en leur lieu, suivant l'ordre alphabétique.

Les anciens rabbins donnaient fort dans les allégories, dont leurs commentaires sur l'Ecriture ne sont qu'un tissu ; et les modernes n'ont fait qu'enchérir sur eux. On leur attribue aussi un grand nombre de règles et de manières d'interpreter et de citer les écritures, qu'on prétend que les apôtres ont suivies dans leurs citations et interprétations des prophéties de l'ancien Testament. Stanhope et Jenkius se plaignent beaucoup de la perte de ces règles, par lesquelles, disaient-ils, on rétablirait les discordances qui se trouvent entre l'ancien et le nouveau Testament.

Surenhusius, professeur en hébreu à Amsterdam, a cru les avoir trouvées dans les anciens écrits des Juifs ; et il observe que les rabbins interpretaient l'Ecriture en changeant le sens littéral en un sens plus noble et plus spirituel. Et pour cela, selon lui, tantôt ils changeaient les points et les lettres, ou ils transposaient les mots, ou les divisaient, ou en ajoutaient : ce qu'il prétend confirmer par la manière dont les apôtres ont expliqué et cité les prophéties.

Mais qui ne voit que tout ceci n'est qu'un artifice pour rendre moins odieuse la pratique des Sociniens, qui au moyen de quelques points ou virgules ajoutés ou transposés dans les livres saints, y forment des textes favorables à leurs erreurs ? Mais, après tout, l'exemple des rabbins ne les autoriserait jamais dans cette innovation, ni eux ni leurs semblables, puisque Jesus-Christ a formellement reproché à ces faux docteurs qu'ils corrompaient le texte et pervertissaient le sens des Ecritures. Les apôtres n'ont point eu d'autre maître que l'esprit saint ; et si l'application qu'ils ont quelquefois faite des anciennes écritures au Messie a quelque trait de conformité avec celles qu'on attribue aux rabbins, c'est qu'il arrive souvent à l'erreur de copier la vérité, et que les rabbins ont imité les apôtres, mais avec cette différence qu'ils n'étaient pas inspirés comme eux, et que suivant uniquement les lumières de la raison, ils ont donné dans des égarements qui ne peuvent jamais devenir des règles en matière de religion révélée, où tout doit se décider par autorité.

Mais ce qu'on doit principalement aux rabbins, c'est l'astrologie judiciaire ; car malgré les défenses si souvent réitérées dans leur loi de se servir d'augures et de divinations, ou d'ajouter foi aux prédictions tirées de l'observation des astres, leurs plus fameux docteurs ont approuvé cette superstition, et en ont composé des livres qui l'ont répandue dans tout l'univers, et surtout en Europe durant les siècles d'ignorance, au sentiment de M. l'abbé Renaudot, qui connaissait à fond toute la science rabbinique. Voyez CABALE.




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