(Géographie moderne) ville de France, au Blesais, et la principale de la Sologne, au confluent d'un petit ruisseau appelé Morantin, et de la rivière de Sandre, à 16 lieues au levant de Tours, et à 42 de Paris, avec un vieux château et une collégiale. On fabrique dans cette ville beaucoup de serges et de draps pour l'habillement des troupes. Deux choses contribuent à cette fabrique, une terre qui se trouve aux environs, et les eaux de la petite rivière de Rere, qui sont ensemble très-propres au dégraissage des laines. Comme le roi François I. avait fait dans sa jeunesse quelque séjour à Romorantin, et que la reine Claude sa femme y était née, il accorda quelques privilèges à cette ville, qui furent annullés par Henri IV. Long. 19. 20. latit. 47. 18.

La prétendue possédée nommée (Marthe) Brossier, qui fit tant de bruit en France sur la fin du XVIe siècle, était fille d'un tisserand de Romorantin, et naquit dans cette ville. Elle choisit l'église de sainte Génevieve à Paris pour la scène de sa comédie. Les capucins l'exorcisèrent, et déclarèrent qu'elle était démoniaque. Les plus célèbres médecins de Paris furent commis par l'évêque à l'examen de cette affaire. Marescot l'un d'eux saisit la possédée à la gorge dans la chapelle même, et lui commanda de s'arrêter. Elle obéit, en alléguant pour excuse que l'esprit l'avait alors quittée. Les exorcismes furent répétés une seconde fais, et la Brossier voyant Marescot venir à elle pour la colleter, s'écria que lui, Riolan et Hautin se mêlassent de leur médecine, et se retirassent comme des profanes ; ils furent obligés d'obéir, et pour lors elle se jeta à terre, et fit, selon sa coutume, le diable à quatre. Enfin les médecins se trouvèrent partagés d'avis, et le plus grand nombre attesta qu'il y avait une véritable possession dans Marthe. Comme cette affaire partageait tous les esprits, le parlement s'en mêla, et ordonna, en 1599, au prevôt de mener Marthe Brossier à Romorantin, avec défenses au père de la laisser sortir de sa maison. Ainsi le diable fut condamné par arrêt, à ce que dit du Chêne.

Mais Romorantin a produit un homme illustre parmi les Protestants ; c'est Claude Pajon, qui naquit dans cette ville en 1626. Il a mis au jour plusieurs ouvrages, et en particulier celui qui est intitulé, examen des préjugés légitimes contre les Calvinistes. Cet ouvrage parut en 1673 en 3 vol. in - 12, et est fort estimé des Protestants. L'auteur mourut près d'Orléans en 1685, âgé d'environ 60 ans. Il possédait très-bien l'art de raisonner, ainsi que les langues grecque et hébraïque. (D.J.)

ROMORANTIN, EDIT DE, (Droit français) édit donné en 1560 sous François II. Cet édit, qui attribue aux évêques la connaissance de l'hérésie, et l'interdit aux cours du parlement, ne fut enregistré qu'avec peine, et avec des modifications par rapport aux laïcs, à qui la cour réserve le droit de se pourvoir devant le juge royal. On a prétendu que le chancelier de l'Hôpital n'avait donné cet édit, que pour éviter un bien plus grand mal, qui était l'établissement de l'inquisition. Henault. (D.J.)