ou TRAW, (Géographie moderne) ville des états de la république de Venise, dans la Dalmatie, sur la côte, et si voisine de l'île Bua, qu'un de ses fauxbourgs est dans cette ile, à laquelle elle communique par des ponts. Elle a un évêché suffragant de Spalatro ; cependant elle ne renferme qu'environ quatre milles âmes, et pas une seule hôtellerie ; en sorte que les voyageurs y sont obligés de se pourvoir comme ils l'entendent pour leur logement, et pour leur nourriture. Long. 34. 10. latit. 43. 54.

Traou a été connu des anciens sous le nom de Tragurium ; mais quoique Ptolémée et Strabon en parlent comme d'une ile, ce n'est qu'une péninsule ; et le canal qui la sépare du continent, est un ouvrage de l'art.

Cette ville est devenue fameuse dans la république des Lettres par un manuscrit contenant un fragment de Pétrone, qui manquait à ses ouvrages imprimés, et que M. Petit déterra en 1663, dans la bibliothèque de Nicolas Lippius.

C'est un manuscrit in-folio épais de deux doigts, lequel contient plusieurs traités écrits sur du papier qui a beaucoup de corps. Les œuvres de Catulle, de Tibulle, et de Properce, sont écrites au commencement. Ensuite on voit une pièce intitulée, Fragmentum Petronii arbitri, ex libro decimo quinto, et sexto decimo, où est contenu le souper de Trimalcion, tel qu'il a été imprimé depuis sur cet original. Le manuscrit est bien lisible, et les commencements des chapitres et des poèmes sont en caractères bleus et rouges. L'année dans laquelle il a été écrit, est marquée page 179 de cette manière 1423, 20 Novembre.

La découverte de ce manuscrit fit grand bruit ; et l'Europe savante se divisa en trois parties, comme s'il eut été question de reconnaître un prince. L'Italie adopta l'authenticité du fragment ; la France et la Hollande le rejettèrent ; l'Allemagne resta neutre ; car Reinesius même commenta le manuscrit sans oser se déclarer ; l'Angleterre occupée des projets de Charles II. et de la réédification de Londres incendiée, ne parut point dans cette contestation savante ; mais les préjugés se dissipèrent bien-tôt par l'impression, et personne aujourd'hui ne doute que le fragment ne soit de Pétrone. Il est certain que le siècle de l'écriture de ce manuscrit (qui est à présent dans la bibliothèque du roi de France) n'avait pas des esprits assez raffinés, assez délicats, et assez versés dans la langue latine, pour oser emprunter le style de Pétrone, sans qu'une ruse si grossière n'eut sauté aux yeux de tout le monde dans des siècles éclairés.

François Nodot a donné à Paris en 1693, une édition prétendue complete de Pétrone, sous ce titre : Titi Petronii arbitri equitis romani satyricon, cum fragmentis, Albae Graecae, (à Belgrade) recuperatis, anno 1688. Cet ouvrage contient le texte et la traduction de différents morceaux de Pétrone, avec des remarques latines et françaises, et la vie de Pétrone. La dernière édition est celle de 1713, en 2 vol. in12. mais elle n'est ni belle ni exacte, et cependant le livre méritait plus de soin. (D.J.)