Imprimer
Catégorie parente: Histoire
Catégorie : Géographie moderne
duché d ', (Géographie moderne) pays d'Italie, borné au nord par le golfe de Venise, au midi par l'Ombrie, au levant par la Marche d'Ancone, au couchant par la Toscane et la Romagne. Sa plus grande étendue du septentrion au midi, est d'environ cinquante-cinq milles, et de soixante-six d'orient en occident. La Foglia, la Césena, et la Rigola, sont les principales rivières de cette province, qui peut se diviser en sept parties ; savoir, le duché d'Urbin propre, le comté de Mont-Feltro, le comté de Cita-di-Castello, le comté de Gubio, le vicariat de Sinigaglia, la seigneurie de Pesaro, la république de Saint-Marin.

Le duché d'Urbin, proprement dit, occupe le milieu de la province, et s'étend jusqu'à la mer, la Marche d'Ancone, la Romagne et la Toscane. C'est un pays mal-sain et peu fertile, dont la capitale porte son nom.

Ce duché a été possédé par la maison de Monte-Feltro, et par celle de la Rovère. Français-Marie de la Rovère II. du nom, ne se voyant aucun enfant mâle, réunit le duché d'Urbin au saint siege en 1626, et mourut peu de temps après. (D.J.)

URBIN, ou URBAIN, (Géographie moderne) anciennement Urbinum, petite ville d'Italie dans l'état de l'église, capitale du duché du même nom, sur une montagne entre les rivières de Métro et la Foglia. Son évêché fut érigé en archevêché en 1551 ; et Clément X. y fonda une université. Le palais des ducs d'Urbin fut bâti par le duc Frédéric I. duc d'Urbin, qui embellit ce palais de statues, de peintures, et d'une bibliothèque de livres précieux. On peut consulter au sujet de cette ville un ouvrage intitulé, Memorie concernenti la citta di Urbino, Romae 1724, in-fol. fig. Long. suivant Cassini et Bianchini, 30, 21. lat. 43, 48'. 30.

Urbin se vante avec raison d'avoir produit des hommes célèbres dans les sciences. Il est certain que Virgile, ou plutôt Vergîle (Polydore) né dans cette ville au XVe siècle, ne manquait ni d'esprit ni d'érudition. Il fut envoyé en Angleterre au commencement du siècle suivant pour y lever le tribut que l'on nommait denier de saint Pierre ; mais il se rendit si recommandable dans son ministère, et il se plut de telle sorte dans ce pays, qu'il résolut d'y passer sa vie ; il renonça donc à la charge d'exacteur de ce tribut, et obtint la dignité d'archidiacre de l'église de Wells. Il ne se dégouta point du royaume lorsque les affaires de la religion changèrent sous Henri VIII. et sous Edouard ; ce ne fut qu'en 1550 qu'il en sortit, à cause que sa vieillesse demandait un climat plus chaud ; et le roi lui accorda la jouissance de ses bénéfices dans les pays étrangers. On croit qu'il mourut à Urbin l'an 1556.

Son premier livre fut un recueil de proverbes qu'il publia en 1498. Son second ouvrage fut celui de rerum inventoribus, dont il s'est fait plusieurs éditions. Son traité des prodiges parut l'an 1526 ; c'est un ouvrage bien différent de celui de Julius-Obsequents, augmenté par Lycosthènes ; car Polydore y combat fortement les divinations. Il dédia à Henri VIII. en 1533 son histoire d'Angleterre, dont les savants critiques anglais ne font aucun cas. Voici ce qu'en dit Henri Savil : Polydorus in rebus nostris hospes, et (quod caput est) neque in republicâ versatus, nec vir magni ingenii ; pauca ex multis delibans, et falsa plerùmque pro veris amplexus, historiam nobis reliquit, cùm caetera mendosam, tùm exiliter sanè et jejunè conscriptam.

Le comte Bonarelli (Gui Ubaldo) naquit à Urbin en 1563, et mourut à Fano en 1608, à 45 ans. Il est auteur de la Philis de Scyro, Filli di Sciro, pastorale pleine de grâces et d'esprit, dont j'ai déjà parlé au mot SCYROS.

Commandin (Fréderic) naquit à Urbin, en 1509, et mourut en 1575, âgé de 66 ans. Il étudia d'abord la médecine, mais trouvant trop d'incertitude dans les principes de cette science, et trop de dangers dans ses expériences, il s'appliqua tout entier à l'étude des mathématiques, et y gagna beaucoup de gloire. Le public lui est redevable de plusieurs ouvrages des mathématiciens grecs qu'il a traduits et commentés ; par exemple, d'Archimède, d'Apollonius, de Pappus, de Ptolemée, d'Euclide. On lui doit encore Aristarchus de magnitudinibus ac distantiis solis et lunae, à Pésaro 1572, in-4°. Hero de spiritalibus, à Urbin, 1575, in-4°. Machometes Bagdedinus de superficierum divisionibus, à Pésaro 1570, in-fol. Le style de Commandin est pur, et il a mis dans ses ouvrages tous les ornements dont les mathématiques sont susceptibles. Baldus (Bernardin) a fait sa vie, et nous assure que s'il n'avait pas trop aimé les femmes, Momus n'aurait rien pu trouver à reprendre dans cet habîle géomètre. Commandin mérite sans doute d'être loué ; mais ce n'est pas la plus petite de ses louanges, que d'avoir eu le même Baldus pour disciple.

En effet, Baldus se montra un des plus savants hommes de son temps. Il naquit à Urbin l'an 1553, fut fait abbé de Guastalla, l'an 1586, et mourut l'an 1617, à 64 ans. Il passa sa vie dans l'étude, sans ambition, sans vaine gloire, plein de bonté dans le caractère, excusant toujours les fautes d'autrui, et cependant fort dévot, non-seulement pour un mathématicien, mais même pour un homme d'église, car il jeunait deux fois la semaine, et communiait tous les jours de fêtes.

Son premier ouvrage est un livre des machines de guerre, de tormentis bellicis, et eorum inventoribus. Les commentaires qu'il publia l'an 1582 sur les mécaniques d'Aristote, prouvèrent sa capacité en cette sorte de connaissances. Il mit au jour quelque temps après, le livre de verborum vitruvianorum significatione. Il publia, l'an 1595, cinq livres de novâ gnomonice.

Comme il possédait les langues orientales, il traduisit sur l'hébreu le livre de Job, et les lamentations de Jérémie. Il fit aussi un dictionnaire de la langue arabe. Ce n'est pas tout, il traduisit Heronem de automaticis et balistis, les paralipomenes de Quintus Calaber, et le poème de Musée. Enfin il donna dans le cours de ses voyages, quelques poèmes, les uns en latin, les autres en italien ; et c'est dans cette dernière langue qu'est écrit celui de l'art de naviger. Il aimait tellement le travail, qu'il se levait à minuit pour étudier, et qu'il lisait même en mangeant. Fabricius Scharloncinus a écrit sa vie que les curieux peuvent consulter.

Un des plus savants antiquaires du dernier siècle, Fabretti (Raphael), naquit à Urbin, l'an 1619. Il voyagea dans toute l'Italie, en France et en Espagne, où il demeura 13 ans, avec un emploi considérable que lui procura le cardinal Imperiali ; mais l'amour qu'il avait pour les antiquités, lui fit désirer de revenir à Rome, où les papes Alexandre VIII. et Innocent XII. le comblèrent de bienfaits. Fabretti en profita, pour se donner entièrement à son étude favorite. Plusieurs excellents ouvrages en ont été les fruits. En voici le catalogue.

1°. De aquis et aquae-ductibus veteris Romae dissertationes tres. Romae 1680, in-4°. Il y avait dans l'ancienne Rome environ vingt sortes de ruisseaux que l'on avait fait venir de lieux assez éloignés par le moyen des aqueducs, et qui y produisaient un grand nombre de fontaines. Ces aqueducs tenaient leur rang parmi les principaux édifices publics, non-seulement par leur utilité, mais encore par la magnificence, la solidité et la hardiesse de leur structure. Fabretti tâche dans cet ouvrage d'expliquer tout ce qui regarde ces sortes d'antiquités ; et son livre peut beaucoup servir à entendre Frontin, qui a traité des aqueducs de Rome, tels qu'ils étaient de son temps, c'est-à-dire, sous l'empire de Trajan. Les dissertations de Fabretti contiennent quantité d'observations utiles, au jugement de Kuster. Elles ont été insérées dans le quatrième volume des antiquités romaines de Graevius, avec des figures. Utrecht, 1697, in-fol.

2°. De columna Trajana, syntagma. Accesserunt veteris tabellae anagliphae Homeri iliadem, atque ex Stesichoro, Archino, Lesche, Ilii excidium continentis et emissarii lacus Fucini descriptio. Romae, 1683, infol. Ce livre est rempli de recherches d'antiquités fort curieuses.

3°. Inscriptionum antiquarum, quae in aedibus paternis asservantur, explicatio. Romae 1699, in-fol. Cet ouvrage est divisé en huit chapitres. Le premier traite de titulis et columbariis. Pour l'intelligence de ces termes, il faut savoir que les anciens, et principalement les personnes de distinction, avaient de fort grands tombeaux qui servaient pour toutes les personnes de la même famille. Ces tombeaux étaient partagés en différentes niches, semblables à celles d'un colombier, ce qui leur a fait donner le nom de columbaria par les Latins.

Dans chaque niche il y avait une urne où étaient les cendres d'une personne, dont le nom était marqué dessus ; ces inscriptions s'appelaient tituli. Fabretti prouve qu'il n'y a jamais eu de loi chez les Romains de bruler les morts ; et que depuis le temps de Sylla le dictateur, qui est le premier dont on a brulé le corps, l'ancien usage d'enterrer les morts n'a jamais entièrement cessé. Les urnes où l'on recueillait les cendres s'appelaient ollae, et avant que les cendres y fussent mises, virgines. L'auteur établit dans ce même chapitre, que par les mots livia Augusti dans les inscriptions, les anciens désignaient la femme d'Auguste, et non sa fille ; et que tous les gladiateurs n'étaient pas de condition servile, mais qu'il y en avait de l'ordre des chevaliers. Dans le chapitre second il justifie que le nom de genii se donnait tantôt aux dii manes, tantôt aux âmes humaines, tantôt à ces puissances qui tenaient le milieu entre les dieux et les hommes.

Il prouve aussi que la ville de Parme s'appelait anciennement Julia Chrysopolis. Il observe dans le troisième chapitre, que les anciens mettaient un point à la fin de chaque mot dans leurs inscriptions, mais toujours à la fin de chaque ligne, et quelquefois à la fin de chaque syllabe. Il recherche la signication du mot ascia dans les anciennes inscriptions ; terme, dit-il, qu'il ne trouve guère que dans les inscriptions des Gaules. Il remarque dans le quatrième chapitre, que le mot d'alumnus, ne se prend jamais dans les bons auteurs dans un sens actif, mais dans un sens passif. Il montre dans le septième, que les poids des anciens étaient plus grands que ceux des modernes. Il soutient dans le huitième, que les vaisseaux de verre que l'on trouve auprès des tombeaux des anciens chrétiens, sont des preuves de leur martyre, et que les taches rouges qu'on y aperçoit, sont des restes du sang que les fidèles y ont mis, ce qui n'est nullement vraisemblable, et est peu physique.

A la fin de ce recueil, il rend compte des corrections qu'il a faites dans les inscriptions recueillies par Gruter en deux volumes ; outre un grand nombre d'autres corrections sur divers autres compilateurs d'inscriptions, qui sont répandues dans l'ouvrage même.

M. Fabretti avait une capacité merveilleuse pour déchiffrer les inscriptions qui paraissent toutes défigurées, et dont les lettres sont tellement effacées, qu'elles ne sont presque plus reconnaissables. Il nettoyait la surface de la pierre, sans toucher aux endroits où les lettres avaient été creusées ; ensuite il mettait dessus un carton bien mouillé, et le pressait avec une éponge, ou un rouleau entouré d'un linge ; ce qui faisait entrer le carton dans le creux des lettres pour en prendre la poussière qui s'y attachait, et dont la trace faisait connaître les lettres qu'on y avait autrefois gravées.

M. Baudelot dans son livre de l'utilité des voyages, indique un secret à-peu-près semblable, pour lire sur les médailles les lettres qu'on a de la peine à déchiffrer. (D.J.)




Affichages : 1008