(Géographie moderne) autrement le comté de Warwick ; province méditerranée d'Angleterre. Elle est bornée au nord-ouest par le comté de Stafford, au nord, et au nord-est, par celui de Leicester, à l'orient par celui de Northampton, et au midi par ceux d'Oxford et de Glocester. Elle s'étend du nord au sud, de la longueur de quarante milles, sur trente milles de largeur, et elle en a cent trente-cinq de tour. Ce circuit renferme six cent soixante et dix mille arpens de terre, qu'on partage en neuf quartiers, où l'on compte 158 paroisses, 15 villes ou bourgs à marché, dont il y a deux villes qui députent au parlement ; savoir Warwick, capitale, et Coventry. Cette province abonde en grains, et n'est pas stérîle en homme de lettres ; comme il parait par l'ouvrage de Frullers Worthies in Warwiekshire. J'en vais nommer quelques-uns, suivant ma coutume.

Grevil (Foulques) lord Brook, écrivain poli en prose et en vers, naquit en 1554, et fut fait chevalier du pain en 1603, ensuite baron du royaume, membre du conseil privé du roi, et gentilhomme de la chambre du lit. Un de ses domestiques l'assassina en 1628, et se tua lui-même tout de sulte. Le lord Grevil a mis au jour deux tragédies, intitulé Alaham et Mustapha. Ces deux tragédies faites sur le modèle des anciens, ont été imprimées à Londres en 1633 in-fol. avec d'autres poésies de l'auteur. Il a donné en prose l'histoire du roi Jacques pendant les 14 années de son règne, Londres 1643, in -4°.

Robert Grevil son parent et compatriote, succéda à ses titres, et fit du bruit par un discours sur la nature de l'épiscopat, Londres, 1641, in -4°.

Il dit dans ce discours plein de bile, comme on en Ve juger, qu'il n'a pas pour objet des paroles, mais des choses, et que ce n'est ni l'extérieur, ni le nom de l'évêque qu'il craint, et qu'il attaque ; " mais si c'est-là l'épiscopat qui me déplait, dit-il, ce n'est pas l'épiscopat en général, mais l'épiscopat habillé de telle et telle manière, ou plutôt voilé de tels et tels accompagnements ; car le nom d'évêque signifie chez moi, ou un homme qui prêche, administre les sacrements, exhorte, censure, convaint, excommunie, etc. non-seulement dans une seule assemblée qui est sa paraisse, mais en plusieurs assemblées, comprises sous le nom bizarre et longtemps inconnu, de diocèse : ou c'est un homme qui a joint à tout cela, non-seulement le nom de seigneur temporel, (ombre avec laquelle je ne prétens pas me battre) mais un très-grand, (j'ai pensé dire illimité) pouvoir dans le gouvernement civil ; un seigneur qui doit nécessairement avoir un magnifique équipage, et qui s'habille de longs habits qui peuvent à peine être blazonnés par un meilleur héraut qu'Elihu, qui ne savait point donner de titres : ou enfin, ce qui devait être mis au premier rang, c'est un inspecteur qui a le soin d'un seul troupeau, conjointement avec les anciens, les diacres, et le reste de l'assemblée, qui sont tous des serviteurs pour la foi, les uns des autres. Un évêque de ce dernier ordre, est un évêque d'institution primitive, donné par J. C., établi en diverses églises, même du temps des apôtres. Ceux de la première espèce sont du second siècle, lorsque la doctrine, la discipline, et la religion commençaient à s'altérer. Ceux du second ordre se sont élevés les derniers, quoique les premiers dans l'intention de l'ennemi de l'église, dans le temps que tout le monde occupé avait les yeux tournés du même côté, et surpris à l'aspect de la nouvelle bête qui avait succédé au dragon. C'est-là à-présent notre ennemi ; composé monstrueux de divers emplois, d'emplois opposés, et les plus éminens, tant ecclésiastiques que civils, auxquels il ne parait en aucune manière propre, par plusieurs raisons qu'on peut tirer de l'Ecriture sainte, de l'antiquité ecclésiastique, et de la politique, etc. "

Holinshed (Raphaël), mort vers l'an 1580, est fameux par la chronique publiée sous son nom. La première édition de cet ouvrage parut à Londres en 1577, in-fol. et la seconde en 1587 ; mais on retrancha dans cette dernière édition plusieurs choses qui avaient déplu dans la première.

Holyoke, ou Holyoake (Français) qui s'appelle lui-même en latin de sacra Quercu, naquit en 1582, et mourut en 1653, âgé de 87 ans. Il est connu par son Dictionnaire, Dictionnarium etymologicum latinum, etc. imprimé à Londres en 1606, in -4°. et dont on a fait depuis dix ou douze éditions.

Overbury (Thomas) naquit vers l'an 1581, fut nommé chevalier du bain en 1608, et envoyé à la tour en 1613 où il mourut de poison dans le cours de la même année. Le comte de Sommerset et sa femme furent condamnés à mort pour avoir tramé le meurtre, mais le roi Jacques I. leur fit grâce, et se contenta de les bannir de la cour. Le poème du chevalier Overbury, intitulé la Femme, a été imprimé plusieurs fois pendant la vie de l'auteur.

Wagstaffe (Thomas) né en 1645, et mort en 1712, a fait un ouvrage pour prouver que le livre intitulé Eikon Basilike, le portrait royal, est du roi Charles I. Il est certain que personne avant lui n'a donné de si fortes présomptions, pour laisser au roi Charles I. l'honneur de cet ouvrage, que Walker, Oldmixon, Burnet et autres attribuent au docteur Gauden.

Johnson (Samuel) naquit en 1649, et s'attacha à mylord Russel, qui le fit son chapelain domestique. Lorsque ce seigneur conjointement avec d'autres, tenta de faire passer le bill d'exclusion du duc d'Yorck, Johnson pour favoriser ce projet, publia son Julien l'apostat, pour lequel il fut condamné à une amende de cinq cent marcs, et à demeurer en prison jusqu'au payement, ce que la cour savait être équivalent à une prison perpétuelle, parce qu'il n'était pas en état de fournir cette somme ; cependant il obtint sa liberté à l'arrivée du prince d'Orange, et le parlement cassa la sentence portée contre lui. Le roi Guillaume lui fit donner en argent comptant mille livres sterlings, et lui accorda trois cent livres sterlings par an sur la poste, pour sa vie et celle de son fils. En 1692 sept assassins forcèrent sa maison pendant la nuit, ayant formé le projet de le tuer à cause de son livre sur la déposition du roi Jacques II ; mais il en fut quitte pour quelques blessures, ces gens-là s'étant laissé toucher aux supplications du malheureux Johnson, et à celles de sa femme. Ses ouvrages ont été recueillis et imprimés tous ensemble à Londres en un volume in-folio.

On trouvera dans ce recueil son traité sur la grande chartre, qui est curieux. Il tâche de prouver dans ce traité ; premièrement que la grande chartre est beaucoup plus ancienne que le temps du roi Jean, et par conséquent qu'on ne peut en flétrir l'origine par ce qui s'est fait sous ce prince, quand même sa confirmation aurait été extorquée par rébellion. En second lieu, qu'il s'en faut de beaucoup que les actes par lesquels elle a été confirmée sous les règnes de Jean et Henri III. aient été obtenus par la violence. Il finit en disant, que l'idée qu'on doit se faire de la grande chartre, revient à ceci : c'est qu'elle est un abrégé des droits naturels et inhérents des Anglais, que les rois normants en donnant dans la suite une chartre, se sont engagés à ne la point violer. Mais, dit-il, nous ne tenons pas ces droits de la chartre ; non, ce n'est pas ce vieux parchemin qui nous a tant couté, qui nous a donné ces droits ; ce sont ceux que la naissance donne à tout anglais, et qu'aucun roi ne peut ni donner ni ôter : ce sont les franchises du pays, comme ils sont nommés dans l'acte 25 d'Edouard III ; et chaque anglais étant né dans le pays, les acquiert en naissant.

Dugdale (Guillaume), le plus célèbre des hommes de lettres de la comté de Warwick, naquit en 1605, et s'attacha de bonne heure au service du roi. Il se trouva avec ce prince à la bataille d'Edge-Hill, le 23 d'Octobre 1642 et fut créé héraut de Chester en 1644. Il devint roi d'armes, norroi en 1660, et en 1676, il eut la charge de garter, ou premier roi d'armes. Il mourut subitement en 1685. Voici les principaux de ses ouvrages.

1. Monasticum anglicanum, Lond. 1655 et 1660, en deux volumes in-f. sous son nom et sous celui de Roger Dodsworth. Le 3e. volume parut en 1673, in-f.

2. Les antiquités du comté de Warwick, Londres 1656, in-fol. Cet ouvrage est le chef-d'œuvre de l'auteur, et c'est un des plus méthodiques et des plus exacts qu'on ait fait en ce genre.

3. L'histoire de l'église cathédrale de S. Paul, Londres 1685, in-fol. et 1716, in-fol. seconde édition augmentée.

4. Histoire des chaussées et des saignées de marais, tant en Angleterre que dans les pays étrangers, Londres 1662, in-fol. avec figures.

5. Origines judiciales ou mémoires historiques, touchant les lois d'Angleterre, les cours de justice, etc. Londres 1666 et 1672, in-fol.

6. Le baronage d'Angleterre, etc. Londres 1675, 1676 et 1677, en trois volumes in-fol. c'est un ouvrage plein de recherches.

7. Histoire abrégée des troubles d'Angleterre, Oxford 1681, in-fol.

8. Dugdale a encore publié plusieurs petits ouvrages in -8°. sur les armoiries et la noblesse de la grande Bretagne ; mais son catalogue de toutes les convocations de cette même noblesse a paru à Londres en 1686, in-fol. et son glossarium archaiologicum parut l'année suivante, in-fol.

Si cet homme infatigable, dit M. Wood, avait renoncé aux embarras du monde pour se livrer entièrement à ses études, et s'il avait plus pensé aux intérêts du pnblic qu'aux siens particuliers, le public aurait profité davantage de ses veilles, d'autant plus que ses ouvrages auraient eu plus d'exactitude, surtout ceux qu'il a donnés sur la fin de sa vie : cependant il ne laisse pas d'avoir prodigieusement travaillé, Ve surtout les chagrins et les tracasseries auxquelles sa fidélité pour le roi l'a exposé. Sa mémoire doit donc être respectable pour ce qu'il a fait, puisqu'il a publié des choses qui, sans lui, auraient été ensevelies à jamais dans l'oubli. (D.J.)