SAINT, (Géographie moderne) ancienne ville de France en Picardie, capitale du Vermandais, au diocese de Noyon, de l'intendance d'Amiens, et du parlement de Paris. C'est une place forte, qui a environ sept mille habitants. Son commerce consiste en belles toiles de batiste. Cette ville a une coutume particulière. Elle est située sur la Somme à 6 lieues de Peronne, 9 de Cambray, 14 d'Amiens, 13 d'Arras, et 30 de Paris. Long. 20, 57. lat. 49. 50. 51.

Saint-Quentin est l'Augusta Veromanduorum, et ce n'est point le village nommé Vermand qui est l'ancienne Augusta des Vermandais, comme le pensent Cluvier et Sanson. Toutes les anciennes chroniques déposent contre leur opinion. On peut lire dans les mém. de Littér. tome XIX. la dissertation de M. l'abbé Belley, où il prouve trois choses ; 1°. que l'Augusta des Veromandui est la ville qui a pris le nom de Saint-Quentin ; 2°. qu'elle fut la capitale de son peuple sous la domination romaine ; 3°. qu'elle a été le siège de ses premiers évêques.

En effet, l'histoire nous apprend que cette ville ayant été saccagée par les barbares, l'évêque, nommé saint Médard, se retira en 531 à Noyon, qui était la seconde ville des Veromandui. Dans la suite le corps de saint Quentin ayant été retrouvé dans les masures de Saint-Quentin, la ville se rétablit par la dévotion que les peuples portaient à la mémoire de ce saint, dont l'église est une des plus belles de France. Les curieux peuvent encore s'instruire sur cette ville, dans un livre assez rare, intitulé, antiquités de l'Auguste des Vermandais, à présent nommée Saint-Quentin, par le sieur Lenin, ingénieur du roi à Noyon, 1671, in-4°.

Cependant nous ne connaissons guère cette ville que depuis le XVIe siècle. On sait que les défaites de Crécy, de Poitiers, d'Azincourt, n'ont pas été plus funestes à la France, que le fut la victoire de Saint-Quentin, par les Espagnols en 1557. Il ne resta rien de l'infanterie française, tout fut tué ou pris. Le connétable de Montmorenci, et presque tous les officiers généraux, furent prisonniers, un duc d'Enghien blessé à mort, la fleur de la noblesse détruite, la France dans le deuil et dans l'alarme. Philibert-Emanuel de Savoye prit d'assaut Saint-Quentin après cette fatale journée. Henri II. fit fortifier Paris à la hâte ; mais Philippe se contentant d'aller voir son camp victorieux, donna le temps au duc de Guise de revenir d'Italie, et de rassurer le royaume. Saint-Quentin fut rendu à la France deux ans après.

Gobinet (Charles), docteur de la maison de Sorbonne, né à Saint-Quentin, mourut à Paris en 1690, à 77 ans. Il a donné plusieurs petits ouvrages de piété.

Mais d'Acheri (dom Luc), bénédictin de la congrégation de saint Maur, a fait plus d'honneur à Saint-Quentin, où il naquit en 1609. Il a publié entr'autres ouvrages en 1645, l'épitre attribuée à saint Barnabé. On lui doit un recueil de pièces importantes, qui étaient jusqu'à lui restées manuscrites, et qu'il a intitulé spicilegium. Enfin son érudition l'a mis au rang des savants français du XVIIe siècle ; il mourut à Paris à l'abbaye de Saint-Germain-des-prés en 1685, âgé de 76 ans. (D.J.)