(Géographie moderne) ville d'Italie, dans l'état de l'église, capitale de la Romagne. Elle était autrefois sur les bords de la mer, et en est aujourd'hui éloignée de trois milles, à 16 lieues au levant de Bologne, à 15 au sud-est de Ferrare, et à 68 au nord de Rome, dans un terroir un peu marécageux, mais fertîle en fruits, en vin et en gibier.

Cette ville est très-ancienne, car ce furent M. Marcellus et M. Scipion qui la subjuguèrent l'an 520 de la fondation de Rome. Elle fut déclarée ville municipale, à laquelle les Romains accordèrent l'exemption de toutes sortes de contributions, et le droit de se gouverner selon ses lais. Elle fut embellie par quelques empereurs romains, qui y fixèrent leur séjour. Théodoric, roi des Ostrogoths, en fit le siege de son empire.

Ravenne devint ensuite la capitale de l'exarchat, dignité qui dura plus de 170 ans sous quinze exarques. Elle est aujourd'hui sous la domination du pape, qui la gouverne par des légats, mais elle est extrêmement déchue, pauvrement bâtie, dépeuplée, et de moitié moins grande que Ferrare. Elle a plusieurs couvents d'hommes et de filles, et deux académies, qui cultivent tristement un peu de belles-lettres et de mauvaise poésie. Les ouvrages même de ceux qui ont compilé son histoire et ses fastes, comme Rubens, Thomaïus, Jérôme Faber, Pasolin et Corneus, se trouvent à peine dans quelques bibliothèques d'Italie.

L'archevêché de Ravenne, auquel sont attachés de grandes prérogatives, est fort ancien. Son archevêque avait autrefois le titre de primat d'Italie, et portait les mêmes marques d'honneur que le pape ; il était seigneur temporel de plusieurs villes, bourgs, et villages, dans toute l'étendue de l'exarchat ; sa juridiction ecclésiastique n'est encore aujourd'hui que trop considérable. Long. de Ravenne 34. 50. lat. 44. 20.

Honorius et Valentinien III. tinrent longtemps leur cour à Ravenne, et y moururent. Honorius était un prince sans esprit et sans mérite. Lui et son frère Arcadius, empereur d'Orient, sont célèbres dans l'histoire par leur faiblesse et leur pusillanimité. Tous deux furent menés par leurs ministres, comme les troupeaux sont conduits par les bergers. Tous deux esclaves dans leurs palais, enfants dans le conseil, étrangers aux armées, ne conservèrent que quelque temps l'empire, que parce qu'ils le donnèrent tous les jours. Tous deux moururent jeunes ; Arcadius, l'an 408 de J. C. à 31 ans ; Honorius, en 423, à 39 ans ; et c'est sous celui-ci que l'empire d'Occident s'affaissa tout-à-coup.

Valentinien III. né à Ravenne, ne le releva pas ; il tua de sa propre main son meilleur général, et fut assassiné lui-même à l'âge de 30 ans, en 455, par ordre de Pétrone Maxime, dont il avait corrompu la femme, et qui s'empara du trône après son assassinat.

Pierre Damien, cardinal dans le XIe siècle, était natif de Ravenne. Il travailla à rétablir la discipline dans les monastères, et mourut en 1073, à 66 ans. Ses ouvrages ont été recueillis en quatre tomes infolio, et pourraient être réduits en quatre feuilles, pour avoir la connaissance suffisante de l'histoire ecclésiastique du siècle de ce pieux cardinal. (D.J.)

RAVENNE, L'EXARCHAT DE, (Géographie moderne) c'était autrefois une grande contrée de l'Italie, qui demeura aux Grecs dans le temps de la décadence de leur empire. Ils y tenaient un gouverneur, qu'ils appelaient exarque, et parce qu'il faisait sa résidence à Ravenne, on nomma ce pays l'exarchat de Ravenne. Il renfermait l'Emilie, et les villes de Ravenne, de Bobio, de Cesena, de Forlimpopoli, de Forli, de Faenza, d'Immola, de Bologne, de Ferrare, de Comachio, d'Adria, et de Gabellum, avec leurs territoires. Ainsi, cet exarchat contenait la Romagne, prise dans sa plus grande étendue. On y joignait quelquefois la Pentapole, dont les cinq villes étaient Rimini, Pisauro, Fano, Ancone, et Osmo. (D.J.)