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Catégorie : Géographie moderne
ou PRAG, (Géographie moderne) ville capitale du royaume de Bohème, sur la Muldaw qu'on y passe sur un pont, à 45 lieues au nord de Lintz, à 60 au sud-est de Berlin, à 28 au sud-est de Dresde, et à 56 au nord-ouest de Vienne.

Quelques géographes prétendent sans aucune preuve, que c'est l'ancienne Bubiemum ; d'autres que c'est la Casurgis de Ptolémée ; d'autres enfin que Marabodus roi des Marcomants, lui donna le nom de Maroboduum.

Quoi qu'il en sait, Prague est la plus grande ville d'Allemagne, et elle est partagée en trois ; la vieille ville, la ville neuve, et la petite, qui n'est occupée que par de pauvres juifs : les deux autres sont séparées par un pont, sur lequel on voit la statue de St. Jean Népomucène, que le roi Vinceslas fit jeter dans la rivière, pour n'avoir pas voulu révéler la confession de la reine.

On trouve dans la vieille ville le palais des anciens rais, et la métropole qui est un vieux bâtiment gothique. La nouvelle ville est plus grande que la vieille ; mais c'est qu'elle renferme beaucoup de jardins et de grandes places. On compte à Prague une infinité de couvens qui n'enrichissent pas cette ville ; les Jésuites seuls y ont trois maisons composées de 200 religieux.

Charles IV. empereur, fonda en 1347, l'université de Prague. C'est auprès de cette ville que se donna la célèbre bataille qui décida en 1620, le différend de la couronne de Bohème en faveur de l'empereur Ferdinand II. contre Fréderic V. électeur palatin, qui avait été élu roi de Bohème par les états du pays.

Depuis ce temps, cette ville a encore été prise et reprise dans les guerres. Les François qui s'en étaient emparés, furent trop heureux d'évacuer cette place en 1742. Elle est restée à l'impératrice reine de Hongrie, reconnue reine de Bohème par le traité d'Aix-la-Chapelle. Long. suivant Tycho et Cassini, 32. 16. 30. lat. 50. 4. 30.

Charles IV. empereur, roi de Bohème, fut le fondateur de Prague, où il mourut le 29 Novembre 1378. Il fit à Nuremberg en 1356, cette constitution qu'on appelle bulle d'or, à cause du sceau d'or qu'on nommait bulla, dans la basse latinité. " On voit aisément par-là, pourquoi les édits des papes sont appelés bulles. Le style de cette charte se ressent bien de l'esprit du temps. On commence par une apostrophe à l'orgueil, à Satan, à la colere, à la luxure : on y dit que le nombre des sept électeurs est nécessaire pour s'opposer aux sept péchés mortels : on y parle de la chute des Anges, du paradis terrestre, de Pompée et de César : on assure que l'Allemagne est fondée sur les trois vertus théologales, comme sur la Trinité.

Cette loi de l'Empire fut faite en présence et du consentement de tous les princes, évêques, abbés, et même des députés des villes impériales, qui pour la première fais, assistèrent à ces assemblées de la nation teutonique. Ces droits des villes, ces effets naturels de la liberté, avaient commencé à renaître en Italie, ensuite en Angleterre, puis en France, et enfin ils furent admis en Allemagne. On sait que les électeurs furent alors fixés au nombre de sept. Les archevêques de Mayence, de Cologne et de Trèves, en possession depuis longtemps d'élire des empereurs, ne souffrirent pas que d'autres évêques, quoiqu'aussi puissants, partageassent cet honneur.

Au reste la dignité impériale, qui par elle-même ne donnait alors aucune puissance réelle, ne reçut jamais plus de cet éclat qui impose aux peuples. Les trois électeurs ecclésiastiques, tous trois archichanceliers, y parurent avec les sceaux de l'Empire : Mayence portait ceux d'Allemagne, Cologne ceux d'Italie, Trèves ceux des Gaules. Cependant l'empire n'avait dans les Gaules que la vaine mouvance des restes du royaume d'Arles, de la Provence, du Dauphiné, bientôt après confondus dans le vaste royaume de France. La Savoye qui était à la maison de Maurienne, relevait de l'Empire ; la Franche-comté sous la protection impériale, était indépendante.

Pour donner quelque idée du faste qui accompagna la cérémonie de la bulle d'or, il suffit de savoir que le duc de Luxembourg et de Brabant, neveu de l'empereur, lui servait à boire ; que le duc de Saxe, comme grand maréchal, parut avec une mesure d'argent pleine d'avoine ; que l'électeur de Brandebourg donna à laver à l'empereur et à l'impératrice ; et que le comte Palatin posa les plats d'or sur la table, en présence de tous les grands de l'Empire.

On eut pris Charles IV. pour le roi des rais. Jamais Constantin, le plus fastueux des empereurs, n'avait étalé des dehors plus éblouissants. Cependant Charles IV. tout empereur romain qu'il affectait d'être, avait fait serment au pape Clement VI. avant d'être élu, que s'il allait jamais se faire couronner à Rome, il n'y coucherait pas seulement une nuit, et qu'il ne rentrerait jamais en Italie sans la permission du S. Père ; et il y a encore une lettre de lui au cardinal Colombier, doyen du sacré collège, datée de l'an 1355, dans laquelle il appelle ce doyen votre majesté. Essai sur l'hist. univ. "

Peignons en deux mots le caractère de ce prince : il commença par ruiner sa maison pour acquérir l'Empire ; et finit par ruiner l'Empire, pour rétablir sa maison.

Ghélen ou Geslen (Sigismond de), en latin Gelenius, né à Prague dans le XVe siècle, traduisit un des premiers de grec en latin, Josephe, Denys d'Halicarnasse et plusieurs autres auteurs ; il mourut en 1554.

Hieronime, que nous appelons Jérôme de Prague, du lieu de sa naissance, n'était ni moine, ni ecclésiastique, mais maître en théologie, grade académique qu'il reçut en 1399, et qu'il méritait par ses talents. Ami et disciple de Jean Hus, il le surpassa de beaucoup en esprit et en éloquence ; voyez, si vous voulez le connaître, l'hist. du concîle de Constance, par M. Lenfant. Son récit est confirmé par tous les auteurs contemporains ; j'entends par les témoignages d'Aeneas Sylvius, de Théodoric de Niem qui était à Constance, du moine Théodoric Vrie, qui fleurissait aussi en ce temps-là.

Jérôme avait d'abord souscrit à la condamnation de la doctrine de son maître ; mais ayant appris avec quelle grandeur d'ame Jean Hus était mort, il eut honte de vivre. Il se rétracta publiquement, et fut envoyé au bucher. Poggio florentin, sécretaire de Jean XXIII. et l'un des premiers restaurateurs des Lettres, présent à ses interrogatoires et à son supplice, dit que Mutius Scevola ne fit pas bruler son bras avec plus de constance, que celui-ci tout son corps ; et que Socrate ne prit pas le poison avec plus d'allégresse, que celui-ci souffrit les flammes du bucher. Quum lictor ignem post tergum, ne id videret, injicère vellet : hùc, inquit, accede, et in conspectu accende ignem ; si enim illum timuissem, nunquam ad hunc locum, quem fugiendi facultas erat, accessissem. Hoc modo vir praeter fidem egregius est consumptus, et singulos actus inspexi. Tels sont les termes de Poggio ; joignez-y les réflexions de M. de Voltaire sur la différence de la mort de Socrate, et celle de Jérôme de Prague. Là, c'est un citoyen, qui loin de tout appareil horrible, expire tranquillement au milieu de ses amis. Ici, c'est le supplice épouvantable du feu, dans lequel des prêtres ministres de clémence et de paix, jettent d'autres prêtres, d'une vie pure et d'un courage admirable. (D.J.)




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