S. m. (Histoire ancienne et moderne) marque d'honneur ou de respect presqu'universellement répandue par toute la terre, et qui a été également partagée entre la religion et la société. Dès les temps les plus reculés, on saluait le soleil, la lune, et les étoiles, en baisant la main. Job se défend de cette superstition : si vidi solem.... aut lunam.... et osculatus sum manum meam ore meo. On rendait le même honneur à Baal. Lucien, après avoir parlé des différentes sortes de sacrifices que les personnes riches offraient aux dieux, ajoute que les pauvres les adoraient par de simples baise-mains. Pline de son temps mettait cette même coutume au nombre des usages dont on ignorait l'origine : In adorando, dit-il, dexteram ad osculum referimus. Dans l'Eglise même, les évêques et les officiants donnent leur main à baiser aux autres ministres qui les servent à l'autel.

Dans la société, l'action de baiser la main a toujours été regardée comme un formulaire muet, pour assurer les réconciliations, demander des grâces, remercier de celles qu'on a reçues, marquer sa vénération à ses supérieurs. Dans Homère, le vieux Priam baise les mains d'Achille, lorsqu'il le conjure de lui rendre le corps de son fils Hector. Chez les Romains, les tribuns, les consuls, les dictateurs donnaient leur main à baiser à leurs inférieurs, ce que ceux-ci appelaient accedere ad manum. Sous les empereurs cette conduite devint un devoir essentiel, même pour les grands ; car les courtisans d'un rang inférieur étaient obligés de se contenter d'adorer la pourpre en se mettant à genoux, pour toucher la robe du prince avec la main droite, qu'ils portaient ensuite à leur bouche : honneur qui ne fut ensuite accordé qu'aux consuls et aux premiers officiers de l'empire, les autres se contentant de saluer le prince de loin en portant la main à la bouche, comme on le pratiquait en adorant les dieux.

La coutume de baiser la main du prince est en usage dans presque toutes les cours de l'Europe, et surtout en Espagne, où dans les grandes cérémonies les grands sont admis à baiser la main du roi. Dapper, dans son Afrique, assure que les Nègres sont en possession de témoigner leurs respects pour leurs princes ou chefs par des baise-mains. Et Fernand Cortez trouva cette pratique établie au Mexique, où plus de mille Seigneurs vinrent le saluer en touchant d'abord la terre avec leurs mains, et les portant ensuite à leur bouche. (G)

BAISE-MAIN, en Droit, signifie l'offrande qu'on donne aux curés. Les curés de Paris, dit-on en ce sens, n'ont point la dixme ; ils n'ont que le baise-main. Cette expression vient de ce qu'autrefois en se présentant à l'offrande, on baisait la main du célébrant. (H)