ou IOS, (Géographie ancienne et moderne) île de l'Archipel, entre celle de Naxie au nord, celle d'Amorgo à l'Orient, celle de Santorin au midi, et celle de Sikino à l'occident.

Cette île a été connue des anciens sous le nom de Ios, et nommée ainsi par les Ioniens qui l'habitèrent les premiers : elle a quarante milles de tour ; mais elle n'a jamais été guère célèbre que par le tombeau d'Homère. Ce fameux poète passant de Samos à Athènes, vint aborder à Ios ; il y mourut sur le port, et on lui dressa un tombeau, où l'on grava longtemps après l'épitaphe rapportée par Hérodote à qui on attribue la vie d'Homère.

Strabon, Pline et Pausanias parlent de ce tombeau ; ce dernier ajoute, qu'on y montrait aussi celui de Climene mère de cet excellent homme, et assure qu'on lisait un vieil oracle à Delphes, gravé sur une colonne qui soutenait la statue d'Homère. Il paraissait par cette inscription, que sa mère était de l'île d'Ios : on lit le même oracle dans Etienne le géographe, qui a été suivi par Eustathe sur Homère et sur Denis d'Aléxandrie ; mais Aulugelle, noct. Attic. lib. III. cap. XIe prétend qu'Aristote a écrit, qu'Homère avait pris naissance dans l'île dont nous parlons. Quoi qu'il en sait, on cherche inutilement les restes de ce tombeau à Nio autour du port : on n'y voit qu'une excellente source d'eau douce qui bouillonne au travers d'une auge de marbre, à un pas seulement de l'eau salée.

La Porte tient ordinairement un cadi à Nio. Cette île est assez bien cultivée ; on estime beaucoup le froment qu'elle produit, mais elle manque d'huîle et de bois : on n'y voit plus de palmiers, quoique selon les apparences, ces sortes d'arbres lui aient anciennement attiré le nom de Phénicie qu'elle a porté, suivant la remarque de Pline et d'Etienne le géographe.

Il y a dans le cabinet du roi de France, une médaille à la légende de cette île (IHTN) : d'un côté c'est la tête de Jupiter, de l'autre c'est une Pallas et un palmier. Le P. Hardouin fait mention d'une autre médaille de cette île ; la tête de Lucilla y est représentée avec cette légende, num. popul. et urb. Il ne reste pourtant aucune marque d'antiquité dans Nio ; ses habitants ne sont curieux que de piastres, et tous voleurs de profession : aussi les Turcs appellent Nio, la petite Malte, c'est-à-dire la retraite de la plupart des corsaires de la Méditerranée. Les latins n'y ont qu'une église, desservie par un vicaire de l'évêque de Santorin : les autres églises sont grecques, et dépendent de l'évêque de Siphanto. Long. 43. 28. lat. 36. 35. (D.J.)