S. f. (Histoire et Hiérarchie ecclésiastique) terme en usage dans la primitive Eglise, pour signifier les personnes du sexe qui avaient dans l'Eglise une fonction fort approchante de celles des diacres. S. Paul en parle dans son épitre aux Romains, et Pline le jeune dans une de ses lettres à Trajan, fait savoir à ce prince qu'il avait fait mettre à la torture deux diaconesses, qu'il appelle ministrae.

Le nom de diaconesse était affecté à certaines femmes dévotes, consacrées au service de l'Eglise, et qui rendaient aux femmes les services que les diacres ne pouvaient leur rendre avec bienséance ; par exemple, dans le baptême, qui se conférait par immersion aux femmes aussi-bien qu'aux hommes. Voyez BAPTEME.

Elles étaient aussi préposées à la garde des portes des églises ou des lieux d'assemblées, du côté où étaient les femmes séparées des hommes, selon la coutume de ce temps-là. Elles avaient soin des pauvres, des malades, etc. et dans le temps de persécution, lorsqu'on ne pouvait envoyer un diacre aux femmes pour les exhorter et les fortifier, on leur envoyait une diaconesse. Voyez Balzamon, sur le deuxième canon du concîle de Laodicée, et les constitutions apostoliques, liv. II. Ch. lvij. pour ne point parler de l'épitre de S. Ignace au peuple d'Antioche, où l'on prétend que ce qu'il dit des diaconesses a été ajouté.

Lupus, dans son commentaire sur les conciles, dit qu'on les ordonnait par l'imposition des mains ; et le concîle in Trullo, se sert du mot , imposer les mains, pour exprimer la consécration des diaconesses. Néanmoins Baronius nie qu'on leur imposât les mains, et qu'on usât d'aucune cérémonie pour les consacrer ; il se fonde sur le dix-neuvième canon du concîle de Nicée, qui les met au rang des laïques, et qui dit expressément qu'on ne leur imposait point les mains. Cependant le concîle de Chalcedoine régla qu'on les ordonnerait à 40 ans, et non plutôt ; jusques-là elles ne l'avaient été qu'à 60, comme S. Paul le prescrit dans sa première à Timothée, et comme on le peut voir dans le nomocanon de Jean d'Antioche, dans Balzamon, le nomocanon de Photius et le code Théodosien, et dans Tertullien, de valland. vig. Tertullien, dans son traité ad uxorem, liv. I. ch. VIIe parle des femmes qui avaient reçu l'ordination dans l'église, et qui par cette raison ne pouvaient plus se marier ; car les diaconesses étaient des veuves qui n'avaient plus la liberté de se marier, et il fallait même qu'elles n'eussent été mariées qu'une fois pour pouvoir devenir diaconesses, mais dans la suite on prit aussi des vierges ; c'est du moins ce que disent S. Epiphane, Zonaras, Balzamon, et S. Ignace.

Le concîle de Nicée met les diaconesses au rang du clergé, mais leur ordination n'était point sacramentelle, c'était une simple cérémonie ecclésiastique. Cependant parce qu'elles prenaient occasion de-là de s'élever au-dessus de leur sexe, le concîle de Laodicée défendit de les ordonner à l'avenir. Le premier concîle d'Orange, en 441, défend de même de les ordonner, et enjoint à celles qui avaient été ordonnées, de recevoir la bénédiction avec les simples laïques.

On ne sait point au juste quand les diaconesses ont cessé, parce qu'elles n'ont point cessé par tout en même temps : l'onzième canon du concîle de Laodicée semble à la vérité les abroger ; mais il est certain que longtemps après il y en eut encore en plusieurs endroits. Le vingt-sixième canon du premier concîle d'Orange, tenu l'an 441 ; le vingtième de celui d'Epaune, tenu l'an 515, défendent de même d'en ordonner ; et néanmoins il y en avait encore du temps du concîle in Trullo.

Atton de Verceil rapporte dans sa huitième lettre, la raison qui les fit abolir : il dit que dans les premiers temps le ministère des femmes était nécessaire pour instruire plus aisément les autres femmes, et les désabuser des erreurs du paganisme ; qu'elles servaient aussi à leur administrer le baptême avec plus de bienséance ; mais que cela n'était plus nécessaire depuis qu'on ne baptisait plus que des enfants. Il faut encore ajouter maintenant, depuis qu'on ne batise plus que par infusion dans l'église latine.

Le nombre des diaconesses semble n'avoir point été fixé : l'empereur Héraclius dans sa lettre à Sergius patriarche de Constantinople, ordonne que dans la grande église de cette ville il y en ait quarante, et six seulement dans celle de la mère de Dieu, qui était au quartier des blaquernes.

Les cérémonies qu'on observait dans la bénédiction des diaconesses, se trouvent encore présentement dans l'eucologe des Grecs. Matthieu Blastares savant canoniste grec, observe qu'on fait presque la même chose pour recevoir une diaconesse, que dans l'ordination d'un diacre. On la présente d'abord à l'évêque devant le sanctuaire, ayant un petit manteau qui lui couvre le cou et les épaules, et qu'on nomme maforium ; et après qu'on a prononcé la prière qui commence par ces mots la grâce de Dieu, etc. elle fait une inclination de tête sans fléchir les genoux. L'évêque lui impose ensuite les mains en prononçant une prière. Mais tout cela n'était point une ordination ; c'était seulement une cérémonie religieuse, semblable aux bénédictions des abbesses. On ne voit plus de diaconesses dans l'église d'Occident depuis le XIIe siècle, ni dans celle d'Orient passé le xiije. Macer, dans son hyerolexicon au mot diaconissa, remarque qu'on trouve encore quelque trace de cet office dans l'église de Milan, où il y a des matrones qu'on appelle vetulones, qui sont chargées de porter le pain et le vin pour le sacrifice à l'offertoire de la messe selon le rit Ambrosien. Les Grecs donnent encore aujourd'hui le nom de diaconesses aux femmes de leurs diacres, qui suivant leur discipline sont ou peuvent être mariés ; mais ces femmes n'ont aucune fonction dans l'église comme en avaient les anciennes diaconesses. Moréry, Chamb. et Trév. (G)