(Histoire ancienne, Géographie) Le nom d'Epire se prend en deux sens par les écrivains grecs ; ils s'en servent quelquefois pour exprimer en général ce que nous appelons Continent, et quelquefois pour désigner plus particulièrement un pays d'Europe, qui était situé entre la Thessalie et la mer Adriatique, et qui fait partie de l'Albanie moderne.

Son voisinage avec la Grèce a surtout contribué à le rendre fameux dans l'ancienne histoire ; et quoiqu'il fût d'une très-petite étendue, cependant Strabon y compte jusqu'au nombre de quatorze nations Epirotes : tels furent les Chaoniens, les Thesprotes, les Molosses, les Ethisiens, les Athamanes, les Perrhebes, les Embrasiens, etc. Mais nous ne nous engagerons point dans ce défilé ; nous ne rechercherons pas non plus les raisons qui ont porté les Poètes à placer leur enfer dans cette partie de la Grèce ; encore moins parlerons-nous du combat d'Hercule et de Geryon, qui rendit ce pays célèbre : tout cela n'est point du ressort de cet Ouvrage. Nous devons, au contraire, nous hâter de dire que l'Epire, qui était d'abord un royaume libre, fut ensuite soumis aux rois de Macédoine, et tomba enfin sous le pouvoir des Romains. On sait que Paul Emîle ayant vaincu Persée, dernier roi de Macédoine, ruina soixante-dix villes des Epirotes qui avaient pris le parti de ce prince, y fit un butin immense, et emmena 150 mille esclaves.

Les empereurs de Grèce établirent des Despotes en Epire, qui possédèrent ce pays jusqu'au règne d'Amurat II. Ce conquérant le réunit aux vastes états de la porte ottomane. Ainsi les Epirotes libres dans leur origine, riches, braves, et guerriers, sont à présent serfs, lâches, misérables : épars dans les campagnes ruinées, ils s'occupent à cultiver la terre, ou à garder les bestiaux dans de gras pâturages, qui nous rappellent ceux qu'avaient les bœufs de Geryon, dont les historiens nous ont tant parlé ; mais c'est la seule chose des états du fils d'Achille qui subsiste encore la même. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT.