en terme de guerre, est une grosse balle de fer dont on charge le canon.

Il y a des boulets de tous les calibres; ils se mettent dans le canon sur la poudre, ou du moins sur le fourage, ou le tampon dont on couvre la poudre.
Ce que l'on cherche dans les boulets, est qu'ils faient bien ronds, bien ébarbés, et sans soufflures.
Bien ronds et bien ébarbés, afin qu'ils fassent leur chemin droit dans la pièce, sans l'érafler, ni l'écorcher.
Sans soufflures, afin qu'ils ne pirouettent point en l'air, et que le vent ne s'y engouffre point.
Enfin qu'ils soient du poids dont ils doivent être, ces sortes de cavités étant quelquefois cause que les boulets pesent moins que leur calibre ne porte; à quoi il faut prendre garde; car le roi serait lésé de payer un boulet sur le pied de 24 livres, qui n'en peserait que 23. (Q)
Il serait à désirer qu'ils ne fussent pas de fer aigre, car en les remuant ils le cassent facilement.
Voici la différence qu'il y a entre le calibre des pièces et celui que doivent avoir les boulets destinés pour y servir: cette différence vient du vent qu'il faut donner pour que les boulets puissent avoir plus de jeu dans la pièce.
Table du calibre des Pièces, et du diamètre des Boulets.
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On dira ici en passant, qu'il est rare de rencontrer toujours bien juste les proportions dont on vient de parler, parce que quelquefois la pièce se trouvera trop évasée, ou le boulet ne sera pas rond, ou l'instrument dont on se servira ne sera pas fait dans toute la régularité qui est à désirer, ou l'officier n'aura pas l'intelligence nécessaire pour prendre ses mesures: et cela fait que souvent deux officiers calibreront différemment une même pièce, mais la différence ne doit pas être considérable.
L'on trouvera, en faisant quelques inventaires, des boulets creux, des boulets à l'ange ou à chaîne, des boulets a deux têtes, des messagers, et d'autres boulets qui portent des noms extraordinaires. Comme toutes ces sortes de boulets ne sont pas présentement d'usage, j'en dirai peu de chose; il suffit seulement de savoir, que ce qu'on appelle boulets creux sont certaines boites de fer longues, dont le diamètre est du calibre d'une pièce telle que l'on veut, et longues de deux calibres et demi ou environ. Ces boites sont véritablement creuses, et renferment de l'artifice et des balles de plomb, des clous, et de la mitraille de fer: l'on faisait entrer dans ces boites, par le bout qui touchait à la poudre dans l'âme de la pièce, une fusée de cuivre entrant à vis dans un écrou, chargée comme celle des bombes, qui s'allumait par le feu de la pièce, et qui le portant ensuite à l'artifice de ces boites ou boulets creux, les obligeait à crever dans l'endroit où ils tombaient; ces boulets devaient faire un grand fracas; et même l'effet d'une fougasse ou espèce de mine aux endroits où ils seraient entrés. On observait de ne mettre sur ce boulet que la moitié du fourrage ordinaire.
Un boulet creux du calibre de vingt-quatre, pesait en fer........... 60 liv.
Et chargé de plomb......79 liv.
Il contenait 6 livres de poudre.
Sa fusée avait de longueur 6 pouces; son diamètre par la tête 15 lignes, réduit par le bas à 10 lignes; la lumière 4 lignes de diamètre. On frottait la tête du boulet de terébenthine pour y faire tenir le poulvin, afin que le feu se communiquât plus promptement à la fusée.
Mais toutes les fois que l'on en a fait l'épreuve, ou ces boulets ont crevé en l'air, ou ils ne sont allés frapper la butte ou le blanc que par leur largeur et de travers, et non par leur pointe; ou les fusées n'ont point pris, ou elles se sont éteintes; et leur effet par conséquent est devenu entièrement inutile.

Ce que l'on appelle boulets messagers, sont des boulets creux dont on se servait autrefois pour porter des nouvelles dans une place de guerre, et l'on ne mettait qu'une faible charge de poudre pour les faire tomber où l'on voulait; et ces sortes de boulets étaient pour l'ordinaire couverts de plomb, et la plupart étaient de plomb sans mélange de fer.

Les boulets à l'ange, à chaine, et autres, étaient pour faire plus d'exécution, ou dans une ville ou dans un camp.

Mais quelques inventions que l'on ait imaginées jusqu'à présent, il en faut toujours revenir à l'ancien usage, qui est le plus sur et le moins embarrassant.

Un ancien officier d'artillerie a proposé pour la mer un boulet: ce boulet a deux têtes et est garni au milieu, de la même composition dont l'on charge les carcasses; on l'enveloppe d'une toîle ou drap soufré qui prend feu par celui du canon, et qui le porte dans les voiles des vaisseaux.

Ce boulet est percé à l'une des têtes pour y mettre la fusée qui a communication à la charge du canon, et le boulet avec son enveloppe tient lieu de fourrage, afin que la charge du canon se communiquè à la fusée du boulet. S. Remy, mem. d'Artillerie.

Boulets barrés, ce sont deux boulets, ou plutôt deux moitiés de boulets jointes ensemble avec une barre de fer, qui servent à couper les mâts, les voiles, etc. chargés à mitraille. Voyez MITRAILLE.

Boulet coupé ou séparé, est une espèce de boulet de canon dont on se sert quelquefois sur mer: pour en donner une idée, il faut s'imaginer un boulet de fer ou de plomb coupé en deux et creusé en dedans, et deux barres de fer qui forment les diamètres de chaque demi boulet, et qui ont un trou au milieu où passe et s'attache une chaîne de fer longue de deux pieds. Cette chaîne pouvant se raccourcir, et entrer dans le creux des demi boulets, on les coule aisément dans le canon comme un simple boulet entier. Ces deux demi boulets, en sortant de la bouche du canon, se séparent et s'étendent de toute la longueur de la chaîne, volent en tournoyant, coupent les agrès des vaisseaux ennemis, et font un effet considérable. Cette forte de boulet n'est point connu en France.

Boulet rouge, est un boulet qu'on fait rougir pour mettre le feu dans les maisons de la ville qu'on attaque.
On creuse une place en terre, et on y allume une grosse quantité de charbon de bois ou de terre.
On met dessus une forte grille de fer.
Quand ce feu est dans toute sa force, on met les boulets sur la grille, et ils y rougissent en très-peu de temps.
On a des tenailles ou des cuillières de fer pour les prendre.
On les porte dans la pièce qui n'en doit point être éloignée, après que l'on a mis de la terre glaise, s'il se peut, sur la poudre dont la pièce est chargée, et qu'on l'a extrêmement refoulée avec le refouloir. On ne met point de fourrage sur le boulet. On met le feu promptement à la lumière de la piece: le coup part, et partout où passe le boulet, s'il rencontre quelques matières combustibles, il les allume, et il porte l'incendie.
Lorsque les tranchées sont devant les batteries de boulets rouges, on bourre la poudre avec du fourrage, parce que si on y mettait de la terre glaise, les morceaux pourraient aller blesser et tuer les travailleurs.
Les boulets rouges ne se tirent qu'avec des pièces de huit et de quatre; parce que si les pièces étaient d'un plus fort calibre, les boulets seraient trop difficiles à servir. S. Remy, Mem. d'Artillerie. (Q)

Boulet, (Maréchalerie) jointure qui est à la jambe du cheval au dessous du paturon, qui tient lieu d'un second genou à la jambe du devant, et d'un second jarret à chaque jambe de derrière. Les entorses se font au boulet; c'est au boulet que le cheval se coupe, c'est-à-dire, qu'il est entamé par le côté d'un de ses fers. Boulet qui suppure; boulet gorgé, c'est-à-dire enflé. Il vient des crevasses au-dessous des boulets. Etre sur les boulets, est la même chose qu'être bouleté. Voyez BOULETÉ. (V)

Bouletan, terme de Rivière dont on se sert dans le pays d'amont l'eau, pour exprimer la pièce de bois qu'on appelle courbe. Voyez COURBE.

Bouleté, adj. un cheval bouleté est celui dont le boulet parait avancer trop en avant, parce que le paturon et le pied sont pliés en arrière: cette conformation vient de trop de fatigue, et est une marque sure que la jambe est usée. (V)