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Catégorie : Histoire
S. f. pl. (Histoire) On donnait ce nom aux présents que les Hébreux faisaient au Seigneur, d'une partie des fruits de leur récolte, pour témoigner leur soumission et leur dépendance, et pour reconnaître le souverain domaine de Dieu, auteur de tout bien.

On offrait ces prémices au temple d'abord, avant que de toucher aux moissons, et ensuite après les moissons, avant que les particuliers commençassent à en user ; et c'est pour cela qu'on les appelait prémices.

Les premières prémices qui s'offraient au nom de toute la nation, étaient une gerbe d'orge que l'on cueillait le soir du 15 de Nisan, et que l'on battait dans le parvis du temple. Après l'avoir bien vanné et nettoyé, on en prenait environ trois pintes que l'on rôtissait et concassait dans le mortier : on jetait pardessus un log d'huîle : on y ajoutait une poignée d'encens ; et le prêtre prenant cette offrande, l'agitait devant le Seigneur vers les quatre parties du monde. Il en jetait une poignée sur le feu, et le reste était à lui. Après quoi chacun pouvait mettre la faucille dans sa moisson.

Lorsque la moisson du froment était achevée, c'est-à-dire le jour de la Pentecôte, on offrait encore au Seigneur des prémices d'une autre sorte au nom de toute la nation, lesquelles consistaient en deux pains de deux assarons, c'est-à-dire de trois pintes de farine chacun : ces pains étaient de pâte levée. Josephe, antiquit. l. III. c. Xe ne met qu'un pain ; et il dit qu'on le servait aux prêtres à souper le soir même avec les autres offrandes, et qu'il fallait les manger ce jour-là, sans qu'il en restât rien pour le lendemain.

Outre ces prémices qui s'offraient au nom de toute la nation, chaque particulier était obligé d'apporter ses prémices au temple du Seigneur. L'Ecriture n'en prescrit ni le temps ni la quantité ; mais les rabbins enseignent qu'il fallait apporter au temple au-moins la soixantième partie de sa récolte et de ses fruits, quoiqu'il ne fût pas défendu d'être plus libéral. On s'assemblait par troupes de vingt-quatre personnes, pour apporter en cérémonie ces prémices. Cette troupe était précédée d'un bœuf destiné pour le sacrifice, couronné d'une couronne d'olivier, et ayant les cornes dorées. Un joueur de flute marchait devant eux à Jérusalem. Les prémices étaient de froment, d'orge, de raisins, de figues, d'abricots, d'olives et de dattes. Chacun portait son panier : les plus riches en avaient d'or, d'autres d'argent ; les plus pauvres en avaient d'osier. Ils marchaient en pompe jusqu'au temple, en chantant des cantiques ; lorsqu'ils approchaient de la ville sainte, les bourgeois allaient au-devant d'eux, et les saluaient civilement.

Quand ils arrivaient à la montagne du temple, chacun, même le roi, s'il y était, prenait son panier sur son épaule, et le portait jusqu'au parvis des prêtres : alors les lévites entonnaient quelques paroles du pseaume xxx ; et celui qui apportait les prémices disait : Je reconnais aujourd'hui publiquement devant le Seigneur votre Dieu, que je suis entré dans la terre qu'il avait promise avec serment à nos pères de nous donner. Alors il mettait le panier sur sa main ; et le prêtre le soutenant par-dessous, celui qui l'offrait récitait une espèce de prière où il faisait mention de l'entrée et de la sortie d'Israèl en Egypte, des merveilles que Dieu avait opérées pour l'en délivrer, de son introduction dans la terre de Chanaan ; et il la terminait par ces paroles : C'est pourquoi j'offre maintenant les prémices des fruits de la terre que le Seigneur m'a donnés. On voit par-là quel était le motif et le fondement de cette cérémonie religieuse. Après ces mots, il mettait son panier sur l'autel, se prosternait et s'en allait. La Mischna parle fort au long de ce qui regarde les prémices, dans les traités intitulés Thrumoth et Becorim.

Il y avait une autre espèce de prémices qu'on payait au Seigneur, et dont il est fait mention dans les Nombres, ch. XIVe vers. 19. et 20. Lorsqu'on avait paitri le pain dans chaque famille, on en mettait à part une portion qui se donnait au prêtre ou au lévite qui demeurait dans la ville ; que s'il ne s'y trouvait ni prêtre ni lévite, on la jetait au four et on la laissait consumer par le feu. La loi n'en avait pas fixé la quantité ; mais saint Jérôme dit que la coutume et la tradition l'avaient déterminé entre la quarantième et la soixantième partie de ce qu'on paitrissait. Philon, lib. de praemiss. sacerdot. en parle comme d'une coutume usitée parmi tous les Juifs. Léon de Modene cérém. des Juifs, part. II. ch. IXe témoigne qu'elle s'observe encore aujourd'hui : c'est un des trois préceptes qui regardent les femmes, parce que ce sont elles ordinairement qui font le pain. Lorsqu'on a fait un morceau de pâte gros à-peu-près comme quarante œufs, on en prend une petite partie dont on fait une espèce de gâteau qu'on jette au feu en disant : Soyez béni, Seigneur notre Dieu, roi du monde, qui nous avez sanctifié par vos préceptes, et qui nous avez commandé de séparer un gâteau de nôtre pâte. Les rabbins tiennent qu'on n'est obligé de payer les prémices que dans la terre promise, qu'on doit donner au moins la vingt-quatrième partie de la masse qu'on a paitrie, et que les boulangers n'en doivent que la quarante-huitième.

On donne aussi dans l'ancien Testament le nom de prémices aux offrandes de dévotion que les Israèlites apportaient au temple, pour y faire des repas de charité, auxquels ils invitaient leurs parents, leurs amis, et les lévites qui étaient dans les villes ; aussi bien qu'aux offrandes qu'on faisait de tous les premiers nés. Voyez PREMIERS NES.

Le nom latin de prémices, primitiae, se prend dans l'Ecriture non-seulement à la lettre pour les prémices des fruits de la terre, et les offrandes qu'on faisait au Seigneur, mais aussi pour ce qu'il y a d'excellent en chaque chose. Par exemple, S. Paul, Rom. VIIIe 23, dit que les Chrétiens ont les prémices du S. Esprit, primitias Spiritus habentes, c'est-à-dire une plus grande abondance de l'esprit de Dieu, et des dons plus parfaits que n'en avaient eu les Juifs. Ailleurs il dit que Jesus-Christ est ressuscité d'entre les morts, comme les prémices de ceux qui sont décédés : primitiae dormientium. I. Cor. XVe 20. Il est appelé dans l'apocalypse le premier né des morts, c'est-à-dire le premier des ressuscités par sa propre vertu, primogenitus mortuorum ; et dans l'épitr. 2 aux Thessalonic. c. j. Ve 12. S. Paul leur dit qu'ils sont comme des prémices que Dieu a choisi pour les sauver, elegit vos Deus primitias in salutem, par une distinction particulière, comme on choisit les prémices parmi ce qu'il y a de plus exquis dans les fruits pour les offrir au Seigneur. Calmet, Dictionnaire de la Bible.

PREMICES, (Jurisprudence) primitias, sont les premiers fruits qu'on recueille de la terre ou des animaux.

Il était d'usage dans l'ancien Testament d'offrir les prémices au prêtre : il est fait mention de ces oblations dans l'Exode.

Elles devinrent même de précepte, suivant le Lévitique, ch. XXIV. feretis manipulos spicarum primitias messis vestrae ad sacerdotem ; et dans le livre des Nombres, ch. 5. il est dit qu'elles appartiennent au prêtre, omnes primitiae quas offèrent filii Israel ad sacerdotem pertinent. Ces prémices se payaient depuis la trentième jusqu'à la cinquantième partie.

Suivant le Deuteronome, chap. xiv. on était aussi obligé d'offrir les premiers nés des troupeaux, primogenita de jumentis et ovibus suis.

Les Israèlites payaient en outre la dixme.

Dans les premiers siècles de l'Eglise, les fidèles mettaient tous leurs biens en commun ; les ministres de l'Eglise vivaient d'oblations en général, sans qu'il y eut aucun précepte pour leur donner les prémices ni la dixme.

La première rétribution qui fut établie en leur faveur, ce fut la dixme.

Alexandre II. y ajouta les prémices ; il se fonda, pour établir ce nouveau droit, sur l'ancien Testament. Ces prémices étaient offertes sur l'autel, et bénites à la messe. C'est à ces fruits que s'appliquait cette prière qui se dit au canon de la messe. Per quem haec omnia Domine semper bona creas, sanctificas, benedicis et praestas nobis, etc. Présentement que les prémices ne s'offrent plus ainsi, ces paroles s'appliquent au pain et au vin déjà consacrés.

La quotité des prémices n'était pas fixée par la loi de Moïse. Saint Jérôme tient que les rabbins établirent qu'elle serait au-moins du soixantième, et qu'elle n'excéderait pas le quarantième ; ce que Fra-Paolo dit avoir été imité chez les siens, ayant établi le quarantième, qu'on appelle aujourd'hui le quart.

Dans un concîle de Bordeaux tenu en 1255, on fixa les prémices depuis la trentième jusqu'à la quarantième.

Dans un autre concîle tenu à Tours en 1282, il fut réglé que les prémices seraient estimées au-moins à la soixantième partie.

Présentement l'obligation de donner les prémices outre la dixme, n'est point de droit commun ; cela dépend de l'usage, et le droit de les percevoir est prescriptible par 40 ans. Voyez d'Hericourt, Fuet, Duperray et Bouvot, tome I. verbo dixme, quest. 2. (A)




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