S. m. (Antiquité) président, juge, et directeurs des jeux agonistiques.

Les héllénodices ou hellénodiques, étaient des magistrats distingués, qui présidaient aux jeux de la Grèce, et qui furent institués lors du rétablissement des jeux olympiques par Iphytus, 408 ans après la prise de Troie, et 23 ans après la fondation de Rome.

Au commencement il n'y eut qu'un seul hellénodice, ensuite deux, bien-tôt après on en créa trois ; enfin on en augmenta le nombre jusqu'à neuf, savoir trois pour les courses des chars et des chevaux, trois pour les autres exercices, et trois pour la distribution des prix.

Ils prirent le nom de hellénodices, du lieu de leur assemblée, qu'on appelait hellénodicée ; c'était originairement un certain espace de terrain de la grande place des Eléens.

Leur fonction principale était de présider aux jeux sacrés, d'y maintenir l'ordre, la discipline, d'adjuger et de distribuer les prix : pour prévenir toute injustice, autant qu'il était possible, ils prétaient serment de ne se point laisser gagner par aucun intérêt, ni directement, ni indirectement, de juger avec impartialité, et de ne pas découvrir la raison, pour laquelle ils admettaient, ou refusaient tel ou tel combattant.

Ils étaient obligés de résider dix mois dans l'hellénodicée, avant la célébration des jeux, afin de s'instruire à fond des statuts agonistiques, et de veiller à ce que ceux qui se proposaient pour les combats, fissent exactement leurs exercices préparatoires, et fussent instruits dans toutes les lois de l'agonistique, par les nomophylaces, c'est-à-dire les gardiens de ces lois.

Le jour de la célébration des jeux étant arrivé, les hellénodices écrivaient sur un registre le nom et le pays de ceux qui s'enrôlaient pour entrer en lice ; ensuite, après leur avoir exposé les conditions auxquelles ils les admettaient, ils ordonnaient à un héraut de les proclamer à haute voix, et de les faire passer comme en revue dans le stade, pour savoir s'il y avait dans l'assemblée quelqu'un qui eut contre les uns ou les autres athletes des reproches à faire, qui puissent être à leur charge un sujet d'exclusion, comme la qualité d'esclave, une action criminelle, un vol, etc. Enfin, quand il n'y avait aucune déposition valable, les athletes prétaient entre les mains des hellénodices le serment solennel par lequel ils s'engageaient d'observer les lois prescrites dans chaque sorte de combats.

Ce même jour les hellénodices se rendaient dans la place avant le lever du soleil pour apparier les courses, et pour que toutes choses fussent en ordre, au moment de l'ouverture des jeux.

Pendant leur solennité, ils étaient assis la tête nue, à l'une des extrémités du stade ou de l'hippodrome, et dans l'endroit où se terminaient ces divers combats.

Ils avaient devant eux, sur une espèce de gradin élevé, les palmes, les couronnes, et les prix destinés aux vainqueurs ; quelquefois les athletes victorieux les recevaient d'un héraut, qui les leur portait dans le lieu du stade où ils avaient triomphé, mais c'était ordinairement l'hellénodice qui distribuait de sa propre main les couronnes à ceux auxquels il les adjugeait.

Alexandre ayant gagné le prix de la course des chevaux aux jeux olympiques, alla victorieux se présenter devant l'un des hellénodices, qui en le couronnant lui dit ces paroles remarquables : " fiez-vous à moi, Alexandre ; de la manière dont vous avez gagné la victoire à la course, vous en remporterez bien d'autres à la guerre ". Paroles dont le jeune héros tira un augure capable de lui élever l'âme, jusques à former les grandes entreprises qui depuis étonnèrent l'univers.

Comme on érigeait souvent des statues en l'honneur des athletes victorieux, surtout dans les olympioniques, et communément dans le lieu même où ils avaient été couronnés, la loi défendait formellement que ces statues fussent plus grandes que nature ; et c'est à quoi les hellénodices prenaient garde de si près, au rapport de Lucien, qu'ils n'y apportaient pas moins d'attention qu'à l'examen sévère des athletes et à toute autre partie de leur district. En effet, s'il se trouvait quelqu'une de ces statues qui surpassât la grandeur naturelle, ils la faisaient aussi-tôt jeter par terre. Sans-doute qu'ils en agissaient ainsi, de crainte que le peuple, qui n'était que trop disposé à rendre aux athletes des honneurs divins, ne s'avisât en voyant leurs statues d'une taille plus qu'humaine, de les mettre à la place de celles des dieux.

La juridiction des hellénodices ne réunissait pas les avantages de la durée à ceux de son importance, car elle finissait le jour même avec les jeux ; mais ils avaient la gloire d'emporter l'opinion favorable de la justice et de l'impartialité. Aussi, pour n'être point tentés d'enfreindre leur serment, ils remettaient toujours la lecture des lettres de recommandation qu'on leur faisait en faveur de certains athletes, jusqu'après leurs combats ou leurs victoires.

Cependant, quelque déférence qu'eussent les Grecs pour le jugement des hellénodices, quelques-uns d'eux furent accusés de défaut d'expérience, et d'autres d'acception de personnes ; d'ailleurs, il arrivait quelquefois dans les jeux tel incident délicat ou imprévu, qui obligeait les athletes d'en appeler au sénat d'Olympie, lequel alors décidait en dernier ressort ces sortes d'affaires agonistiques. Enfin, aux jeux Pithiens on appelait de leur jugement à celui de l'empereur ; je crains bien que l'équité de ce dernier tribunal ne valut pas celle du premier. Je sais du-moins, pour en citer un exemple, que le jugement de Panis roi de Chalcide, a passé en proverbe, pour caractériser un jugement d'ignorance et de faveur. (D.J.)