S. m. (Antiquité) nom de certaines statues antiques de Mercure, faites de marbre, et quelquefois de bronze, sans bras et sans pieds. Hermès est au propre le nom grec de Mercure, et ce nom passa à ces statues.

Les Athéniens, et depuis à leur exemple, les autres peuples de la Grèce, représentèrent ce dieu par une figure cubique, c'est-à-dire carrée de tous les côtés, sans pieds, sans bras, et seulement avec la tête. Servius rend raison de cet usage par une fable ; des bergers, selon lui, ayant un jour rencontré Mercure endormi sur une montagne, lui coupèrent les pieds et les mains, pour se vanger de quelque tort qu'il leur avait fait ; ce conte signifie peut-être, qu'ayant trouvé quelque statue de ce dieu, ils la mutilèrent de cette manière, et en placèrent le tronc à la porte d'un temple. Suidas explique moralement la coutume de figurer les statues de Mercure carrées, sans pieds et sans bras, et de les placer aux vestibules des temples et des maisons ; car dit-il, comme on tenait à Athènes Mercure pour le dieu de la parole et de la vérité, on faisait ses statues carrées et cubiques, pour indiquer que la vérité est toujours semblable à elle-même, de quelque côté qu'on la regarde.

Suidas parle des hermès comme s'ils étaient particuliers à la ville d'Athènes ; c'est qu'ils avaient été inventés dans cette ville, et qu'ils s'y trouvaient en plus grande quantité que par-tout ailleurs. On comptait au nombre des principaux hermès, les Hipparchiens ; Hipparchus, fils de Pisistrate, tyran d'Athènes, avait érigé ceux-ci non-seulement dans la ville, mais dans tous les bourgs et villages de l'Attique, et avait fait graver sur chacun, différentes sentences morales, pour porter les hommes à la vertu.

On mit aussi des hermès dans les carrefours et les grands chemins du pays, parce que Mercure, qui était le messager des dieux, présidait aux grands chemins, ce qui lui valut le surnom de Trivius, du mot trivium, qui signifie un carrefour, et celui de Viacus, du mot via, chemin, comme le prouvent quelques inscriptions copiées dans Gruter.

Lorsqu'au lieu de la tête de Mercure, on mettait la tête d'un autre dieu, comme de Minerve, d'Apollon, de Cupidon, d'Hercule, d'Harpocrate, ou d'Anubis, alors le pilastre devenait un composé des deux divinités, dont on réunissait les noms, et qu'on appelait hermathenes, hermapollon, herméros, herméracle, herm'harpocrate, hermanubis. Voyez tous ces mots.

On ne se contenta pas de représenter des dieux sous ces formes de statues ; on érigea des hermès à la gloire des grands hommes, pour lesquels Athènes était passionnée ; le lycée et le portique en étaient remplis. On y voyait entr'autres l'hermès de Miltiade, avec ces mots, Miltiade Athénien, et on lisait au-dessous ces deux vers :