(Morale, Grammaire) C'est une douleur corporelle qu'on se procure dans l'intention de plaire à la divinité. Les hommes ont par-tout des peines, et ils ont très-naturellement conclu que les douleurs des êtres sensibles donnaient un spectacle agréable à Dieu. Cette triste superstition a été répandue et l'est encore dans beaucoup de pays du monde.

Si l'esprit de macération est presque toujours un effet de la crainte et de l'ignorance des vrais attributs de la divinité, il a d'autres causes, surtout dans ceux qui cherchent à le répandre. La plupart sont des charlatants qui veulent en imposer au peuple par de l'extraordinaire.

Le bonze, le talapoin, le marabou, le derviche, le faquir, pour la plupart se livrent à différentes sortes de supplices par vanité et par ambition. Ils ont encore d'autres motifs. Le jeune faquir se tient debout, les bras en croix, se poudre de fiente de vache, et Ve tout nud ; mais les femmes vont lui faire dévotement des caresses indécentes. Plus d'une femme à Rome, en voyant la procession du jubilé monter à genoux la scala santa, a remarqué que certain flagellant était bien fait, et avait la peau belle.

Les moyens de se macérer les plus ordinaires dans quelques religions, sont le jeune, les étrivières, et la mal-propreté.

Le caractère de la macération est par-tout cruel, petit, pusillanime.

La mortification consiste plus dans la privation des plaisirs ; la macération s'impose des peines. On mortifie ses sens, par ce qu'on leur refuse ; on macère son corps, parce qu'on le déchire ; on mortifie son esprit, on macère son corps ; il y a cependant la ma cération de l'âme ; elle consiste à se détacher des affections qu'inspirent la nature et l'état de l'homme dans la société.

MACERATION, (Chimie). C'est ainsi qu'on appelle en Chimie la digestion et l'infusion à froid. La macération ne diffère de ces dernières opérations, que pour le degré de chaleur qui anime le menstrue employé ; car l'état des menstrues désigné dans le langage ordinaire de l'art, par le nom de froid, est une chaleur très-réelle, quoique communément cachée aux sens. Voyez FROID et FEU (Chimie), INFUSION, DIGESTION, NSTRUETRUE. (b)

MACERATION des mines, (Métallurgie) quelques auteurs ont regardé comme avantageux de mettre les mines en macération, c'est-à-dire de les faire séjourner dans des eaux chargées d'alcali fixe, de chaux vive, de matières absorbantes, de fer, de cuivre, et même d'urine et de fiente d'animaux, avant que de les faire fondre. On prétend que cette méthode est surtout profitable pour les mines des métaux précieux, quand elles sont chargées de parties arsenicales, sulfureuses et antimoniales, qui peuvent contribuer à les volatiliser, et à les dissiper, dans un grillage trop violent.

Orschall a fait un traité de la macération des mines, dans lequel il prouve par un grand nombre d'exemples et de calculs, que les mines de cuivre qu'il a ainsi traitées, lui ont donné des produits beaucoup plus considérables que celles qu'il n'avait point mises en macération. Voyez l'article de la fonderie d'Orschall.

Becker approuve cette pratique ; il en donne plusieurs procédés dans sa concordance chimique, part. XII. Il dit qu'il est avantageux de se servir de la macération pour les mines d'or qui sont mêlées avec des pyrites sulfureuses et arsenicales ; il conseille de commencer par les griller, de les pulvériser ensuite, et d'en mêler une partie contre quinze parties de chaux vive et de terre fusible ou d'argille, arrosée de vingt-cinq parties de lessive tirée de cendres, et d'y joindre quatre parties de vitriol, et autant de sel marin : pour les mines d'argent on mettra de l'alun au lieu du vitriol, et du nitre au lieu de sel marin : on mêlera bien toutes ces matières, et on les laissera quelque temps en digestion ; après quoi on mettra le tout dans un fourneau, l'on donnera pendant vingt-quatre heures un feu de charbons très-violent, au point de faire rougir parfaitement le mélange. Becker pense que par cette opération la mine est fixée, maturée, et même améliorée. Voyez CONCORDANCE CHIMIQUE.