S. m. (Grammaire et Jurisprudence) veherius, ucerius, viguerius seu vicarius, le même officier qu'on appelle ailleurs viguier, et qu'en Dauphiné on appelle véhier. C'était le lieutenant du seigneur, et l'on croit qu'il rendait la justice en son nom.

Il y avait deux sortes de véhiers : les uns ecclésiastiques, les autres laïques.

Le véhier ou vicaire ecclésiastique de Romants était ordinairement un chanoine de l'église de S. Bernard, que l'archevêque de Vienne, abbé de cette église collégiale, nommait à cet office ou bénéfice. Jean XXII. supprima les charges de mitral de Vienne et de viguier de Romants pour les réunir à la mense archiépiscopale.

Le mitral de Vienne et le véhier de Romants avaient les mêmes fonctions ; l'un et l'autre avait droit d'établir un juge dans la ville, qui avait juridiction sur les habitants, ainsi qu'on l'apprend d'une sentence arbitrale de l'an 1274, par laquelle on voit que ce vicaire ou véhier, outre la nomination du juge, avait encore celle de plusieurs autres officiers qui prêtaient tous serment entre ses mains. Quoiqu'il put subroger à ses fonctions de judicature, il lui était libre de les exercer en personne, sur - tout en certaines causes dont il se réservait ordinairement la connaissance, et auxquelles l'archevêque ne pouvait pas commettre un autre juge.

L e véhier laïque était un officier préposé par le seigneur à la recette des deniers provenant de sa justice. Une reconnaissance de 1318 justifie qu'outre le véhier de l'archevêque de Vienne, il y avait à Romants un officier du dauphin, que l'on appelait du même nom. Sa recette était composée des amendes et condamnations de justice, des émoluments du sceau, du tribut qui se levait sur les mariages pour le plat ou mets du seigneur, et autres droits semblables.

La plupart des véheries ayant été inféodées, ont conservé leurs droits ; mais elles ont entièrement perdu leurs fonctions. Dans le temps qu'elles subsistaient, le véhier avait pour sa part le tiers de sa recette, ainsi qu'il en est fait mention dans plusieurs anciens hommages rendus pour ces véheries.

Suivant un rapport fait par les gens des comptes en 1494, il y avait dans Grenoble trois véheries, savoir celle de Gière, de Portetroine et de Clérien ; ces véheries avaient retenu ces noms des premiers seigneurs auxquels elles avaient été inféodées.

Ceux de Portetroine et de Clérien n'avaient chacun proprement qu'une moitié de la véherie épiscopale.

Dans la suite le dauphin acquit les véheries de Gière et de Portetroine : ce qui augmenta beaucoup ses droits.

Les anciens aveux de ces véheries font connaître que ceux qui les tenaient, se reconnaissaient hommes liges du dauphin ou de l'évêque pour celles qui relevaient de ce prélat, et que de chaque véherie dépendait une maison forte destinée pour l'habitation du véhier.

La véherie de Clérien qui est demeurée à des seigneurs particuliers, a conservé pour tout reste des anciens droits qui y étaient attachés, une douzième des langues de bœufs que l'on tue dans la ville.

Les reconnaissances passées pour la véherie de Bernin, font mention d'un droit sur les petits bans, banna minuta. On entendait par-là les peines pécuniaires imposées par les statuts des lieux pour des contraventions, à la différence des condamnations de justice, qui sont les amendes ordinaires prononcées par les sentences des juges. Ce véhier profitait des petits bans quand ils étaient au-dessous de trois sols six deniers ; au-dessus il n'en retirait que le tiers. Il avait aussi le droit de nommer seul un banier pour la garde des champs et des vignes dans le temps des moissons et des vendanges, le tiers du droit de passage dû par les étrangers qui amenaient paitre des bestiaux dans le lieu, le droit de langues de bœufs ; il avait aussi le droit d'étalonner seul les mesures du vin et les autres mesures des blés et moulins conjointement avec le châtelain.

La véherie de Moirene est celle dont on a conservé les plus anciens titres dans les privilèges de ce lieu, qui sont de l'an 1164. Le véhier nommé aymo vicarius est donné par le seigneur pour garant de l'observation des franchises. Cet officier avait une portion des bans et amendes imposés pour certains crimes.

Le véhier de Payrins était tenu de payer au dauphin à chaque mutation de seigneur et de possesseur, une redevance de 35 liv. viennaises et deux draps de toîle d'Allemagne pour le plait ou mutation de la véherie. Voyez les mémoires de Valbonay, Chorier hist. du Dauphiné, et les mots VÉHERIE, VICAIRE, VIGUIER, VIGUERIE. (A)