RÉFORME, (Synonyme) La réformation est l'action de réformer ; la réforme en est l'effet.

Dans le temps de la réformation on travaille à mettre en règle, et l'on cherche les moyens de remédier aux abus. Dans le temps de la réforme, on est réglé, et les abus sont corrigés.

Il arrive quelquefois que la réforme d'une chose dure moins que le temps qu'on a mis à sa réformation. Synon. français. (D.J.)

REFORMATION, s. f. (Théologie) l'acte de réformer ou de corriger une erreur ou un abus introduit dans la religion, la discipline, etc.

C'est à l'Eglise seule qu'appartient le droit de réformation, soit dans les opinions, soit dans les mœurs. Ainsi les conciles de Constance et de Bâle se proposèrent de réformer l'Eglise, tant dans son chef que dans ses membres. C'est par la même autorité que le concîle de Trente a travaillé utilement à la réformation de la discipline.

Réformation est aussi le nom que les Prétendus réformés ou Protestants donnent aux nouveautés qu'ils ont introduites dans la religion, et le prétexte par lequel ils colorent leur séparation d'avec l'Eglise romaine.

La prétendue réformation fut commencée par l'électeur de Saxe, à la sollicitation de Luther, environ le milieu du XVIe siècle. Voyez LUTHERANISME.

Henri VIII. roi d'Angleterre, qui avait écrit contre cet hérésiarque, démentit bientôt ses sentiments par une conduite toute semblable. Sa passion pour Anne de Boulen, lui fit souhaiter de rompre son mariage avec Catherine d'Aragon ; mariage contracté de bonne foi depuis vingt ans, et sur lequel ce prince n'avait pas témoigné jusque-là le moindre scrupule. Le pape Clément VII. n'ayant pas voulu prononcer la sentence de divorce qu'Henri VIII. demandait, celui-ci n'en répudia pas moins sa première femme, se sépara de l'Eglise romaine, abolissant la primauté du pape, et s'attribuant à lui-même le titre de chef suprême de l'église anglicane. Il persécuta les catholiques qui ne voulaient pas reconnaître l'autorité qu'il s'arrogeait à cet égard, fit saisir les monastères et les autres maisons religieuses, réunit leurs terres au domaine de la couronne, ou les divisa aux nobles et aux gentilshommes. Au reste, il ne s'écarta point des dogmes catholiques, et poursuivit dans ses états les Luthériens et les Calvinistes avec la dernière sévérité. Aussi les Anglais pensent-ils que sous son règne la réformation ne fut que commencée ; mais sous celui d'Edouard VI. son successeur, le duc de Sommerset, qui était zwinglien, ayant appelé dans le royaume Pierre Martyr, et Bernardin Ochin, on reprit avec plus de chaleur l'ouvrage de la réformation ; on nia la transubstantiation, la présence réelle ; on abolit la messe et le culte des images, et à l'ancienne liturgie on en substitua une nouvelle toute dans les principes de ces nouveaux réformateurs. Le règne de Marie qui succéda, vit détruire tout cet ouvrage, et rétablir la Religion catholique en Angleterre ; mais il fut trop court pour l'affermir ; et la reine Elisabeth qui vint ensuite, consomma le projet de la réformation.

A-peu-près dans le même temps, Calvin, Zwingle, Bucer, Mélanchton, Carlostad et plusieurs autres, s'érigeaient en réformateurs en France, en Suisse, et en diverses parties de l'Allemagne. La Suède, le Danemark, et les Provinces-Unies, se séparèrent aussi dans le même siècle de l'Eglise romaine.

On a si savamment écrit sur cette matière, que nous ne nous étendrons pas à faire sentir combien peu le nom de réformation convient à ces entreprises sur l'autorité de l'Eglise ; nous nous contenterons d'observer que pour entreprendre un aussi grand ouvrage, il fallait au-moins avoir un caractère : or quel caractère, quelle mission légitime avaient Luther et Calvin, et leurs semblables ? Ils ne tenaient pas leur pouvoir de l'Eglise, ils le tenaient encore moins immédiatement de Dieu. La mission extraordinaire dont leurs défenseurs ont voulu les décorer, n'a été soutenue ni de miracles ni de prophéties, ni d'aucune des autres marques qui ont éclaté dans Moïse et dans Jesus-Christ. Quels abus ont-ils prétendu corriger ? La foi de la présence réelle, de la transubstantiation, du mérite des bonnes œuvres, la prière pour les morts, les jeunes, les vœux monastiques, le célibat des prêtres, etc. Mais il suffit d'ouvrir l'histoire ecclésiastique pour reconnaître qu'on avait cru ou pratiqué toutes ces choses dans l'Eglise dès la première antiquité ; et que s'il ne tient qu'à se parer du prétexte de réformation et du titre de réformateur, chaque particulier Ve bientôt renverser tout ce qu'il y a de plus solidement établi en fait de créance ou de morale. C'est ce que n'ont que trop justifié et leurs propres principes, et l'expérience ; leurs principes, en attribuant à chaque particulier le droit de régler sa foi sur l'intelligence qu'il a des écritures, et par-là même, en n'établissant au milieu d'eux aucune autorité légitime pour décider les questions de foi ; l'expérience, par leurs propres variations, et par cette multitude de sectes sorties depuis deux siècles du Protestantisme.

Quant à la réformation d'Angleterre, outre que le titre de chef suprême de l'église anglicane est une usurpation manifeste de la part d'Henri VIII. il est visible, dit M. Bossuet, que le dessein de ce prince n'a été que de se vanger de la puissance pontificale qui le condamnait, et que sa haine fut la règle de sa foi sur la primauté du pape : aussi n'attenta-t-il rien contre les autres vérités catholiques ; mais les innovations faites sous ses successeurs, portent les mêmes caractères que celles qui ont été faites par Luther et Calvin ; elles ont eu les mêmes suites. Le nom de réformation est donc à leur égard un titre abusif. Voyez l'histoire des variations de M. Bossuet, surtout les liv. VII. et X. et l'ouvrage de M. Nicole, intitulé les Prétendus réformés convaincus de schisme.

REFORMATION, (Jurisprudence) se dit de ce qui est ordonné pour prévenir quelques abus, ou pour les réprimer.

C'est principalement en matière d'eaux et forêts que l'on se sert du terme de réformation. Les grands-maîtres en procédant à leurs visites, peuvent faire toutes sortes de réformations, et juger de tous délits, abus et malversations qu'ils trouveront avoir été commis dans leur département, soit par les officiers ou par les particuliers.

Toutes appelations en matière de réformation d'eaux et forêts, doivent être jugées au siège de la table de marbre par les juges établis pour juger en dernier ressort. Voyez EAUX et FORETS, TABLE DE MARBRE. (A)

REFORMATION des monnaies, (Monnaie) c'est le changement qu'on fait seulement des empreintes des espèces, sans en faire la réfonte. Boissard. (D.J.)