BRISER, CASSER, (Synonyme) ces mots sont quelquefois également bons dans le propre. On dit fort bien, par exemple, briser, casser, rompre un pot, un verre, une porte, etc.

Briser, signifie proprement, rompre en plusieurs pièces ; ainsi quand une chose n'est rompue qu'en deux, on ne dit point qu'elle est brisée, mais qu'elle est rompue, ou cassée.

Briser se dit aussi pour froisser, comme j'ai le corps tout brisé. Rompre est aussi fort bon dans le même sens. On dit au propre, casser la tête à quelqu'un, pour dire, lui casser la tête à coups de mousquet, ou de pistolet.

On dit, rompre un criminel sur la roue.

On dit, en matière de tournois, rompre une lance, rompre la lance ; ils rompirent deux lances, trois lances.

Ces verbes ne s'emploient presque jamais indifféremment au figuré. On dit J. C. a brisé les portes de l'enfer.

Casser se dit pour annuller, invalider ; casser un testament, un contrat, une Sentence, etc. Il se dit aussi pour licencier : casser des troupes, etc. Se casser se dit pour s'affoiblir, il commence bien à se casser.

Rompre est beaucoup plus usité au figuré, que briser et casser ; on dit rompre un bataillon, un escadron, pour signifier l'enfoncer.

On dit également rompre ou briser ses fers, ses chaînes, ses liens, pour se mettre en liberté. On dit rompre avec quelqu'un, pour dire rompre l'amitié qu'on avait ensemble. On dit, dans le même sens, rompre le dessein, les mesures de quelqu'un.

Rompre signifie encore manquer à l'observation de ce à quoi on est obligé, rompre son jeune, ses vœux, son serment. Rompre se dit pour dresser, exercer ; comme rompre un homme aux affaires, rompre la main à l'écriture ; je suis rompu à cela.

On dit, rompre la glace, pour signifier faire les premiers pas dans une affaire, ou surmonter les premières difficultés.

Rompre les chiens, en terme de chasse, c'est les rappeler, pour les empêcher de continuer la chasse.

Rompre le fil d'un discours, c'est quitter tout d'un coup la suite d'un discours, et entrer dans une autre matière.

Rompre les chemins, signifie les gâter ; le dégel et les pluies ont rompu les chemins. (D.J.)

ROMPRE la couche ; les brasseurs entendent par ces mots, remuer les grains dans le germoir, pour empêcher qu'ils ne se pelotent.

ROMPRE la trempe, en terme de brasserie, c'est avec le fouquet mêler le grain bruisiné et l'eau qui sont dans la cuve matière.

ROMPRE, Ve a. (Commerce de vin) c'est l'épreuve que font les marchands et cabaretiers pour connaître la bonne ou mauvaise qualité du vin. Cette épreuve est simple, et consiste à mettre du vin dans un verre, et le laisser pendant quelque temps à l'air et découvert ; s'il ne se rompt pas, c'est-à-dire, s'il ne change point de couleur, il est bon ; et au contraire, si sa couleur s'altère, ce qu'ils nomment se rompre, il n'est pas de garde, et est sujet à se gâter. Savary. (D.J.)

ROMPRE le jet, (terme de Fondeur de caracteres) c'est séparer du corps d'une lettre nouvellement fondue, la portion de matière qui a rempli cette espèce de petit entonnoir qui est au-dedans du moule, et qui porte la fonte jusques sur la matière du caractère. On appelle rompure, et l'endroit par où se rompt la lettre, et l'action de l'ouvrier qui la rompt. (D.J.)

ROMPRE, (Jardinage) on dit un arbre qui rompt de fruits, quand il en est trop chargé, une branche que le vent a rompue. Cet accident peut se prévenir, en réduisant les fruits à moitié dès qu'ils commencent à nouer, pour qu'ils deviennent plus beaux, et en même temps soulagent l'arbre.

ROMPRE la laine, (Lainage) c'est faire le mélange des laines de différentes couleurs que l'on veut employer à la fabrique des draps mêlangés. Ces laines sont teintes et non filées, et le filage ne s'en fait qu'après qu'elles ont été bien rompues, c'est-à-dire bien mêlées, en sorte que le fil de laine dont on doit composer la chaîne et la treme de cette espèce de draps, tiennent également de toutes les couleurs qui sont entrées dans le mélange ; ce qui s'entend néanmoins à proportion du plus ou du moins qu'on y a mis de chacune. Savary. (D.J.)

ROMPRE une planche, (Gravure) ce mot se dit chez les Graveurs et Imprimeurs en taille - douce, pour signifier qu'on ne veut, ou qu'on n'ose plus s'en servir ; ou même qu'elle a été effectivement rompue par autorité des magistrats de police. Les estampes dont les planches sont rompues, augmentent ordinairement de prix par la difficulté d'en trouver. (D.J.)

ROMPRE, terme de Manège. Rompre un cheval à quelque allure, c'est l'y accoutumer. Rompre le col à un cheval, c'est l'obliger quand on est dessus, à plier le col à droite et à gauche, pour le rendre flexible, et qu'il obéisse aisément aux deux mains ; c'est une assez mauvaise leçon qu'on donne à un cheval, lorsqu'on ne gagne pas les épaules en même temps. Rompre l'eau à un cheval, c'est l'empêcher de boire tout d'une haleine lorsqu'il a chaud.

ROMPRE les chiens, c'est les empêcher de suivre.

ROMPRE LES DES, au jeu de Trictrac, signifie porter promptement la main sur les dés après que son adversaire a joué, pour rendre son coup nul.

ROMPRE SON PLEIN, au même jeu, c'est après l'avoir fait, lever une de deux dames qui faisaient une des cases du plein, et être forcé par le dé à la laisser découverte. Une des grandes attentions au trictrac, c'est d'empêcher son adversaire de tenir longtemps, et par conséquent de lui faciliter par la disposition de son propre jeu, le plus de moyens possibles de rompre. Voyez l'article TRICTRAC.